Chapitre 5
Chapitre 5
Peter
J’ouvre les yeux, je suis allongé sur le lit d’Envey dans sa chambre. Je jette un regard à ma montre, 5h30. Angele dort, emmitouflée dans ses couvertures, baignée dans la lumière bleutée que la fenêtre ouverte laisse passer. Je m’assieds sur le rebord du lit, passe mes mains sur mon visage comme pour mieux me réveiller. Je la regarde plus attentivement. Ses cheveux sont bruns foncés, contrastant avec sa peau pâle. Son nez légèrement en trompette me fait penser à celui d’une héroïne –totalement barge– d’un manga dont j’ai oublié le nom, peu importe. Mon regard glisse jusqu’à ses lèvres, plutôt fines, d’un rose tendre. Reprends-toi Pete, si quelqu’un te voyait la mater comme ça tu passerais pour un pervers… Occupe-toi utilement ! On est samedi, elle va sûrement dormir encore longtemps. Une vraie marmotte. Une marmotte en peluche que tu aurais envie de serrer dans tes bras et de cajoler et de… Arrête, tu t’égares de nouveau, bordel ! Faut que tu sortes. Et si je lui apportais son tit dej’ au lit ? Rah non, tu n’es pas désespéré à ce point là… Quoique. Je me prépare en vitesse et surtout en silence, je ne veux pas briser la perfection de son expression en la réveillant. L'incarnation de l'innocence, un vrai ange. Un ange qui s’endort la plupart du temps totalement déchiré. Je souris intérieurement. Une mèche vient de glisser sur son visage, elle fronce les sourcils. Non, ne te réveille pas, ne bouge pas… Elle se retourne et je sors de ma contemplation.
Je me dirige vers le réfectoire, fermé. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Bon, faut que je me change. J’espère qu’Envey et Seb sont pas encore en train de faire des trucs. Je pousse la porte et…
Envey
Aie, mes yeux…trop de lumière…aïe, mon dos…on aurait pas dû le faire comme ça…Allez ‘Vey lève toi, dieu sait l’heure que c’est…J’ouvre les paupières.
- Pete ?!
Je tire le drap sur moi. Il est comme figé devant la porte.
- Pervers !
- Je…euh…je voulais pas.
Mes yeux se portent sur son entrejambe, j’éclate de rire. Il suit mon regard puis court se planquer dans la salle de bain. Je me lève et m’étire avant d’enfiler la chemise de Stian posée sur la chaise. J’entre dans la salle d’eau.
- Besoin d’aide ?
- De toi ?non.
- Tu préfères que j’appelle Sébastian ?
- S’te plait, sors. C’est déjà assez gênant comme ça !
- Moi je trouve ça adorable, tu réagis pour pas grand-chose dis moi ?!
- Sors !
Je rigole, c’est trop mignon comme il est embarrassé.
- D’accord mon petit puceau, je te laisse tranquille.
Je retourne dans la chambre et enfile quelque chose de plus décent. J’attache mes bottes et relève la tête, Pete vient d’entrer.
- Ca va mieux ?
- …Oublie ça ok ?
- T’en fais pas, à qui veux-tu que je le dise ?!
- Hum. Bon, Angie dort aussi, on va faire un tour ?
- Dans le parc ?
- Ouaip.
- Mmh…Pourquoi pas...
Peter
On traverse le hall silencieusement, puis on sort. L’air frais s’engouffre dans mes poumons et me pique un peu les yeux. Un long frisson me parcourt l’échine. Envey allume une clope et on marche côte à côte pendant quelques minutes, toujours sans rien se dire. Et pourtant on s’entend très bien. M’enfin, aucun de nous deux n’est du matin. Je m’éclaire la gorge et le bruit est, comment dire, presque malvenu. Ce qui ne m’empêche pas de continuer.
- Tu as bien dormi ?
Un léger sourire passe sur ses lèvres, elle tire une taffe et me répond :
- Pas suffisamment, et toi ?
- Bah… Pareil…
- Ah ? Angie ?
- On a parlé. Et bu. Et je l’ai regardée dormir.
- Qu'est-ce que t'attends?
- Je…
Je marque une pause. C’est vrai, qu’est-ce qui m’empêche de me lancer ? J’ai rien à perdre, en dehors de ma fierté.
- Elle est à fond sur ton frère si tu l’avais pas remarqué…
- J'en toucherai un mot à mon "frangin" comme tu dis. Maintenant parlons d'autre chose ok?
- Pas de problème…
Envey
On commence à discuter de tout, de tout sauf de ça. C’est qu’on serait presque cocus. On s’entend incroyablement bien. J’allume une deuxième cigarette et l’écoute parler.
- … Et là, le prof de math se lève et sort de la classe en courant ! C’était énorme, on était tous morts de rire.
- Ohlala, ce que j’aimerais être en cours avec vous, nous notre prof est l’exemple même du type frustré et timide, impossible de se foutre de sa gueule sans culpabiliser.
- Tu es à côté d’Angele en cours ?
- Je croyais qu’on évitait tout ce qui touche au sujet ?!
Il baisse la tête. Ce type semble tellement l’aimer, ça me donne encore plus envie de la frapper. Elle peut pas continuer de l’ignorer comme ça…
- Désolé.
- Je ne m’assieds pas à côté d’elle et ne pense pas le faire un jour.
- Pourquoi ?
- On est pas faites pour s’entendre, j’aime pas cette fille, quelque chose me dérange dans sa manière d’agir.
- Mais Angie est une personne géniale !
Je tire une longue latte et regarde la fumée s’échapper doucement de ma bouche pour mourir dans le ciel avant de me tourner vers lui et de lui sourire tristement.
- Je veux bien que tu l'aimes, mais tout de même, ne l'idéalise pas trop, ça te fera mal de déchanter
Peter
L’idéaliser ?! Moi ?! N’importe quoi !!! On n’idéalise pas la perfection incarnée !
- Tu sais, on dit toujours que la jalou…
Elle me fait taire du regard. Plus glacé tu meurs. Elle devait être un tueur en série dans une autre vie. John Wayne Gacy Jr. en fille. Et canon. J’ajoute rapidement :
- Parlons d’autre chose !
- C’est pas comme si c’était la troisième fois qu’on prenait cette décision.
- Désolé…
- Pas ta faute… Dans le genre psycho qui a oublié de prendre ses médocs : notre prof de français. Elle est… désespérée. La dernière fois elle nous a montré comment faire un nœud coulant en nous disant que ce serait sûrement la chose la plus utile qu’elle nous apprendrait !
J’éclate de rire.
- J’aurais adoré voir ça ! Nous notre prof de français est sûrement le seul à peu près normal.
Envey
- Impossible ! On ne peut pas enseigner ici et avoir une vie sociale qui ne soit pas désastreuse, une professionnelle qui ne soit pas ratée ou encore avoir des rêves !
On est tous les deux morts de rire. Il est trop mignon quand il se marre. Ow, ma vue se trouble, je n’ai pas pris mon médicament ce matin. Je lui montre un arbre.
- On se pose un moment s’il te plaît ?
- Quelque chose ne va pas ?
- Je, euh…
Oulah, je me retiens de justesse à un arbre. Pete se précipite et me soutient par les épaules.
- Qu’est-ce qu’il t’arrive ?!
Peter
Mon cœur bat la chamade, elle sourit de me voir m’inquiéter mais ne me répond pas. Je l’aide à s’asseoir et lui demande :
- Insuline ?
Elle hoche la tête. Je suis totalement pris de court. Elle est blême.
- Qu’est-ce que je peux faire ?
- Rien… Je… Owww…
Elle se prend le visage dans les mains.
- Faut que tu ailles prendre tes médocs…
- Oublie, pas la force de marcher…
- Qui a parlé de marcher ?
Je passe une main dans son dos et l’autre sous ses jambes. Elle place ses bras autour de mon cou et pose sa tête contre mon torse. Wow, je m’impressionne, j’ai plus de forces que je ne le pensais ! Ou alors c’est elle qui est vraiment légère. Comme l’infirmerie est plus proche, je l’amène directement là-bas. Je suis « accueilli » par mademoiselle « je-brise-tous-les-fantasmes » et son éternel regard hargneux. Elle n’aurait pas détoné dans le Jerry Springer Show.
- Quoi ENCORE ?
Wouah ! Je suis sûr qu’elle serait du genre à me péter elle-même les jambes juste pour pouvoir dire que les jeunes ne sont que des sales imprudents. Je lui explique rapidement la situation et elle lui fait une injection. Elle nous laisse seuls.
- Parle pas de ça à Stian… Il flipperait.
Je lève un sourcil perplexe mais accepte.
- D’accord… Mais toi de ton côté, essaie d’éviter de faire un autre malaise en ma présence.
Elle sourit.
- Pas de problème… T’as bien flippé toi !
- Hey ! Attends ! T’aurais vu ta tronche t’aurais réagi mille fois pire !
- Tu ne devrais pas te moquer d’une malade ! Bon, on va déjeuner ?
Elle saute à terre.
- Mais, l’infirmière a pas dit qu’on devait rester là ?
- Et alors ?
Sébastian
- hmmm…
J’émerge. Seul ?!Mais où est encore passée Envey? Je me lève et m’étire. Il doit bien être déjà 10h30–11h, mais j’ai pas assez dormi. Bon faut que je prenne une douche ça va me secouer un peu. J’entre dans la salle de bain après avoir chopé sur la commode la dernière bouteille de whisky qu’il me reste. J’aurai dû en acheter plus…Je la pose sur le rebord de l’évier et me glisse sous l’eau tiède. Je laisse celle-ci couler sur mon visage et mon corps un petit moment, avant de m’emparer de l’alcool. J’en descends trop, et surtout, trop vite. Je repose la bouteille pour ne pas être tenté d’en boire plus. Je sors de la douche, enfile une serviette et vais dans ma chambre…
Angie
Cet enfoiré de soleil me réveille, oublié de fermer les volets. Je constate que le lit de Vey est vide, Peter a dû se réveiller y a un moment, il est plutôt matinal. Après un coup d’œil au réveil, je réalise que c’est tout sauf mon cas. 11h. Et merde. Allez, lève-toi. Je reste comme scotchée au pieu. Bouge ton absence de graisse. DEBOUT SALE LOQUE ! Ayé, après des efforts pas croyables je suis debout. Argh, tête qui touuuuurne, où est-ce la pièce ? Trop bu hier, beaucoup trop. Me restait une bouteille de sky et j’ai pas été très généreuse avec Panpan. Pas encore totalement dessaoulé. Je me dirige vers la salle de bain et me plante devant le miroir. Mes cheveux c’est l’horreur, ne parlons même pas de ma face : je suis dévastée. Eurêka ! Voilà pourquoi Pete s’est barré : il a pris peur ! Je me sens vaciller et me rattrape aux rebords de l’évier. Je mets en route la douche, enlève mes fringues et me place sous l’eau. AAAAAAAAAAH !!! TROP CHAUD ! Je gicle hors de la cabine et manque de m’étaler, et oui ces putain de catelles glissent lorsqu’elles sont mouillées. Bon, là je suis bien réveillée.
Je pense à allumer l’eau froide et, après un nouvel essai, peux enfin me laver sans que ma peau ne se décolle par la suite. Je sors, me sèche, m’habille, me maquille, bref passons. Allez, faut que je passe remercier Pete de m’avoir tenu compagnie hier soir. Et aussi de m’avoir apporté des bonbons ! Il est adorable. Je frappe à la porte, personne répond. J’essaie de l’ouvrir et comme elle n’oppose aucune résistance j’entre. Je tombe nez à nez avec…
- Sébastian ?!
Oh non pas lui. J’ai toujours pas digéré le fait qu’il se foute de ma gueule. En une soirée j’aurais eu du mal remarque. Ohlala, je m’étais concentrée sur son visage et je me rends compte qu’il est torse nu ! Et qu’il ne porte qu’une serviette autour de la taille… Wow… Je…
- Salut.
Mon dieu, il est trop craquant dans cette tenue ! Je… Non ma fille ! Il se paie ta tête, joue-la froide.
- Pete est ici ?
- Non. Il devait pas passer la nuit avec toi ?
- Si mais… Laisse foutre.
Wouah, j’ai été très sèche là… Est-ce qu’il l’a remarqué ? J’espère. Connard !
- Qu’est-ce qu’il y a ?
Ah ben j’ai ma réponse.
- Comme si tu l’ignorais…
Muhaha, je suis trop forte ! Oh non, il s’approche de moi ! Vade retro satanas ! Garde ta serv… Il me relève le menton. Il me touche. Aaaah, mon cœur s’emballe !!!
- Qu'ai-je bien pu te faire pour que tu soies si glaciale ?
Argh, ça me tue mais je brise le contact en le repoussant.
- Ce que tu as fais ?! Tu me dragues alors que tu n’en as rien à foutre de moi !
Et pan dans les dents !
- Rien a foutre de toi? Hoho je vois, ça ne te gênait pourtant pas que j'aie une copine avant, peux-tu me dire ce qui t'a fait changer d'avis?
Et vlan, dans mon cœur.
- J'ai simplement réalisé que tu l'aimais et que j'avais aucune chance ! Et que ça servait à rien de me faire du mal, qu'il valait mieux que je trouve un type qui s'intéresse réellement à moi !
Il sourit et réduit l’espace qui nous sépare à… quelques centimètres. Il se penche et me murmure à l’oreille.
- Mais je m’intéresse à toi…
Mes joues rosissent. Arrête, c’est un baratineur, tu mérites mieux… Je pose mes mains contre son torse, il plonge ses yeux dans les miens et… Je l’envoie valser de toute mes forces. Il recule d’environ, hmm, 30 bons centimètres ? PETITE IDIOTE ! Pourquoi, pourquoi j’ai fais ça ?! Moi ? Mériter mieux ?! Jamais entendu pareille connerie depuis l’affaire O.J. Simpson !
- Arrête de jouer. Je suis pas là pour ça.
- Mais t'es là pourquoi alors? Pour dire un simple "merci" au type qui t'aime comme pas permis et que tu ne daignes même pas remarquer? Merde! Pete se ferait tuer pour toi et tu veux me faire croire que tu t'en es pas rendue compte?! Je suis pas le seul dans cette pièce qui aime jouer on dirait!
Mon cœur loupe un battement.
- Je... Arrête, je suis simplement sa meilleure amie, rien de plus...
- Mais bien sûr Angele… Tu crois pas qu’il serait temps d’arrêter de se voiler la face ?
Sébastian
Après deux putain d’heures de gym je suis mort, je peux plus en avant. Je ne sais même pas si c’est la gym ou juste le malaise qu’il y a entre moi et Angie, mais je ne me sens pas bien. Je suis là, à moitié étalé sur mon banc,la tete sur mes avant-bras croisés et j’attends le début du cours de bonnes manières. Envey se laisse glisser sur le siège à côté de moi et me regarde, espiègle.
- Tu crois que madame « jesuismieuxélevéequetoutlemonde » sera rancunière envers toi ?
Le visage toujours enfoui je lâche un « pourquoi elle le serait ? » à peine audible
- Parce que tu t’es foutu de sa tronche à chaque fois.
Pete se lance sur la chaise devant notre banc.
- Sébastian, se payer la tête de quelqu’un ? Nooooooon.
Je me redresse et dévisage Peter. Je reste impassible mais n’en pense pas moins, son expression devient interrogative. Envey nous regarde et soupire avant d’ouvrir la bouche pour répondre mais elle en est empêchée par un claquement de talons. La prof se tient devant la porte et observe, les yeux plissés, la classe. Elle tape frénétiquement du pied pour montrer son impatience. Tout le monde se lève, enfin, presque tout le monde. Moi je me balance sur ma chaise et retiens Envey par le poignet. La prof, elle, le remarque immédiatement.
- Pourquoi ne vous êtes vous point levé ?!
Les autres se rassoient et se retournent pour mieux nous voir.
- Cela vous gêne-t-il ?
- Bien entendu! c’est d’une grossièreté ! Surtout dans un cours comme le mien !
- Je ne crois pas que montrer son impatience soit très poli non plus, et vous avez toujours ce problème de crier sur les gens, vous pourriez faire un effort.
Je hoche la tête de droite à gauche, faisant semblant d’être déçu par son attitude.
- Monsieur Owenn! Cessez de vous faire remarquer à chacun de mes cours! Il vaudrait mieux pour vous que ça ne devienne pas une habitude!
- Oui oui mlle…
- Madame !
- Wow! C’est pas de chance pour monsieur.
- Mais !
Elle bredouille, vire au rouge, moi je me penche vers Envey et lui murmure.
- Je peux te taper d’une Barclay, mon coeur ?
- Hein ?!Maintenant?
- Oui.
Elle cherche dans mes yeux une explication. Je veux juste sortir de cette classe, aller faire un tour, il fait beau. J’avoue c’est pas le meilleur moyen, mais c’est le plus drôle. Je prends la cigarette et l’allume. Je crois que jamais je n’oublierai l’expression qui se peint à présent sur l’immonde face de l’enseignante. Etonnée, enragée, vexée, elle me fait penser à une bouilloire qui va exploser. Elle montre du doigt la porte et bégaye quelques mots incompréhensibles. Je tire de longues lates et me lève. Je m’empare de mon sac que je jette sur mon épaule et m’arrête à quelques centimètres d’elle. Je lui souffle à la figure la fumée avant de lui dire.
- Oui oui je sais, « Allez immédiatement dans le bureau de la directrice.»
On dirait qu’elle va voler en éclat, rouge comme pas permis, elle tremble de colère. Je lui souris et, tirant une dernière taffe, me dirige vers la porte. J’écrase la cigarette sur l’encadrement de celle-ci et sors. Je fais un crochet par ma chambre. Quelques gorgées de whisky, j’embarque des feuilles à rouler et du tabac et me rend chez la dirlo tout m’en roulant une.
- Oui, entrez seulement.
Je pousse la porte.
- Bonjour, une prof m’a foutu dehors du cours et dit que je devais venir ici.
- Bonjour, qu’avez-vous fait ?
Je m‘assieds en tailleur dans le grand fauteuil en face du bureau.
- Rien de spécial, c’est son divorce qui doit la préoccuper, alors elle se défoule sur moi.
- Ne parlez pas de la sorte d'une pr...
"T'as un mail, salope mal baisée"
- Oh non, ma soeur a encore changé le bruit qui me prévenait de l'arrivée d'un nouveau message ! Excusez-moi quelques instants.
- …Mais faites donc…Personnellement j’aime bien votre sonnerie.
Je lui fais un grand sourire. Elle se met à tapoter sur son ordi, concentrée. J’en profite pour m’allumer la clope roulée sur le chemin. J’ai à peine le temps de tirer deux lates qu’elle lève les yeux.
- Hep ! Tu n'allumes pas ça dans mon bureau... Oh, c'est justement madame Ostroff qui m'écrit...
Elle lit rapidement le mail.
- Fumer en classe ?! Insulter une enseignante ?! Dégrader du matériel scolaire ?! Que voulez-vous que je...
- Je n’ai bousillé aucun matériel scolaire !
- Eteinds ta clope maintenant! Ce que tu as fait est super grave.
Je tire une dernière taffe et faisant tourner la cigarette entre mes doigts, la retourne contre ma paume pour l’éteindre.
- J’ai rien fait de si horrible, elle ne supporte juste pas qu’on lui fasse remarquer les fautes qu’elle commet pendant ses cours.
- Tu sais, tu aurais pu utiliser le cendrier.
Elle fait un signe de tête en direction de l’objet sur le bureau.
- Quand on connaît aussi bien que moi le bruit que fait une ceinture en heurtant le dos d'une personne qui n'a rien fait, croyez moi, c'est pas une brûlure de clope qui est douloureuse
- Tu te faisais frapper ?
- Faisais ? Hum.
Je détourne les yeux et fixe le tapis sur ma gauche. Sébastian il faudrait que tu cesses de répondre avant d’avoir réfléchi. Sa sœur est sous secret professionnel mais elle, ça m’étonnerait.
- …On pourrait parler de ma punition ?
- Si tu veux. Le problème est que je ne sais pas ce que je pourrais t'infliger. A mon avis les coups de fouet ne te feront rien.
Elle éclate de rire. Tournant la tête, j’attrape son regard. Je lui fracasserais bien la tronche sur son bureau à l’aide de sa saloperie de cendrier. Elle a l’air de comprendre le message et se reprend.
- Heum. Oui donc, j'y réfléchirais et je te ferais venir. En attendant va voir la psy, je crois que tu as besoin de parler.
- Non, quand je m'adresse à votre soeur c'est pour elle pas pour moi
- Elle est si désespérée ? Remarque ça ne m’étonne pas. Bon, tu peux sortir. Et va lui parler.
- J’adore discuter avec elle, elle m’a dit que la dernière fois que vous vous étiez faite sauter commençait à dater. C’est vrai je suppose…
- En psychologie je crois qu'on appelle ça un transfert. Notre entretien est clos.
Je me lève et me barre. Et si j’allais faire un petit tour dans le parc ?
Envey
L’intercours, enfin. Je me demande quelle peut bien être la punition qu’aura Sébastian…Il faut que je le choppe à la fin des cours et qu’il m’explique ce qui lui a pris. Je me dirige vers les toilettes et une fois devant le lavabo, bois à grandes gorgées l’eau qui s’écoule du robinet. Soudain je sens quelqu’un se coller à moi et mettre ses mains sur mes hanches. Je relève brusquement la tête et vois le reflet de Stian qui me sourit.
- Je t’ai fait peur ?
- Non tu crois ?
Passant les mains sous mon t-shirt, il me serre contre lui. On se regarde dans le mirroir.
- Qu’est-ce qui t’a pris tout à l’heure ?
- Bah…pas grand-chose, sûrement rien qu’un mauvais jour.
- Moi qui pensais que ta crise d’ado était finie.
Il me mord gentiment l’oreille.
- Emmerdeuse.
- Emmerdeur.
Cette fois c’est à moi de sourire au miroir. Bon, il faut que je lui demande.
- Dis, c’est à cause d’elle ?
- Je ne sais pas trop…on est un peu en froid…
Il m’embrasse dans le cou.
- Et pourquoi ?
Tout en continuant il me murmure.
- Elle dit que je joue avec elle, je lui ai répondu qu’elle faisait pareil avec Pete.
- Wow, il risque pas d’apprécier que tu lui ai dit ça.
Je ne vois pas son expression, il hausse juste les épaules.
- Ca peut que l’aider, ce type fait du sur place, il reste planté devant elle comme un con à fantasmer. Tenter de le faire bouger un peu ça peut pas lui faire de mal.
- Toujours obligé de te mêler de la vie des gens hein ?
Mes paupières se ferment alors qu’il poursuit ses câlins.
- De ceux qui ont de l’importance, oui.
- De moi pas…
Il relève brusquement la tête, j’ouvre les yeux. Il me fixe comme un enfant qu’on aurait grondé avant de me sourire et de me murmurer du coin des lèvres :
- Mais toi c’est différent, tu es ma vie.
- Et Angele c’est quoi ?
- Une fille, rien qu’une jolie petite fillette désenchantée à qui il faut redonner le sourire. Elle semble ne plus rien attendre de l’avenir, je veux que ça change.
Sans briser l’étreinte je fais volte-face et l’embrasse.
- D’accord, transforme son futur comme tu peux. Tant qu’il n’attente pas au notre…
Il me caresse la joue.
- On va se balader ?
- Mais euh, moi j’ai cours.
- Allez, sèche avec moi.
Il se penche et commence à jouer avec le lobe de mon oreille. Lui, quand il veut quelque chose…
- Mmh…
- Alors ?
- Ok, ok on y va.
Sébastian
Je la tiens serrée contre moi et l’écoute respirer, allongé sur le billard. Notre balade s’est un peu écourtée…
- Et si quelqu’un nous voyait ?!
- Aucune chance, ils sont tous en cours…
- Y a aucun surveillant ?!
- Aucun. Même le soir, pas de risque que tu te fasses chopper quand tu viens dans ma chambre. J’ai entendu parler la dirlo de réduction budgétaire avec le prof de math, ils disent qu’il y a des surveillants, mais c’est du vent, ils ne veulent pas payer des gens à rien foutre...
- Wow…bon on va pas s’en plaindre…
Elle attrape mes lèvres, sa langue rencontre la mienne. Je la renverse et me place sur elle. Je descends et embrasse son ventre.
- Stian attends !
Je me redresse et la dévisage.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- T’as vu l’heure ? Les cours vont finir d’une minute à l’autre, on a pas le temps de faire l’amour encore une fois.
Je jette un coup d’œil à l’horloge fixée au mur.
- Ouais, t’as raison…
Je me recule et la laisse descendre de la table à contrecoeur. Elle s’habille rapidement et me balance mes fringues.
- Plus jamais je ne regarderai Pete jouer au billard de la même façon.
J’éclate de rire et pose à mon tour les pieds à terre.
- Tant que tu fantasmes pas sur lui…
- Ho Ho, comme si c’était pas déjà le cas !
Elle me tire la langue. Le haut-parleur m’empêche de lui répondre.
« Ding Dong ding doung »
- Ici la directrice de cet établissement, Monsieur et mademoiselle Owenn sont priés de venir dans mon bureau immédiatement. Oh, et espèce d'énergumène venue au monde avant moi, la perfection, si tu m'écoutes. Je me suis tapée ton ex-fiancé. Une chance que tu aies décelé un parfum délicieux et par extension qui ne t'appartenait pas sur lui ! D'ailleurs il m'a dit que contrairement à toi j'étais un super coup !
Envey fait des yeux ronds.
- T’inquiètes pas, elle va pas nous manger.
Je finis rapidement de m’habiller et allume une clope avant de la prendre par la main et de partir en direction du bureau. Je frappe.
- Entrez
- Bonjour vous nous avez demandé ?
- Oui. Pas besoin de venir vous asseoir, je n'en aurais pas pour longtemps. Des enseignants m'ont appris que vous aviez séché cet après midi. Aussi vous serez en retenue toute la journée de dimanche prochain. Et en ce qui vous concerne, Sébastian. J'ai pris ma décision, vous n'irez pas à la prochaine sortie. Et éteignez immédiatement cette cigarette, il y a des lieux réservés aux fumeurs et le seuil de mon bureau n'en fait pas partie.
- Je vous avais dit que je n'irais pas voir la psy...et pour ce qui concerne ma soeur, elle ne se sentait pas bien. C'est aussi interdit d'être malade dans votre règlement?!
Je pensais écraser ma clope contre ma paume comme habituellement mais mes yeux s’arrêtent sur le sol. Tiens, joli tapis. Je la jette dessus et l’écrase.
- Les malades vont à l'infirmerie pendant les heures de cours. Ce n'était pas votre cas, j'ai demandé à l'infirmière Houmpaloumpa et elle n'a eu personne de toute la journée. Ecoutez, mon établissement n'est pas si laxiste que vous le croyez. Pour ce qui est de votre séance chez la psy, sachez que JE décide ce que vous devez faire et que VOUS m'obéissez. Toutefois votre punition n'est pas en rapport avec le fait que vous ne soyez pas allé la voir, mais avec votre comportement en cours de bonnes manières.
Merde, je sais plus quoi répondre. Envey le fait à ma place.
- Demandez à l’infirmière, samedi matin je suis allée à l’infirmerie à cause d’un problème. J’ai de nouveau eu une crise pendant un des cours, je n’ai pas jugé utile d’encore la déranger alors qu’une injection et un peu de repos suffisaient.
Je me retourne brusquement vers elle.
- Hein ?!T’as fait une crise samedi ?!
- …oui.
- Et tu n’as pas jugé utile de me le dire ?!
- Pourquoi faire ?! Pour que tu râles encore parce que je ne prends pas ce putain de traitement à la minute près ?! T’es saoulant !
- Mais…
- Stian je crois pas que ce soit le moment !
La directrice nous interrompt et s’adresse à Vey.
- Bon, d'accord, mais je vous préviens, la prochaine fois vous allez à l'infirmerie sinon vous pouvez être sûre que vous serez collée. Vous pouvez y aller maintenant. Sébastian, rendez-vous dimanche à 7h.
Je vais rétorquer mais Envey m’entraîne hors du bureau.
- Arrêtons de jouer avec elle, ça ne m’amuse plus.
Angele
J’attends que le cours commence et alors que mes yeux balaient la salle, je remarque qu’Envey n’est pas là. Peu importe. La cloche sonne et le prof de math entre dans la salle. C’est pas possible, il a dû préparer son entrée pour être à ce point synchro. Il s’éclaircit la gorge, malgré cela le vacarme continue et c’est d’une toute petite voix qu’il lance :
- Si vous pouviez vous taire je…
Mais une boulette de papier l’empêche de continuer sa phrase, faisant tomber ses lunettes. Il les ramasse et les essuie distraitement avec sa cravate.
- Chers élèves… Il a sonné…
Personne ne lui prête la moindre attention. Exaspéré, l’intello de service se lève et crie de toutes ses forces :
- FERMEZ LA !
Monsieur Bullit rougit et tripote nerveusement un bouton de sa chemise alors que tous les élèves le dévisagent.
- Merci Adrien…
Tiens, le premier de classe a un prénom. Étonnant, je l’aurais plutôt imaginé avec un matricule, genre THX1138. Bon, j’arrête les films de George Lucas. Mister Timide continue de son ton fluet :
- Si ça ne vous dérange pas j’adorerais que… arrêtez de tous me regarder !!! J’ai quelque chose qui va pas ? Pourquoi vous me fixez ?
Quelqu’un au fond de la salle répond un truc genre « parce que vous êtes le prof » et Bullit est à deux doigts de chialer.
- Désolé… Oui donc, vos livres à la page 45…
On s’exécute et je réalise avec horreur que la page est couverte d’horribles signes plus communément appelés « chiffres » et « racines carrées ». Ewwwww !
- Faites les exercices 112 à 118… Enfin, sauf si il y a une autre branche que vous devez travailler ! Je ne veux pas que vous ratiez votre vie et que vous me le reprochiez… Mon fils le fait déjà suffisamment.
Encore une fois, il a l’air au bord des larmes. Pauvre chou. Je sors un manga de mon sac et commence à le lire. Après tout il a dit qu’on pouvait faire autre chose. Au bout d’une trentaine de pages, on entend une version monophonique de la Lettre à Elise de Beethoven et le prof sort son portable de la poche arrière de son pantalon.
- Allo ? En cours. Non, je ne… Quoi ?! Oh mon Dieu ! Je… Oui. Tout de suite.
Il raccroche et nous lance un regard catastrophé.
- Ma… Ma mère est morte.
Oh non… Il remet ça ! Il laisse tomber son portable puis le ramasse et sort de la classe en courant. 3…2…1… Il est de retour, prend son sac, retire la craie qu’il avait mise derrière son oreille –à la manière d’une clope– et la pose sur le rebord du tableau. Il nous laisse seuls après un magistral :
- Je dois aller m’en occuper !
Bouleversant. Si c’était pas la quatrième fois qu’il nous faisait le coup depuis le début de l’année, ça aurait pu me surprendre.
Peter
J’ouvre les yeux, je suis allongé sur le lit d’Envey dans sa chambre. Je jette un regard à ma montre, 5h30. Angele dort, emmitouflée dans ses couvertures, baignée dans la lumière bleutée que la fenêtre ouverte laisse passer. Je m’assieds sur le rebord du lit, passe mes mains sur mon visage comme pour mieux me réveiller. Je la regarde plus attentivement. Ses cheveux sont bruns foncés, contrastant avec sa peau pâle. Son nez légèrement en trompette me fait penser à celui d’une héroïne –totalement barge– d’un manga dont j’ai oublié le nom, peu importe. Mon regard glisse jusqu’à ses lèvres, plutôt fines, d’un rose tendre. Reprends-toi Pete, si quelqu’un te voyait la mater comme ça tu passerais pour un pervers… Occupe-toi utilement ! On est samedi, elle va sûrement dormir encore longtemps. Une vraie marmotte. Une marmotte en peluche que tu aurais envie de serrer dans tes bras et de cajoler et de… Arrête, tu t’égares de nouveau, bordel ! Faut que tu sortes. Et si je lui apportais son tit dej’ au lit ? Rah non, tu n’es pas désespéré à ce point là… Quoique. Je me prépare en vitesse et surtout en silence, je ne veux pas briser la perfection de son expression en la réveillant. L'incarnation de l'innocence, un vrai ange. Un ange qui s’endort la plupart du temps totalement déchiré. Je souris intérieurement. Une mèche vient de glisser sur son visage, elle fronce les sourcils. Non, ne te réveille pas, ne bouge pas… Elle se retourne et je sors de ma contemplation.
Je me dirige vers le réfectoire, fermé. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Bon, faut que je me change. J’espère qu’Envey et Seb sont pas encore en train de faire des trucs. Je pousse la porte et…
Envey
Aie, mes yeux…trop de lumière…aïe, mon dos…on aurait pas dû le faire comme ça…Allez ‘Vey lève toi, dieu sait l’heure que c’est…J’ouvre les paupières.
- Pete ?!
Je tire le drap sur moi. Il est comme figé devant la porte.
- Pervers !
- Je…euh…je voulais pas.
Mes yeux se portent sur son entrejambe, j’éclate de rire. Il suit mon regard puis court se planquer dans la salle de bain. Je me lève et m’étire avant d’enfiler la chemise de Stian posée sur la chaise. J’entre dans la salle d’eau.
- Besoin d’aide ?
- De toi ?non.
- Tu préfères que j’appelle Sébastian ?
- S’te plait, sors. C’est déjà assez gênant comme ça !
- Moi je trouve ça adorable, tu réagis pour pas grand-chose dis moi ?!
- Sors !
Je rigole, c’est trop mignon comme il est embarrassé.
- D’accord mon petit puceau, je te laisse tranquille.
Je retourne dans la chambre et enfile quelque chose de plus décent. J’attache mes bottes et relève la tête, Pete vient d’entrer.
- Ca va mieux ?
- …Oublie ça ok ?
- T’en fais pas, à qui veux-tu que je le dise ?!
- Hum. Bon, Angie dort aussi, on va faire un tour ?
- Dans le parc ?
- Ouaip.
- Mmh…Pourquoi pas...
Peter
On traverse le hall silencieusement, puis on sort. L’air frais s’engouffre dans mes poumons et me pique un peu les yeux. Un long frisson me parcourt l’échine. Envey allume une clope et on marche côte à côte pendant quelques minutes, toujours sans rien se dire. Et pourtant on s’entend très bien. M’enfin, aucun de nous deux n’est du matin. Je m’éclaire la gorge et le bruit est, comment dire, presque malvenu. Ce qui ne m’empêche pas de continuer.
- Tu as bien dormi ?
Un léger sourire passe sur ses lèvres, elle tire une taffe et me répond :
- Pas suffisamment, et toi ?
- Bah… Pareil…
- Ah ? Angie ?
- On a parlé. Et bu. Et je l’ai regardée dormir.
- Qu'est-ce que t'attends?
- Je…
Je marque une pause. C’est vrai, qu’est-ce qui m’empêche de me lancer ? J’ai rien à perdre, en dehors de ma fierté.
- Elle est à fond sur ton frère si tu l’avais pas remarqué…
- J'en toucherai un mot à mon "frangin" comme tu dis. Maintenant parlons d'autre chose ok?
- Pas de problème…
Envey
On commence à discuter de tout, de tout sauf de ça. C’est qu’on serait presque cocus. On s’entend incroyablement bien. J’allume une deuxième cigarette et l’écoute parler.
- … Et là, le prof de math se lève et sort de la classe en courant ! C’était énorme, on était tous morts de rire.
- Ohlala, ce que j’aimerais être en cours avec vous, nous notre prof est l’exemple même du type frustré et timide, impossible de se foutre de sa gueule sans culpabiliser.
- Tu es à côté d’Angele en cours ?
- Je croyais qu’on évitait tout ce qui touche au sujet ?!
Il baisse la tête. Ce type semble tellement l’aimer, ça me donne encore plus envie de la frapper. Elle peut pas continuer de l’ignorer comme ça…
- Désolé.
- Je ne m’assieds pas à côté d’elle et ne pense pas le faire un jour.
- Pourquoi ?
- On est pas faites pour s’entendre, j’aime pas cette fille, quelque chose me dérange dans sa manière d’agir.
- Mais Angie est une personne géniale !
Je tire une longue latte et regarde la fumée s’échapper doucement de ma bouche pour mourir dans le ciel avant de me tourner vers lui et de lui sourire tristement.
- Je veux bien que tu l'aimes, mais tout de même, ne l'idéalise pas trop, ça te fera mal de déchanter
Peter
L’idéaliser ?! Moi ?! N’importe quoi !!! On n’idéalise pas la perfection incarnée !
- Tu sais, on dit toujours que la jalou…
Elle me fait taire du regard. Plus glacé tu meurs. Elle devait être un tueur en série dans une autre vie. John Wayne Gacy Jr. en fille. Et canon. J’ajoute rapidement :
- Parlons d’autre chose !
- C’est pas comme si c’était la troisième fois qu’on prenait cette décision.
- Désolé…
- Pas ta faute… Dans le genre psycho qui a oublié de prendre ses médocs : notre prof de français. Elle est… désespérée. La dernière fois elle nous a montré comment faire un nœud coulant en nous disant que ce serait sûrement la chose la plus utile qu’elle nous apprendrait !
J’éclate de rire.
- J’aurais adoré voir ça ! Nous notre prof de français est sûrement le seul à peu près normal.
Envey
- Impossible ! On ne peut pas enseigner ici et avoir une vie sociale qui ne soit pas désastreuse, une professionnelle qui ne soit pas ratée ou encore avoir des rêves !
On est tous les deux morts de rire. Il est trop mignon quand il se marre. Ow, ma vue se trouble, je n’ai pas pris mon médicament ce matin. Je lui montre un arbre.
- On se pose un moment s’il te plaît ?
- Quelque chose ne va pas ?
- Je, euh…
Oulah, je me retiens de justesse à un arbre. Pete se précipite et me soutient par les épaules.
- Qu’est-ce qu’il t’arrive ?!
Peter
Mon cœur bat la chamade, elle sourit de me voir m’inquiéter mais ne me répond pas. Je l’aide à s’asseoir et lui demande :
- Insuline ?
Elle hoche la tête. Je suis totalement pris de court. Elle est blême.
- Qu’est-ce que je peux faire ?
- Rien… Je… Owww…
Elle se prend le visage dans les mains.
- Faut que tu ailles prendre tes médocs…
- Oublie, pas la force de marcher…
- Qui a parlé de marcher ?
Je passe une main dans son dos et l’autre sous ses jambes. Elle place ses bras autour de mon cou et pose sa tête contre mon torse. Wow, je m’impressionne, j’ai plus de forces que je ne le pensais ! Ou alors c’est elle qui est vraiment légère. Comme l’infirmerie est plus proche, je l’amène directement là-bas. Je suis « accueilli » par mademoiselle « je-brise-tous-les-fantasmes » et son éternel regard hargneux. Elle n’aurait pas détoné dans le Jerry Springer Show.
- Quoi ENCORE ?
Wouah ! Je suis sûr qu’elle serait du genre à me péter elle-même les jambes juste pour pouvoir dire que les jeunes ne sont que des sales imprudents. Je lui explique rapidement la situation et elle lui fait une injection. Elle nous laisse seuls.
- Parle pas de ça à Stian… Il flipperait.
Je lève un sourcil perplexe mais accepte.
- D’accord… Mais toi de ton côté, essaie d’éviter de faire un autre malaise en ma présence.
Elle sourit.
- Pas de problème… T’as bien flippé toi !
- Hey ! Attends ! T’aurais vu ta tronche t’aurais réagi mille fois pire !
- Tu ne devrais pas te moquer d’une malade ! Bon, on va déjeuner ?
Elle saute à terre.
- Mais, l’infirmière a pas dit qu’on devait rester là ?
- Et alors ?
Sébastian
- hmmm…
J’émerge. Seul ?!Mais où est encore passée Envey? Je me lève et m’étire. Il doit bien être déjà 10h30–11h, mais j’ai pas assez dormi. Bon faut que je prenne une douche ça va me secouer un peu. J’entre dans la salle de bain après avoir chopé sur la commode la dernière bouteille de whisky qu’il me reste. J’aurai dû en acheter plus…Je la pose sur le rebord de l’évier et me glisse sous l’eau tiède. Je laisse celle-ci couler sur mon visage et mon corps un petit moment, avant de m’emparer de l’alcool. J’en descends trop, et surtout, trop vite. Je repose la bouteille pour ne pas être tenté d’en boire plus. Je sors de la douche, enfile une serviette et vais dans ma chambre…
Angie
Cet enfoiré de soleil me réveille, oublié de fermer les volets. Je constate que le lit de Vey est vide, Peter a dû se réveiller y a un moment, il est plutôt matinal. Après un coup d’œil au réveil, je réalise que c’est tout sauf mon cas. 11h. Et merde. Allez, lève-toi. Je reste comme scotchée au pieu. Bouge ton absence de graisse. DEBOUT SALE LOQUE ! Ayé, après des efforts pas croyables je suis debout. Argh, tête qui touuuuurne, où est-ce la pièce ? Trop bu hier, beaucoup trop. Me restait une bouteille de sky et j’ai pas été très généreuse avec Panpan. Pas encore totalement dessaoulé. Je me dirige vers la salle de bain et me plante devant le miroir. Mes cheveux c’est l’horreur, ne parlons même pas de ma face : je suis dévastée. Eurêka ! Voilà pourquoi Pete s’est barré : il a pris peur ! Je me sens vaciller et me rattrape aux rebords de l’évier. Je mets en route la douche, enlève mes fringues et me place sous l’eau. AAAAAAAAAAH !!! TROP CHAUD ! Je gicle hors de la cabine et manque de m’étaler, et oui ces putain de catelles glissent lorsqu’elles sont mouillées. Bon, là je suis bien réveillée.
Je pense à allumer l’eau froide et, après un nouvel essai, peux enfin me laver sans que ma peau ne se décolle par la suite. Je sors, me sèche, m’habille, me maquille, bref passons. Allez, faut que je passe remercier Pete de m’avoir tenu compagnie hier soir. Et aussi de m’avoir apporté des bonbons ! Il est adorable. Je frappe à la porte, personne répond. J’essaie de l’ouvrir et comme elle n’oppose aucune résistance j’entre. Je tombe nez à nez avec…
- Sébastian ?!
Oh non pas lui. J’ai toujours pas digéré le fait qu’il se foute de ma gueule. En une soirée j’aurais eu du mal remarque. Ohlala, je m’étais concentrée sur son visage et je me rends compte qu’il est torse nu ! Et qu’il ne porte qu’une serviette autour de la taille… Wow… Je…
- Salut.
Mon dieu, il est trop craquant dans cette tenue ! Je… Non ma fille ! Il se paie ta tête, joue-la froide.
- Pete est ici ?
- Non. Il devait pas passer la nuit avec toi ?
- Si mais… Laisse foutre.
Wouah, j’ai été très sèche là… Est-ce qu’il l’a remarqué ? J’espère. Connard !
- Qu’est-ce qu’il y a ?
Ah ben j’ai ma réponse.
- Comme si tu l’ignorais…
Muhaha, je suis trop forte ! Oh non, il s’approche de moi ! Vade retro satanas ! Garde ta serv… Il me relève le menton. Il me touche. Aaaah, mon cœur s’emballe !!!
- Qu'ai-je bien pu te faire pour que tu soies si glaciale ?
Argh, ça me tue mais je brise le contact en le repoussant.
- Ce que tu as fais ?! Tu me dragues alors que tu n’en as rien à foutre de moi !
Et pan dans les dents !
- Rien a foutre de toi? Hoho je vois, ça ne te gênait pourtant pas que j'aie une copine avant, peux-tu me dire ce qui t'a fait changer d'avis?
Et vlan, dans mon cœur.
- J'ai simplement réalisé que tu l'aimais et que j'avais aucune chance ! Et que ça servait à rien de me faire du mal, qu'il valait mieux que je trouve un type qui s'intéresse réellement à moi !
Il sourit et réduit l’espace qui nous sépare à… quelques centimètres. Il se penche et me murmure à l’oreille.
- Mais je m’intéresse à toi…
Mes joues rosissent. Arrête, c’est un baratineur, tu mérites mieux… Je pose mes mains contre son torse, il plonge ses yeux dans les miens et… Je l’envoie valser de toute mes forces. Il recule d’environ, hmm, 30 bons centimètres ? PETITE IDIOTE ! Pourquoi, pourquoi j’ai fais ça ?! Moi ? Mériter mieux ?! Jamais entendu pareille connerie depuis l’affaire O.J. Simpson !
- Arrête de jouer. Je suis pas là pour ça.
- Mais t'es là pourquoi alors? Pour dire un simple "merci" au type qui t'aime comme pas permis et que tu ne daignes même pas remarquer? Merde! Pete se ferait tuer pour toi et tu veux me faire croire que tu t'en es pas rendue compte?! Je suis pas le seul dans cette pièce qui aime jouer on dirait!
Mon cœur loupe un battement.
- Je... Arrête, je suis simplement sa meilleure amie, rien de plus...
- Mais bien sûr Angele… Tu crois pas qu’il serait temps d’arrêter de se voiler la face ?
Sébastian
Après deux putain d’heures de gym je suis mort, je peux plus en avant. Je ne sais même pas si c’est la gym ou juste le malaise qu’il y a entre moi et Angie, mais je ne me sens pas bien. Je suis là, à moitié étalé sur mon banc,la tete sur mes avant-bras croisés et j’attends le début du cours de bonnes manières. Envey se laisse glisser sur le siège à côté de moi et me regarde, espiègle.
- Tu crois que madame « jesuismieuxélevéequetoutlemonde » sera rancunière envers toi ?
Le visage toujours enfoui je lâche un « pourquoi elle le serait ? » à peine audible
- Parce que tu t’es foutu de sa tronche à chaque fois.
Pete se lance sur la chaise devant notre banc.
- Sébastian, se payer la tête de quelqu’un ? Nooooooon.
Je me redresse et dévisage Peter. Je reste impassible mais n’en pense pas moins, son expression devient interrogative. Envey nous regarde et soupire avant d’ouvrir la bouche pour répondre mais elle en est empêchée par un claquement de talons. La prof se tient devant la porte et observe, les yeux plissés, la classe. Elle tape frénétiquement du pied pour montrer son impatience. Tout le monde se lève, enfin, presque tout le monde. Moi je me balance sur ma chaise et retiens Envey par le poignet. La prof, elle, le remarque immédiatement.
- Pourquoi ne vous êtes vous point levé ?!
Les autres se rassoient et se retournent pour mieux nous voir.
- Cela vous gêne-t-il ?
- Bien entendu! c’est d’une grossièreté ! Surtout dans un cours comme le mien !
- Je ne crois pas que montrer son impatience soit très poli non plus, et vous avez toujours ce problème de crier sur les gens, vous pourriez faire un effort.
Je hoche la tête de droite à gauche, faisant semblant d’être déçu par son attitude.
- Monsieur Owenn! Cessez de vous faire remarquer à chacun de mes cours! Il vaudrait mieux pour vous que ça ne devienne pas une habitude!
- Oui oui mlle…
- Madame !
- Wow! C’est pas de chance pour monsieur.
- Mais !
Elle bredouille, vire au rouge, moi je me penche vers Envey et lui murmure.
- Je peux te taper d’une Barclay, mon coeur ?
- Hein ?!Maintenant?
- Oui.
Elle cherche dans mes yeux une explication. Je veux juste sortir de cette classe, aller faire un tour, il fait beau. J’avoue c’est pas le meilleur moyen, mais c’est le plus drôle. Je prends la cigarette et l’allume. Je crois que jamais je n’oublierai l’expression qui se peint à présent sur l’immonde face de l’enseignante. Etonnée, enragée, vexée, elle me fait penser à une bouilloire qui va exploser. Elle montre du doigt la porte et bégaye quelques mots incompréhensibles. Je tire de longues lates et me lève. Je m’empare de mon sac que je jette sur mon épaule et m’arrête à quelques centimètres d’elle. Je lui souffle à la figure la fumée avant de lui dire.
- Oui oui je sais, « Allez immédiatement dans le bureau de la directrice.»
On dirait qu’elle va voler en éclat, rouge comme pas permis, elle tremble de colère. Je lui souris et, tirant une dernière taffe, me dirige vers la porte. J’écrase la cigarette sur l’encadrement de celle-ci et sors. Je fais un crochet par ma chambre. Quelques gorgées de whisky, j’embarque des feuilles à rouler et du tabac et me rend chez la dirlo tout m’en roulant une.
- Oui, entrez seulement.
Je pousse la porte.
- Bonjour, une prof m’a foutu dehors du cours et dit que je devais venir ici.
- Bonjour, qu’avez-vous fait ?
Je m‘assieds en tailleur dans le grand fauteuil en face du bureau.
- Rien de spécial, c’est son divorce qui doit la préoccuper, alors elle se défoule sur moi.
- Ne parlez pas de la sorte d'une pr...
"T'as un mail, salope mal baisée"
- Oh non, ma soeur a encore changé le bruit qui me prévenait de l'arrivée d'un nouveau message ! Excusez-moi quelques instants.
- …Mais faites donc…Personnellement j’aime bien votre sonnerie.
Je lui fais un grand sourire. Elle se met à tapoter sur son ordi, concentrée. J’en profite pour m’allumer la clope roulée sur le chemin. J’ai à peine le temps de tirer deux lates qu’elle lève les yeux.
- Hep ! Tu n'allumes pas ça dans mon bureau... Oh, c'est justement madame Ostroff qui m'écrit...
Elle lit rapidement le mail.
- Fumer en classe ?! Insulter une enseignante ?! Dégrader du matériel scolaire ?! Que voulez-vous que je...
- Je n’ai bousillé aucun matériel scolaire !
- Eteinds ta clope maintenant! Ce que tu as fait est super grave.
Je tire une dernière taffe et faisant tourner la cigarette entre mes doigts, la retourne contre ma paume pour l’éteindre.
- J’ai rien fait de si horrible, elle ne supporte juste pas qu’on lui fasse remarquer les fautes qu’elle commet pendant ses cours.
- Tu sais, tu aurais pu utiliser le cendrier.
Elle fait un signe de tête en direction de l’objet sur le bureau.
- Quand on connaît aussi bien que moi le bruit que fait une ceinture en heurtant le dos d'une personne qui n'a rien fait, croyez moi, c'est pas une brûlure de clope qui est douloureuse
- Tu te faisais frapper ?
- Faisais ? Hum.
Je détourne les yeux et fixe le tapis sur ma gauche. Sébastian il faudrait que tu cesses de répondre avant d’avoir réfléchi. Sa sœur est sous secret professionnel mais elle, ça m’étonnerait.
- …On pourrait parler de ma punition ?
- Si tu veux. Le problème est que je ne sais pas ce que je pourrais t'infliger. A mon avis les coups de fouet ne te feront rien.
Elle éclate de rire. Tournant la tête, j’attrape son regard. Je lui fracasserais bien la tronche sur son bureau à l’aide de sa saloperie de cendrier. Elle a l’air de comprendre le message et se reprend.
- Heum. Oui donc, j'y réfléchirais et je te ferais venir. En attendant va voir la psy, je crois que tu as besoin de parler.
- Non, quand je m'adresse à votre soeur c'est pour elle pas pour moi
- Elle est si désespérée ? Remarque ça ne m’étonne pas. Bon, tu peux sortir. Et va lui parler.
- J’adore discuter avec elle, elle m’a dit que la dernière fois que vous vous étiez faite sauter commençait à dater. C’est vrai je suppose…
- En psychologie je crois qu'on appelle ça un transfert. Notre entretien est clos.
Je me lève et me barre. Et si j’allais faire un petit tour dans le parc ?
Envey
L’intercours, enfin. Je me demande quelle peut bien être la punition qu’aura Sébastian…Il faut que je le choppe à la fin des cours et qu’il m’explique ce qui lui a pris. Je me dirige vers les toilettes et une fois devant le lavabo, bois à grandes gorgées l’eau qui s’écoule du robinet. Soudain je sens quelqu’un se coller à moi et mettre ses mains sur mes hanches. Je relève brusquement la tête et vois le reflet de Stian qui me sourit.
- Je t’ai fait peur ?
- Non tu crois ?
Passant les mains sous mon t-shirt, il me serre contre lui. On se regarde dans le mirroir.
- Qu’est-ce qui t’a pris tout à l’heure ?
- Bah…pas grand-chose, sûrement rien qu’un mauvais jour.
- Moi qui pensais que ta crise d’ado était finie.
Il me mord gentiment l’oreille.
- Emmerdeuse.
- Emmerdeur.
Cette fois c’est à moi de sourire au miroir. Bon, il faut que je lui demande.
- Dis, c’est à cause d’elle ?
- Je ne sais pas trop…on est un peu en froid…
Il m’embrasse dans le cou.
- Et pourquoi ?
Tout en continuant il me murmure.
- Elle dit que je joue avec elle, je lui ai répondu qu’elle faisait pareil avec Pete.
- Wow, il risque pas d’apprécier que tu lui ai dit ça.
Je ne vois pas son expression, il hausse juste les épaules.
- Ca peut que l’aider, ce type fait du sur place, il reste planté devant elle comme un con à fantasmer. Tenter de le faire bouger un peu ça peut pas lui faire de mal.
- Toujours obligé de te mêler de la vie des gens hein ?
Mes paupières se ferment alors qu’il poursuit ses câlins.
- De ceux qui ont de l’importance, oui.
- De moi pas…
Il relève brusquement la tête, j’ouvre les yeux. Il me fixe comme un enfant qu’on aurait grondé avant de me sourire et de me murmurer du coin des lèvres :
- Mais toi c’est différent, tu es ma vie.
- Et Angele c’est quoi ?
- Une fille, rien qu’une jolie petite fillette désenchantée à qui il faut redonner le sourire. Elle semble ne plus rien attendre de l’avenir, je veux que ça change.
Sans briser l’étreinte je fais volte-face et l’embrasse.
- D’accord, transforme son futur comme tu peux. Tant qu’il n’attente pas au notre…
Il me caresse la joue.
- On va se balader ?
- Mais euh, moi j’ai cours.
- Allez, sèche avec moi.
Il se penche et commence à jouer avec le lobe de mon oreille. Lui, quand il veut quelque chose…
- Mmh…
- Alors ?
- Ok, ok on y va.
Sébastian
Je la tiens serrée contre moi et l’écoute respirer, allongé sur le billard. Notre balade s’est un peu écourtée…
- Et si quelqu’un nous voyait ?!
- Aucune chance, ils sont tous en cours…
- Y a aucun surveillant ?!
- Aucun. Même le soir, pas de risque que tu te fasses chopper quand tu viens dans ma chambre. J’ai entendu parler la dirlo de réduction budgétaire avec le prof de math, ils disent qu’il y a des surveillants, mais c’est du vent, ils ne veulent pas payer des gens à rien foutre...
- Wow…bon on va pas s’en plaindre…
Elle attrape mes lèvres, sa langue rencontre la mienne. Je la renverse et me place sur elle. Je descends et embrasse son ventre.
- Stian attends !
Je me redresse et la dévisage.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- T’as vu l’heure ? Les cours vont finir d’une minute à l’autre, on a pas le temps de faire l’amour encore une fois.
Je jette un coup d’œil à l’horloge fixée au mur.
- Ouais, t’as raison…
Je me recule et la laisse descendre de la table à contrecoeur. Elle s’habille rapidement et me balance mes fringues.
- Plus jamais je ne regarderai Pete jouer au billard de la même façon.
J’éclate de rire et pose à mon tour les pieds à terre.
- Tant que tu fantasmes pas sur lui…
- Ho Ho, comme si c’était pas déjà le cas !
Elle me tire la langue. Le haut-parleur m’empêche de lui répondre.
« Ding Dong ding doung »
- Ici la directrice de cet établissement, Monsieur et mademoiselle Owenn sont priés de venir dans mon bureau immédiatement. Oh, et espèce d'énergumène venue au monde avant moi, la perfection, si tu m'écoutes. Je me suis tapée ton ex-fiancé. Une chance que tu aies décelé un parfum délicieux et par extension qui ne t'appartenait pas sur lui ! D'ailleurs il m'a dit que contrairement à toi j'étais un super coup !
Envey fait des yeux ronds.
- T’inquiètes pas, elle va pas nous manger.
Je finis rapidement de m’habiller et allume une clope avant de la prendre par la main et de partir en direction du bureau. Je frappe.
- Entrez
- Bonjour vous nous avez demandé ?
- Oui. Pas besoin de venir vous asseoir, je n'en aurais pas pour longtemps. Des enseignants m'ont appris que vous aviez séché cet après midi. Aussi vous serez en retenue toute la journée de dimanche prochain. Et en ce qui vous concerne, Sébastian. J'ai pris ma décision, vous n'irez pas à la prochaine sortie. Et éteignez immédiatement cette cigarette, il y a des lieux réservés aux fumeurs et le seuil de mon bureau n'en fait pas partie.
- Je vous avais dit que je n'irais pas voir la psy...et pour ce qui concerne ma soeur, elle ne se sentait pas bien. C'est aussi interdit d'être malade dans votre règlement?!
Je pensais écraser ma clope contre ma paume comme habituellement mais mes yeux s’arrêtent sur le sol. Tiens, joli tapis. Je la jette dessus et l’écrase.
- Les malades vont à l'infirmerie pendant les heures de cours. Ce n'était pas votre cas, j'ai demandé à l'infirmière Houmpaloumpa et elle n'a eu personne de toute la journée. Ecoutez, mon établissement n'est pas si laxiste que vous le croyez. Pour ce qui est de votre séance chez la psy, sachez que JE décide ce que vous devez faire et que VOUS m'obéissez. Toutefois votre punition n'est pas en rapport avec le fait que vous ne soyez pas allé la voir, mais avec votre comportement en cours de bonnes manières.
Merde, je sais plus quoi répondre. Envey le fait à ma place.
- Demandez à l’infirmière, samedi matin je suis allée à l’infirmerie à cause d’un problème. J’ai de nouveau eu une crise pendant un des cours, je n’ai pas jugé utile d’encore la déranger alors qu’une injection et un peu de repos suffisaient.
Je me retourne brusquement vers elle.
- Hein ?!T’as fait une crise samedi ?!
- …oui.
- Et tu n’as pas jugé utile de me le dire ?!
- Pourquoi faire ?! Pour que tu râles encore parce que je ne prends pas ce putain de traitement à la minute près ?! T’es saoulant !
- Mais…
- Stian je crois pas que ce soit le moment !
La directrice nous interrompt et s’adresse à Vey.
- Bon, d'accord, mais je vous préviens, la prochaine fois vous allez à l'infirmerie sinon vous pouvez être sûre que vous serez collée. Vous pouvez y aller maintenant. Sébastian, rendez-vous dimanche à 7h.
Je vais rétorquer mais Envey m’entraîne hors du bureau.
- Arrêtons de jouer avec elle, ça ne m’amuse plus.
Angele
J’attends que le cours commence et alors que mes yeux balaient la salle, je remarque qu’Envey n’est pas là. Peu importe. La cloche sonne et le prof de math entre dans la salle. C’est pas possible, il a dû préparer son entrée pour être à ce point synchro. Il s’éclaircit la gorge, malgré cela le vacarme continue et c’est d’une toute petite voix qu’il lance :
- Si vous pouviez vous taire je…
Mais une boulette de papier l’empêche de continuer sa phrase, faisant tomber ses lunettes. Il les ramasse et les essuie distraitement avec sa cravate.
- Chers élèves… Il a sonné…
Personne ne lui prête la moindre attention. Exaspéré, l’intello de service se lève et crie de toutes ses forces :
- FERMEZ LA !
Monsieur Bullit rougit et tripote nerveusement un bouton de sa chemise alors que tous les élèves le dévisagent.
- Merci Adrien…
Tiens, le premier de classe a un prénom. Étonnant, je l’aurais plutôt imaginé avec un matricule, genre THX1138. Bon, j’arrête les films de George Lucas. Mister Timide continue de son ton fluet :
- Si ça ne vous dérange pas j’adorerais que… arrêtez de tous me regarder !!! J’ai quelque chose qui va pas ? Pourquoi vous me fixez ?
Quelqu’un au fond de la salle répond un truc genre « parce que vous êtes le prof » et Bullit est à deux doigts de chialer.
- Désolé… Oui donc, vos livres à la page 45…
On s’exécute et je réalise avec horreur que la page est couverte d’horribles signes plus communément appelés « chiffres » et « racines carrées ». Ewwwww !
- Faites les exercices 112 à 118… Enfin, sauf si il y a une autre branche que vous devez travailler ! Je ne veux pas que vous ratiez votre vie et que vous me le reprochiez… Mon fils le fait déjà suffisamment.
Encore une fois, il a l’air au bord des larmes. Pauvre chou. Je sors un manga de mon sac et commence à le lire. Après tout il a dit qu’on pouvait faire autre chose. Au bout d’une trentaine de pages, on entend une version monophonique de la Lettre à Elise de Beethoven et le prof sort son portable de la poche arrière de son pantalon.
- Allo ? En cours. Non, je ne… Quoi ?! Oh mon Dieu ! Je… Oui. Tout de suite.
Il raccroche et nous lance un regard catastrophé.
- Ma… Ma mère est morte.
Oh non… Il remet ça ! Il laisse tomber son portable puis le ramasse et sort de la classe en courant. 3…2…1… Il est de retour, prend son sac, retire la craie qu’il avait mise derrière son oreille –à la manière d’une clope– et la pose sur le rebord du tableau. Il nous laisse seuls après un magistral :
- Je dois aller m’en occuper !
Bouleversant. Si c’était pas la quatrième fois qu’il nous faisait le coup depuis le début de l’année, ça aurait pu me surprendre.
13 commentaires:
Bonjour Mesdemoiselles,
A défaut de primer Scrubs je peux au moins vous primez vous pour ce nouveau chapitre. Encore une fois une réussite ! Une écriture toujours aussi bien maîtrisée, et même reprise en main ; Teki te voilà rassurée ! Le ton de ce chapitre est très largement digne de ce qui a été écrit avant et le leger (mais très léger) flottement de l'avant-dernier chapitre s'explique bel et bien par votre très mérité repos estival ! Bref, BRAVO, BRAVO encore ! Vous le méritez sans conteste.
Ce chapitre a des accents coquins, voire sensuel plus que le chapitre 4... Nous ne sommes pas contre un peu de piment. Et pour du piment nous avons aussi une sauce bien brûlante et relevée : les situations et motivations des personnages se complixifient et s'affichent au grand jour. Mais nos interrogations demeurent : les couples pré-établis vont-ils tenir ? Un renversement arrive-t-il ? Peter et Angel bientôt ensemble... que de matière à hypothèses et pour vous de quoi nous surprendre et faire rebondir cette histoire, si bien menée jusque là !
A la rubrique des points noirs, deux choses. D'abord bravo et merci pour votre interêt à corriger l'orthogrpahe. Cela rend la lecture de votre fic que plus plaisante. Je ne suis pas sûr qu'il reste des fautes dans ce chapitre (ou alors si petites qu'elles ne m'ont pas marquées). Seconde chose qui est un vrai point négatif, mais bien le seul, reprenez en main votre établissement ! Je veux dire par là n'oubliez pas que l'histoire se passe dans une école, déjantée certes mais une école tout de même, donc gardez des structures sérieuses et faites attention au vocabulaire des autorités scolaires (directrice en tête). Si besoin pour ce point précis, discutons en sur le Net.
Voilà, je touche à la conclusion de mon commentaire. Les mots de la fin : BRAVO et CONTINUEZ ! Votre Fic est toujours aussi bien tenue, son écriture oscille toujours aussi bien entre le rire et "les larmes", le génie littéraire est toujours là ! Bref encore une fois le prix d'excellence pour vous Mesdmoiselles. En espérant lire la suite vite et d'une écriture toujours aussi digne de votre génie !
(Et voilà mon comm' ; Baci, ciao, Nico aka Trenc').
alors alors je l'ai lu aujourdh'ui comme promis (wow je m'en remet pas moi même je fais un truc a l'heure!!!). ah c'est pas le sujet vi......
bref, bah je le trouve aps mal du tout moi ce chapitre, ok il n'apporte aps vraiment grand chose a l'histoire, mais c'est souvent necessaire les chapitre d'entre deux ^^
comme la ou Angie ne peut plus dire que personne ne la prévenue pour Pete, qu'elle est en froit avec Stian... bah après ça vous eprmet de rebondir.
et puis ils sont marrant les gens, avec un style aussi génial que le votre, ça peut aps toujours être pareil......
Haru:Rinne, ta gueule......
Rinne:roh viiii , je m'en vais...... et j'ai survécu aux convers msn moi!!! et je m'en porte pas plus mal! mdr
bisous a vous deux et bonne continuation^^
Retour de vacances...
(Découvert cette fanfic avt de partir, lu tout d'une traite, trop vite... et hop! addict...)
Je reviens blasée après un été mouvementé et riche en émotions, envie de rien, peur du lendemain...
Que faire...
Et là, illumination, j'arrive ici -pourvu qu'il y ait un nouveau chapitre- (je croise les doigts)
Bingo, je m'installe confortablement (music+clope) et me voilà partie...
Le pied... (trop court, merde je lis trop vite ou quoi???)
Encore, encore, encore...
C'est vraiment prenant et jouissif, bien qu'un peu cliché et partant loin, loin ds le too much voire la caricature parfois, mais c'est ça qui fait kiffer... C'est vraiment l'éclate!
Bien que consciente qu'il ya du boulot derrière, on peut en avoir une autre vite????
Allléééé...
Superbe chapitre !
vraiment j'adore !
hate que le prochain arrive !
Super les filles, surtout continuez comme sa !
bisoute
Pas mal, pas mal, ce chapitre
Bon, c'est vrai, il fait un peu du surplace et est un chouïa moins bon que les autres, mais c'est pas dramatique, loin de la ^^ Je compte sur vous pour revenir a une meilleur qualité (Je sais que vous en êtes capable :) *et non je ne met pas la pression :p* )
Hum, c'est vrai que ça fait du sur place mais bon c'est pas si grave que ça...
Au fait, je voulais m'excuser dans mon com précédent j'ai dit "tu" alors que vous êtes deux, désolé (le pire c'est que j'avais grillé qu'il y avait deux auteurs).
Bon bah j'attend juste la suite.
Arff z'avez faillis écrire les bonus ou quoi ?! L'arbre le billard... ;)
Il m'a semblé moin long que les autres... forcement que ça le rend moin... intéressant. Mais sinon c'est toujours bien écrit.
Bonne chance pour la reprise... c'est vrai que moi j'ai encore 3-4 semaine je sais plus xD
Effectivement, vous faîtes bien de vous excuser pour le nom de l'infirmière ... chapitre sympa, mais de moins bonne qualité que les autres à mon avis, car on apprend rien de tellement nouveau, hormis la mise au point entre Sebastian et Angie.
Sinon l'écriture est toujours aussi agréable.
Puisque iris m'en a donne l'ordre je ne peux qu'obeir (ne reve pas c'est du sarcasme ), je vais commenter !
Je trouve que ce chapitre est le moins reussi jusqu'a present ! pourquoi ? parcequ'il n'apporte rien a l'histoire ni ne prepare a de futures situations ni meme ne mets les heros dans des situations droles ou dramatiques ...
Desole mais je n'ai pas apprecier ce chapitre ... j'espere que le prochain sera aussi bien que les precedents ...
Suite à ton commentaire qui m'a surprise car rapide et c'est que tu en sois l'auteur qui m'a étonnée.
Je m'explique, en découvrant ce site c'est tes fics que j'ai lues en premier et on va dire que celle là j'en suis fan (j'ai d'ailleurs laissé un commentaire sous le pseudo addict)
Comme quoi les grands esprits se rencontrent...
J'en profite pour réitérer... A quand la suite???
Bon... Pas beaucoup de bonnes critiques pour ce chapitre mis à part de la part de Nico (mais est-il encore objectif de ce côté-là? mdr je taquine mon nino^^).
Pourtant je ne trouve pas spécialement qu'il y ait du sur-place... Certes l'intrigue avance plus doucement mais ça rend cette histoire plus réelle encore (il ne se passe pas quelque chose de passionnant à chaque seconde dans la vie d'un être humain normal... En tout cas pas dans la mienne.)
Et pourtant l'intrigue avance encore un peu, les caractères des personnages nous surprennent un peu plus (en tout cas au moins pour moi, toujours...) et l'humour est toujours présent.
Le mélange est toujours excellent, je n'ai rien à redire.
(En ce qui concerne l'orthographe Nino, encore une fois il n'y avait pas tant de fautes que ça au début, et si, il en restait bien une ou deux ici... Mais bon franchement rien de méchant quoi... Nino est trop pointilleux des fois :P )
Sur ce, chapitre suivant^^
bonsoir bonsoir
j'arrive au chapitre 5 et je ne sais plus quoi vous dire, c'est très chouette comme histoire et je suis les aventures avec autant d'attention et attend avec impatience le moment de lire un nouveau chapitre. Je suppose que même si je me répète ça fait toujours plaisir a attendre alors voila: c'est génial conitnuez ainsi
je le trouve un peu moins bien que les autres mais ça en reste tres lisible...donc voila, je trouve toujours vos personnages super...je sais pas pourquoi mais j'adore envey...
bon boulot...
a+
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