Chapitre 3
Chapitre 3
Sébastian
Je me demande depuis combien de temps nous sommes ici, longtemps, trop longtemps. Je discerne vaguement les silhouettes de mes camarades. Pete est toujours adossé au mur à côté de moi et il discute avec Angie, allongée sur lui, de toutes les choses que plus jamais ils ne pourront faire, voir et manger si on reste ici. La discussion est donc plutôt joyeuse…Envey blottie contre moi semble dormir, c’est dur à dire, peut-être qu’elle a tout simplement décidé de ne pas participer à la conversation. Angie se plaint.
- Je... Je pourrais plus jamais écouter les Libertines ! JE VEUX ECOUTER WHAT KATIE DID !
Je l’entends se lever et se diriger vers la sortie. Elle donne de grands coups de pieds dedans.
- Ouvre-toi satané truc !!
J’interviens avant qu’elle ne se fasse mal.
- Si tu continues de frapper dans cette porte tout ce que tu vas réussir à faire c’est te blesser.
- …
Elle revient s’allonger. Pete continue la liste et à nouveau Angie s’exclame.
- Oh non ! Et puis Lost ! Je ne connaîtrai jamais la fin !...je suis maudite.
Peter se redresse.
- 4 8 15 16 23 42 !
- Merci Pete, vraiment, on était pas assez dans la merde comme ça, là on est sûrs d'y passer
- Voyons mon ange ne soit pas si superstitieuse. On peut toujours trouver une trappe…
BAM quelque chose est tombé au fond de la pièce. Il se lève et fait semblant de paniquer.
- Oh merde, on va tous mourir !
Super, j’espère qu’il a tort. Pas seulement pour sauver ma vie mais aussi parce que crever dans une pièce numérotée « 666 » c’est vraiment pas original. Je dirais même que clamser en prenant sa douche en Allemagne était, à l’époque de nos grands-parents, moins commun. Envey bouge, elle est réveillée. Sans que les autres ne s’en rendent compte, trop pris dans leur discussion, elle me murmure à l’oreille.
- Sébastian, je me sens pas bien.
Merde. Fallait que ça arrive et en plus elle doit vraiment être mal pour s’en plaindre. Elle tremble.
- Je vois ça ma puce...
J’ôte mon t-shirt et le lui enfile.
- …Tiens, t’auras moins froid.
Les autres ont cessé de parler et tentent de comprendre ce qu’on trafique. Pour ne pas les laisser à leur manque cruel de connaissances je leur explique en un seul mot.
- Insuline.
Pete a compris et se charge donc de l’expliquer à Angele. Envey semble aller de plus en plus mal.
- Qu’est-ce qui va se passer si elle n’en prend pas ?
- Au pire c’est le coma ou la mort.
- Ah, super, on est foutus, elle va mourir.
Cette fois c’est elle qui se prend un coup de coude.
- Angie !
- Ben quoi ?! Ch’uis réaliste !
- Pessimiste.
- C’est pareil.
Envey grelotte, je la serre contre moi.
- Pchut, essaye de te calmer ‘Vey.
Pete tente de se rendre utile.
- Mais euh…y a rien à faire ?
- Ouvrir la porte, sinon non, rien.
- …Merde.
Il s’approche de la sortie et tire de toutes ses forces sur la poignée, en vain bien évidemment. Envey est gelée.
- T’endors pas princesse, reste avec moi.
Elle semble lutter contre la fatigue mais je vois bien qu’elle y arrivera pas. Mais merde ! Je sais pas quoi faire…Pete est toujours devant la porte et cherche désespérément un moyen de sortir.
- Elle va comment ?
Je la regarde, elle a perdu connaissance.
- Mal.
Angele
On est enfermés ici depuis des heures… Bon ok, j’en sais rien parce que j’ai perdu toute notion du temps, mais j’adore l’effet dramatique qu’apporte ce genre de phrases. Envey s’est évanouie y a quelques minutes et je panique. Pas que je tienne à elle, non. Simplement, ce serait dommage qu’elle meure, je suis sûre que Pete serait triste, sans parler de Sébastian… Il retournerait peut-être chez lui, et je perdrais ainsi toutes mes chances. Argh, je suis atroce… On mettra ça sur le compte de la fatigue. Bon, concentre-toi. Analyse le problème. Tu es enfermée dans une chambre et l’étage où elle se trouve est « condamné ». De plus, si tu meurs ici, grâce à la blague de Pete que ça éclate de transformer un 66 en 666, les gens qui te retrouveront penseront sûrement que c’est un suicide collectif de 4 suppôts de Satan et te prendront pour une skyblogueuse en mal d’amour. Et merde. J’entends un bruit sourd suivi d’un petit cri. Pete vient de s’exploser l’épaule en essayant de défoncer la porte. Il vient se rasseoir.
- Je souffre.
- Et alors ?
Ok, sur ce coup-ci je suis pas très sympa, mais j’ai soif. Et après tout, il a l’habitude.
- Et alors j’aimerai un peu de compassion, d’affection, tu sais ce que les gens qui ont un cœur peuvent donner !
Wow. Il vient de me répondre ?! Seb a une mauvaise influence sur lui. Peu importe.
- Envey a autrement plus de problèmes ! Et pour ta gouverne, j’ai un cœur !
Seb soupire. Je décide de me taire, du coup un lourd silence s’abat sur nous. Je ferme les yeux et tente de me détendre avec une de ces conneries style « inspire, expire ». Ca marche ptetre mieux pour les femmes enceintes. Grrr, ça me stresse encore plus. J’arrête. Pas de respirer, mais d’essayer de me calmer. Au bout d’un moment, j’entends comme un léger murmure à l’extérieur. Je me dis que c’est très vraisemblablement la faim, la soif ou ma passion pour les séries télé qui me fait délirer.
- Vous êtes siiiii mignons… Je suis désolé de vous avoir enfermés…
Je sursaute et sens une goutte de sueur perler le long de mon dos. Eww…
- Vous avez entendu ?
- Quoi ?
- … Non rien.
Calme-toi Angie. Ta vie n’est pas scénarisée par un membre de la famille Spelling, tu ne risques rien. Rien du tout.
- Je vous promets que je vais bien m’occuper de vous… Je suis doué vous savez… Vous n’êtes pas les premiers…
Cette fois, c’était réel. J’en suis persuadée ! Mince, si ce type sait qu’on est là, pourquoi il ne fait rien ?! Peut-être qu’il veut nous faire flipper avant de manger notre chaire, peut-être qu’il aime le goût de la peur… Argh, je regarderai plus JAMAIS Jeepers Creepers ! J’en peux plus, je me précipite vers la porte et me mets à tambouriner contre en hurlant. Heureusement que Sébastian ne voit pas la tête que je fais sinon il serait dégoûté ad vitam aeternam ; vive l’obscurité.
- Laissez nous sortir !!! Je veux pas mourir ! Jvous en supplie !
J’entends un bruit de verre qui se brise, suivit d’un « oooooh, noooooooon, mes bébés ». Je lève un sourcil interrogateur totalement inutile puisque je le rappelle, il fait nuit noire, et je continue, d’une voix beaucoup plus posée cette fois. Pete me fait remarquer que je suis bonne à enfermer, mais je l’ignore.
- Hého… On est enfermés chambre 66… V’nez nous aider…
Une voix me parvient de l’autre côté de la cloison.
- Qui est là ?
- Bah, Angele Andersen, Peter Sullivan, Envey et Sé...
- Sullivan ?! Sul’, t’es là ?! Mais je plaisantais pour le meurtre !
Pete se lève et vient me rejoindre.
- Franklin ? Stoi ?
- Oui ! Ca va ?
- Tranquille et toi ?
« Tranquille » ?! Il se moque de nous ou quoi ?!? Mon sang ne fait qu’un tour et je les interromps.
- Excuse-moi de saboter vos charmantes petites retrouvailles, mais si tu pouvais aller chercher de l’aide ou nous ouvrir, tu serais vraiment un amour !
- Tout ce que vous voudrez princesse.
Hein ?! Mais qu’est-ce qu’il raconte ce débile ?! Bon, j’avoue que quand je vois la porte glisser dans un long grincement et nous laisser champ libre, je suis presque prête à lui sauter au cou. Presque. Par contre Peter ne se gêne pas pour le faire.
- Merci ! Tu nous sauves la vie !
Encore une fois, je brise l’ambiance romantique de la situation.
- Y a que moi qui suis surprise que ce gringalet ait réussi à ouvrir la porte ?
- Angie ! Sois gentille !
- Bah, en fait les portes de cet étage s’ouvrent que de l’extérieur ! Sul’ je croyais que tu avais compris que je déconnais pour l’histoire du meurtre…
- Si vous êtes d’accord, on parlera de tout ça plus tard, là faut qu’on amène Envey à l’infirmerie !
On se tourne tous vers Sébastian qui s’est relevé, portant sa sœur dans ses bras. J’aimerais tellement être à sa place… Mince, pourquoi c’est toujours les autres qui ont de la chance ?!
Envey
J’ouvre les yeux. Merde, je suis où ? Hmm, constat des lieux : Des murs blancs, un plafond tout aussi blanc, des lits encore et toujours blancs. Ok j’ai compris, une infirmerie. J’ai l’impression d’avoir dormi incroyablement longtemps mais d’en être crevée. Je regarde à nouveau autour de moi. Tout est calme, il fait nuit. J’ai une saloperie de goutte-à-goutte enfoncé dans la main. Comment suis-je arrivée ici ? On était dans la vieille chambre et j’ai fais un malaise, c’est tout ce dont je me souviens. Comment en est-on sortis ? Je tourne la tête et vois Sébastian ; il est endormi à mon chevet. Je craque, c’est adorable. Bon, adorable fait peut-être un peu chien, mais voilà. Tout doucement je décide de le réveiller.
- Sébastian…
Il remue légèrement sur son fauteuil.
- Chéri ! Réveille-toi !
Il ouvre les yeux et me sourit, encore à moitié endormi.
- Ca fait longtemps que t’as émergé ?
- Non, deux minutes, pas plus. Comment je suis arrivée ici ?
Il se passe les mains sur le visage.
- Plus tard ok ?
Moi qui suis curieuse, ça me tue. Mais bon, il semble épuisé.
- D’accord, viens.
Je lui tends ma main encore indemne. Il se lève, s’étire puis, prenant ma main, se couche à côté de moi. Je me pousse encore un peu, j’en tombe presque. Tout ça pour pouvoir m’installer sur lui. J’entends battre son cœur. Il bat incroyablement vite.
- Quelque chose ne va pas ?
- Non, c’est rien, tu m’as fais peur tu sais ?
Je souris, oui ce type est vraiment adorable.
- Je t’aime, mais maintenant tais-toi et dors ! J’ai quand même fait une crise, je suis morte de fatigue.
Il rigole avant de me serrer plus contre lui et de murmurer.
- Moi aussi je t'aime, mais si tu pouvais arrêter de m'écraser les boules...
Je le frappe.
- Crétin !
- Oh, j'déconne.
- Oui je sais, mais la prochaine fois je te les réduis en miettes !
- Hey !
- Dors !
- Roooh, ok. Fais d'beaux rêves
Pete
La directrice nous a fait venir dans son bureau Seb, Angie, Franklin et moi. Elle aurait voulu parler à Envey aussi mais comme elle est encore à l’infirmerie, elle n’a pas pu venir. Madame Doherty vient s’asseoir derrière son secrétaire et nous examine. Je laisse mes yeux vagabonder et remarque plusieurs photos d’elle, de sa sœur qui déjà à l’époque portait des lunettes et d’un homme qui est probablement leur père. Sur la plupart d’entre elles, elle serre le type dans ses bras et sa jumelle se tient un peu à l’écart… Quelle famille unie. Elle pousse un profond soupir qui me tire de mes rêveries et se décide enfin à parler.
- Tout d’abord j’aimerais que vous me disiez pourquoi vous étiez là en bas.
On se jette des regards et je prends la parole.
- J’avais entendu dire par Franklin qu’il y avait eu un meurtre là en bas, et comme on s’ennuyait on a voulu y aller.
- Je plaisantais ! Je pensais que ça se voyait ! Et moi si je suis descendu c’est pour prendre des insectes pour ma collection… D’ailleurs j’ai laissé tomber mon bocal et il s’est cassé !
La dirlo semble exaspérée.
- Je… C’est inadmissible ! Vous n’avez pas à braver les interdits de la sorte ! Je conçois qu’à votre âge on puisse, sous le coups des hormones, faire des choses inconsidérées mais de là à mettre votre vie en danger…
- Je risquais rien, vous savez, la plupart des araignées qu’on trouve dans nos sous-sols ne sont pas mortelles en cas de piqûre !
Non seulement il l’interrompt mais en plus pour une connerie pareille ? Wow…
- Je ne parlais pas de ça ni de vous !
Elle se tourne vers Seb.
- Qu’auriez-vous fait si votre ami ne s’était pas trouvé là pour vous ouvrir ?!
On fixe tous le sol. Sauf Franklin qui se perd dans le décolleté de la dirlo.
- Bon, passons à la punition. Dès que votre sœur sera remise, vous irez courir tous les matins pendant une semaine avec monsieur Damon, le professeur de gym, et ce à partir de 4h30. Vous pouvez y aller.
Angele essaie de protester.
- Mais…
- J’ai dis que vous pouviez y aller. Bonne journée.
On sort, Frank en tête.
- J’hallucine qu’elle m’ait aussi puni ! Je faisais rien de mal !
Je prends même pas le temps de lui répondre et me casse en direction de ma chambre, suivi de Seb et d’Angie qui nous lâche dès qu’on arrive devant la porte de la sienne.
Sébastian
Encore un cours sans Envey. Je soupire. Je préfèrerais plutôt être assis à veiller sur elle qu’ici à attendre qu’un prof d’art débile arrive mais bon, l’infirmière, qui d’ailleurs a bousillé tous mes fantasmes sur cette profession, m’a foutu à la porte en disant que je devais aller étudier. Pete et Angie s’assoient au banc devant moi, avant de se retourner pour discuter. Peter s’inquiète.
- Alors ?! Envey va mieux ?
- Ouais ouais, elle voulait venir en cours aujourd’hui mais l’infirmière souhaitait qu’elle reste encore.
- Mhh l’infirmière ?
Je souris. Ce type me ressemble vraiment beaucoup parfois.
- Ouais mais non oublie.
Je mets une main autour de mon cou et fais semblant de m’étrangler pour imager ma réaction face à elle. Il rigole.
- A ce point ?
- Et encore là ch’uis gentil !
Angele semble ailleurs.
Angele
Merde, même les filles sont pas aussi garces pour ce qui est de critiquer les autres... Oh mon Dieu, est-ce qu'ils se foutent aussi de ma gueule quand ils sont entre eux ?! Si j’apprends que c'est le cas, j'émascule Pete.
Sébastian
Je la sors doucement de sa rêverie.
- Angele ? Ca va ?
- Hmmm ? Oui oui.
Je lui souris et lui caresse la joue. Elle rougit.
- T’es sûre ? On ne s’inquiète que pour Envey mais après tout, toi aussi t’as passé des heures dans un sous-sol miteux.
- Je…euh…Oui ça va.
Je détourne mes yeux des siens et les dirige vers Pete. Il a observé la scène sans un mot et me lance à présent un regard de reproche. Bon d’accord, c’est pas terrible de draguer alors qu’Envey est à l’infirmerie mais elle est mignonne. Je n’ai rien fait et ne ferai rien avec elle, j’aime une autre fille après tout. Le prof entre et ils se retournent. Etrange spécimen que ce type ; Artiste raté qui a échoué ici pour régler ses problèmes financiers après s’être fait virer d’un autre poste plus prestigieux, et quand je dis plus prestigieux même gigolo c’est plus glorieux. Je déteste son faux accent qui vient de nulle part et qui se veut italien, ça a le don de me faire péter une case. Comme la caricature ambulante qu’il est, il s’avance et écartant les bras vers son publique, oui parce qu’il se croit sûrement dans un théâtre, il lance :
- Bonjourno ! Aujourd’hui nous allone faire dou dessin commé vous voulez parce qué yé pas envie de faire ouna cours.
Tiens donc, étrange, même pas une semaine et il pète déjà les plombs ? Bon, je ne vais pas m’en plaindre après tout. Je prends une feuille et commence à griffonner un truc qui se veut être euh…Je sais pas encore ce que c’est. Oui bon le dessin c’est vraiment pas mon truc. La porte de la salle de classe s’ouvre et je relève la tête, oui je sais, je suis curieux. Une jeune fille…ENVEY ?! Qu’est-ce qu’elle fout là ?! Elle va vers le prof et s’excuse, celui-ci totalement ailleurs lui dit juste d’aller s’asseoir. Elle s’approche de moi et me sourit. J’enlève mon sac de la place à côté, elle s’y assied. Je me penche vers elle.
- Qu’est-ce que tu fous là ?
- J’ai réussi à rendre folle l’infirmière, elle m’a laissée sortir.
Je lui souris, son regard se pose sur mon dessin. Elle rigole.
- C’est censé être quoi ?
- Euh…
- Une vache ?
- Une vache ?!
- Bah euh, ch’ais pas moi, c’est pas des cornes ça ?
Je soupire, chiffonne mon chef-d’œuvre puis le lance dédaigneusement.
- Hey !
- Oh ! Désolé Pete ! J’ai pas fait exprès !
Mais bien sur ! Comment pourrait-il gober ça ? Enfin c’est vrai mais je doute que ma parole suffise. Il regarde Envey et elle lui fait comprendre que mon geste était purement intentionnel. J’aime me sentir soutenu. A peine Peter est-il retourné à son travail qu’elle me tire la langue. Je fais de même avant de prendre une nouvelle feuille. Elle hésite un instant puis se met aussi à crayonner. Après deux minutes même pas on devine déjà le visage de Pete. Je la regarde étonné. Je suis sur le cul, elle dessine tellement bien et ça lui semble si facile, ça en est frustrant.
- Ben quoi ? J’avais pas d’autre idée ! Laisse-moi finir et retourne à tes vaches bizarres!
Je rigole, je pourrais pas vivre sans cette fille.
Envey
La journée touche enfin à sa fin, je me laisse tomber sur mon lit. Depuis mon séjour à l’infirmerie j’ai l’impression d’être toujours crevée. Bon, aller, debout! Je me lève et vais prendre une douche avant que ma colocataire ne revienne, elle a pris l’habitude de m’éviter un maximum, elle passe tout son temps avec Peter dans la salle commune. Un quart d’heure plus tard je suis prête à partir rejoindre Stian, mais avant ça j’ai encore quelque chose à faire. Je fouille dans ma table de nuit pour prendre de l’insuline et m’assieds sur le lit. La porte s’ouvre au moment même où j’allais me faire l’injection. Wow, elle m’a fait sursauter. Elle me regarde et s’écrie.
- Putain t’as fait une crise y a pas trois jours et tu te drogues déjà ?!
J’éclate de rire, elle est adorable. Je lui souris, ça doit bien être la première fois à voir sa tête.
- C’est de l’insuline
Elle paraît gênée et se laisse tomber sur son lit.
- Ah…
Je me fais la piqûre puis me lève. Ch’uis à la bourre comme d’hab, faut que je me dépêche si je ne veux pas qu’on me chope à traîner dans les couloirs pendant le couvre-feu. Chaque soir je vais dans la chambre de Stian et Pete et elle se retrouve toute seule. Bon vas-y Envey soit un peu gentille de temps en temps.
- Je vais chez Stian.
- Ouais, à plus.
J’hésite à partir, si je lui propose de venir elle va me rembarrer…ou pas.
- Tu…euh…tu veux venir? On rigole bien d’habitude.
- Volontiers enfin... J'ai pas envie de vous déranger... T'es sûre que ça le fera pas chier ?
- Qui ça ?
- Bah, Sébastian...
- Ben euh, c’est aussi la chambre de Pete alors il a rien à dire. Et comme, l’Irlande est une démocratie, on va faire comme eux et tu obtiens le maximum des voix avec Peter et moi.
- L’Irlande ?
- Oui, je suis originaire de Belfast. Ne le dis pas à Pete il me vannerait trop, dès qu’on parle Irlande tout le monde s’imagine des petits nabots barbus vicieux vêtus entièrement de vert et qui boivent de l’alcool à longueur de journée . Et tu remarqueras que je n’en suis pas un ! Bref, Tu viens ou tu vas te faire désirer encore longtemps ?
Je me suis peut-être légèrement gourée sur cette fille, enfin je verrais bien. Elle se lève.
- Je viens, me faire désirer c'est pas mon genre.
- C'est une phrase de fille facile ça…
- Mais non, jamais j'oserais te voler tes répliques.
Je ressens l’envie soudain de lui envoyer mon poing dans la tronche. Aller, calme Envey. Elle reprend.
- Je plaisante... Je peux toujours venir hein ?
Lui répondre non avant de lui claquer la porte au nez me semble une idée géniale, ou du moins hilarante.
- Ouais. Je suppose que je finirai par m'habituer à tes vannes stupides.
Angele
Je suis Envey dans le couloir, on longe les murs pour pas se faire repérer. C’est dingue pour une fois elle a été gentille. Et moi comme une conne j’ai pas pu m’empêcher de la vanner… ARGH ! Mais c’est une technique de prévention, attaquer avant l’autre… Si je foire mes études je pourrai toujours devenir militaire. Ou politicienne. On arrive devant la chambre. Elle frappe et Seb nous ouvre, et d’après la tronche qu’il tire, il est surpris. Il s’apprête à parler mais Envey le prends de vitesse.
- Je l’ai invitée.
- Hmmm, ok. Entrez.
Wouaaah, il est… wouaaah ! Argh, moi qui croyais que ma pseudo-hystérie m’était passée depuis notre petite descente… Enfin, là il est quand même à torse nu… Je me surprends à jalouser Peter. En parlant de lui, il est allongé sur son pieu et écoute de la zik les yeux fermés. Seb donne un coup de pied dans son sommier et il se relève en sursaut. Il me jette un regard étonné.
- Angie ?!
- Elle m’a invitée…
Merde, elle a vraiment dû leur dire qu’elle me détestait vu leurs réactions… Sébastian s’allonge sur son lit et allume un joint. Je reste debout comme une conne devant la porte jusqu’à ce qu’Envey me lance un pouf dessus. C’est tout juste si je ne me pète pas la gueule mais je la remercie et après l’avoir posé sur le sol, m’assieds dessus. De son côté, elle va mettre un CD et je reconnais dès les premières secondes Southern Girl d’Incubus. Envey va rejoindre Seb sur son pieu et se blottit dans ses bras. Je ferme les yeux et m’imagine à sa place…
comme s’il s’adressait directement à moi. Je me lève, m’approche de lui et l’embrasse. Non, je suis toujours assise. Mais j’envisage la possibilité de mettre mes pensées en pratique… Quoique je suis trop consciente pour ça pour faire plus que simplement l’envisager. Un peu d’alcool m’aiderait à me détendre. Je tourne la tête et brise le lien qui s’était formé l’espace de quelques instants entre lui et moi. Les secondes passent, la chanson prend fin et
- Tu as du whisky ?
Il me dévisage, étonné.
- Tu aimes ça ?!
- Ouais, j’adore.
Il me sourit. Je craque plus que jamais.
- Moi aussi, mais je sais pas s’il m’en reste…
Il va fouiller dans son sac et en ressort une bouteille qui en plus d’être plutôt petite est à moitié vide. Oui, quand c’est de l’alcool, c’est jamais à moitié plein.
- Tiens… C’est ma seule, désolée… T’as qu’à la finir.
Il vérifie que le bouchon est bien fermé puis me la lance.
- Merci
Je l’attrape au vol, l’ouvre et prends une gorgée.
Sébastian
Je me demande depuis combien de temps nous sommes ici, longtemps, trop longtemps. Je discerne vaguement les silhouettes de mes camarades. Pete est toujours adossé au mur à côté de moi et il discute avec Angie, allongée sur lui, de toutes les choses que plus jamais ils ne pourront faire, voir et manger si on reste ici. La discussion est donc plutôt joyeuse…Envey blottie contre moi semble dormir, c’est dur à dire, peut-être qu’elle a tout simplement décidé de ne pas participer à la conversation. Angie se plaint.
- Je... Je pourrais plus jamais écouter les Libertines ! JE VEUX ECOUTER WHAT KATIE DID !
Je l’entends se lever et se diriger vers la sortie. Elle donne de grands coups de pieds dedans.
- Ouvre-toi satané truc !!
J’interviens avant qu’elle ne se fasse mal.
- Si tu continues de frapper dans cette porte tout ce que tu vas réussir à faire c’est te blesser.
- …
Elle revient s’allonger. Pete continue la liste et à nouveau Angie s’exclame.
- Oh non ! Et puis Lost ! Je ne connaîtrai jamais la fin !...je suis maudite.
Peter se redresse.
- 4 8 15 16 23 42 !
- Merci Pete, vraiment, on était pas assez dans la merde comme ça, là on est sûrs d'y passer
- Voyons mon ange ne soit pas si superstitieuse. On peut toujours trouver une trappe…
BAM quelque chose est tombé au fond de la pièce. Il se lève et fait semblant de paniquer.
- Oh merde, on va tous mourir !
Super, j’espère qu’il a tort. Pas seulement pour sauver ma vie mais aussi parce que crever dans une pièce numérotée « 666 » c’est vraiment pas original. Je dirais même que clamser en prenant sa douche en Allemagne était, à l’époque de nos grands-parents, moins commun. Envey bouge, elle est réveillée. Sans que les autres ne s’en rendent compte, trop pris dans leur discussion, elle me murmure à l’oreille.
- Sébastian, je me sens pas bien.
Merde. Fallait que ça arrive et en plus elle doit vraiment être mal pour s’en plaindre. Elle tremble.
- Je vois ça ma puce...
J’ôte mon t-shirt et le lui enfile.
- …Tiens, t’auras moins froid.
Les autres ont cessé de parler et tentent de comprendre ce qu’on trafique. Pour ne pas les laisser à leur manque cruel de connaissances je leur explique en un seul mot.
- Insuline.
Pete a compris et se charge donc de l’expliquer à Angele. Envey semble aller de plus en plus mal.
- Qu’est-ce qui va se passer si elle n’en prend pas ?
- Au pire c’est le coma ou la mort.
- Ah, super, on est foutus, elle va mourir.
Cette fois c’est elle qui se prend un coup de coude.
- Angie !
- Ben quoi ?! Ch’uis réaliste !
- Pessimiste.
- C’est pareil.
Envey grelotte, je la serre contre moi.
- Pchut, essaye de te calmer ‘Vey.
Pete tente de se rendre utile.
- Mais euh…y a rien à faire ?
- Ouvrir la porte, sinon non, rien.
- …Merde.
Il s’approche de la sortie et tire de toutes ses forces sur la poignée, en vain bien évidemment. Envey est gelée.
- T’endors pas princesse, reste avec moi.
Elle semble lutter contre la fatigue mais je vois bien qu’elle y arrivera pas. Mais merde ! Je sais pas quoi faire…Pete est toujours devant la porte et cherche désespérément un moyen de sortir.
- Elle va comment ?
Je la regarde, elle a perdu connaissance.
- Mal.
Angele
On est enfermés ici depuis des heures… Bon ok, j’en sais rien parce que j’ai perdu toute notion du temps, mais j’adore l’effet dramatique qu’apporte ce genre de phrases. Envey s’est évanouie y a quelques minutes et je panique. Pas que je tienne à elle, non. Simplement, ce serait dommage qu’elle meure, je suis sûre que Pete serait triste, sans parler de Sébastian… Il retournerait peut-être chez lui, et je perdrais ainsi toutes mes chances. Argh, je suis atroce… On mettra ça sur le compte de la fatigue. Bon, concentre-toi. Analyse le problème. Tu es enfermée dans une chambre et l’étage où elle se trouve est « condamné ». De plus, si tu meurs ici, grâce à la blague de Pete que ça éclate de transformer un 66 en 666, les gens qui te retrouveront penseront sûrement que c’est un suicide collectif de 4 suppôts de Satan et te prendront pour une skyblogueuse en mal d’amour. Et merde. J’entends un bruit sourd suivi d’un petit cri. Pete vient de s’exploser l’épaule en essayant de défoncer la porte. Il vient se rasseoir.
- Je souffre.
- Et alors ?
Ok, sur ce coup-ci je suis pas très sympa, mais j’ai soif. Et après tout, il a l’habitude.
- Et alors j’aimerai un peu de compassion, d’affection, tu sais ce que les gens qui ont un cœur peuvent donner !
Wow. Il vient de me répondre ?! Seb a une mauvaise influence sur lui. Peu importe.
- Envey a autrement plus de problèmes ! Et pour ta gouverne, j’ai un cœur !
Seb soupire. Je décide de me taire, du coup un lourd silence s’abat sur nous. Je ferme les yeux et tente de me détendre avec une de ces conneries style « inspire, expire ». Ca marche ptetre mieux pour les femmes enceintes. Grrr, ça me stresse encore plus. J’arrête. Pas de respirer, mais d’essayer de me calmer. Au bout d’un moment, j’entends comme un léger murmure à l’extérieur. Je me dis que c’est très vraisemblablement la faim, la soif ou ma passion pour les séries télé qui me fait délirer.
- Vous êtes siiiii mignons… Je suis désolé de vous avoir enfermés…
Je sursaute et sens une goutte de sueur perler le long de mon dos. Eww…
- Vous avez entendu ?
- Quoi ?
- … Non rien.
Calme-toi Angie. Ta vie n’est pas scénarisée par un membre de la famille Spelling, tu ne risques rien. Rien du tout.
- Je vous promets que je vais bien m’occuper de vous… Je suis doué vous savez… Vous n’êtes pas les premiers…
Cette fois, c’était réel. J’en suis persuadée ! Mince, si ce type sait qu’on est là, pourquoi il ne fait rien ?! Peut-être qu’il veut nous faire flipper avant de manger notre chaire, peut-être qu’il aime le goût de la peur… Argh, je regarderai plus JAMAIS Jeepers Creepers ! J’en peux plus, je me précipite vers la porte et me mets à tambouriner contre en hurlant. Heureusement que Sébastian ne voit pas la tête que je fais sinon il serait dégoûté ad vitam aeternam ; vive l’obscurité.
- Laissez nous sortir !!! Je veux pas mourir ! Jvous en supplie !
J’entends un bruit de verre qui se brise, suivit d’un « oooooh, noooooooon, mes bébés ». Je lève un sourcil interrogateur totalement inutile puisque je le rappelle, il fait nuit noire, et je continue, d’une voix beaucoup plus posée cette fois. Pete me fait remarquer que je suis bonne à enfermer, mais je l’ignore.
- Hého… On est enfermés chambre 66… V’nez nous aider…
Une voix me parvient de l’autre côté de la cloison.
- Qui est là ?
- Bah, Angele Andersen, Peter Sullivan, Envey et Sé...
- Sullivan ?! Sul’, t’es là ?! Mais je plaisantais pour le meurtre !
Pete se lève et vient me rejoindre.
- Franklin ? Stoi ?
- Oui ! Ca va ?
- Tranquille et toi ?
« Tranquille » ?! Il se moque de nous ou quoi ?!? Mon sang ne fait qu’un tour et je les interromps.
- Excuse-moi de saboter vos charmantes petites retrouvailles, mais si tu pouvais aller chercher de l’aide ou nous ouvrir, tu serais vraiment un amour !
- Tout ce que vous voudrez princesse.
Hein ?! Mais qu’est-ce qu’il raconte ce débile ?! Bon, j’avoue que quand je vois la porte glisser dans un long grincement et nous laisser champ libre, je suis presque prête à lui sauter au cou. Presque. Par contre Peter ne se gêne pas pour le faire.
- Merci ! Tu nous sauves la vie !
Encore une fois, je brise l’ambiance romantique de la situation.
- Y a que moi qui suis surprise que ce gringalet ait réussi à ouvrir la porte ?
- Angie ! Sois gentille !
- Bah, en fait les portes de cet étage s’ouvrent que de l’extérieur ! Sul’ je croyais que tu avais compris que je déconnais pour l’histoire du meurtre…
- Si vous êtes d’accord, on parlera de tout ça plus tard, là faut qu’on amène Envey à l’infirmerie !
On se tourne tous vers Sébastian qui s’est relevé, portant sa sœur dans ses bras. J’aimerais tellement être à sa place… Mince, pourquoi c’est toujours les autres qui ont de la chance ?!
Envey
J’ouvre les yeux. Merde, je suis où ? Hmm, constat des lieux : Des murs blancs, un plafond tout aussi blanc, des lits encore et toujours blancs. Ok j’ai compris, une infirmerie. J’ai l’impression d’avoir dormi incroyablement longtemps mais d’en être crevée. Je regarde à nouveau autour de moi. Tout est calme, il fait nuit. J’ai une saloperie de goutte-à-goutte enfoncé dans la main. Comment suis-je arrivée ici ? On était dans la vieille chambre et j’ai fais un malaise, c’est tout ce dont je me souviens. Comment en est-on sortis ? Je tourne la tête et vois Sébastian ; il est endormi à mon chevet. Je craque, c’est adorable. Bon, adorable fait peut-être un peu chien, mais voilà. Tout doucement je décide de le réveiller.
- Sébastian…
Il remue légèrement sur son fauteuil.
- Chéri ! Réveille-toi !
Il ouvre les yeux et me sourit, encore à moitié endormi.
- Ca fait longtemps que t’as émergé ?
- Non, deux minutes, pas plus. Comment je suis arrivée ici ?
Il se passe les mains sur le visage.
- Plus tard ok ?
Moi qui suis curieuse, ça me tue. Mais bon, il semble épuisé.
- D’accord, viens.
Je lui tends ma main encore indemne. Il se lève, s’étire puis, prenant ma main, se couche à côté de moi. Je me pousse encore un peu, j’en tombe presque. Tout ça pour pouvoir m’installer sur lui. J’entends battre son cœur. Il bat incroyablement vite.
- Quelque chose ne va pas ?
- Non, c’est rien, tu m’as fais peur tu sais ?
Je souris, oui ce type est vraiment adorable.
- Je t’aime, mais maintenant tais-toi et dors ! J’ai quand même fait une crise, je suis morte de fatigue.
Il rigole avant de me serrer plus contre lui et de murmurer.
- Moi aussi je t'aime, mais si tu pouvais arrêter de m'écraser les boules...
Je le frappe.
- Crétin !
- Oh, j'déconne.
- Oui je sais, mais la prochaine fois je te les réduis en miettes !
- Hey !
- Dors !
- Roooh, ok. Fais d'beaux rêves
Pete
La directrice nous a fait venir dans son bureau Seb, Angie, Franklin et moi. Elle aurait voulu parler à Envey aussi mais comme elle est encore à l’infirmerie, elle n’a pas pu venir. Madame Doherty vient s’asseoir derrière son secrétaire et nous examine. Je laisse mes yeux vagabonder et remarque plusieurs photos d’elle, de sa sœur qui déjà à l’époque portait des lunettes et d’un homme qui est probablement leur père. Sur la plupart d’entre elles, elle serre le type dans ses bras et sa jumelle se tient un peu à l’écart… Quelle famille unie. Elle pousse un profond soupir qui me tire de mes rêveries et se décide enfin à parler.
- Tout d’abord j’aimerais que vous me disiez pourquoi vous étiez là en bas.
On se jette des regards et je prends la parole.
- J’avais entendu dire par Franklin qu’il y avait eu un meurtre là en bas, et comme on s’ennuyait on a voulu y aller.
- Je plaisantais ! Je pensais que ça se voyait ! Et moi si je suis descendu c’est pour prendre des insectes pour ma collection… D’ailleurs j’ai laissé tomber mon bocal et il s’est cassé !
La dirlo semble exaspérée.
- Je… C’est inadmissible ! Vous n’avez pas à braver les interdits de la sorte ! Je conçois qu’à votre âge on puisse, sous le coups des hormones, faire des choses inconsidérées mais de là à mettre votre vie en danger…
- Je risquais rien, vous savez, la plupart des araignées qu’on trouve dans nos sous-sols ne sont pas mortelles en cas de piqûre !
Non seulement il l’interrompt mais en plus pour une connerie pareille ? Wow…
- Je ne parlais pas de ça ni de vous !
Elle se tourne vers Seb.
- Qu’auriez-vous fait si votre ami ne s’était pas trouvé là pour vous ouvrir ?!
On fixe tous le sol. Sauf Franklin qui se perd dans le décolleté de la dirlo.
- Bon, passons à la punition. Dès que votre sœur sera remise, vous irez courir tous les matins pendant une semaine avec monsieur Damon, le professeur de gym, et ce à partir de 4h30. Vous pouvez y aller.
Angele essaie de protester.
- Mais…
- J’ai dis que vous pouviez y aller. Bonne journée.
On sort, Frank en tête.
- J’hallucine qu’elle m’ait aussi puni ! Je faisais rien de mal !
Je prends même pas le temps de lui répondre et me casse en direction de ma chambre, suivi de Seb et d’Angie qui nous lâche dès qu’on arrive devant la porte de la sienne.
Sébastian
Encore un cours sans Envey. Je soupire. Je préfèrerais plutôt être assis à veiller sur elle qu’ici à attendre qu’un prof d’art débile arrive mais bon, l’infirmière, qui d’ailleurs a bousillé tous mes fantasmes sur cette profession, m’a foutu à la porte en disant que je devais aller étudier. Pete et Angie s’assoient au banc devant moi, avant de se retourner pour discuter. Peter s’inquiète.
- Alors ?! Envey va mieux ?
- Ouais ouais, elle voulait venir en cours aujourd’hui mais l’infirmière souhaitait qu’elle reste encore.
- Mhh l’infirmière ?
Je souris. Ce type me ressemble vraiment beaucoup parfois.
- Ouais mais non oublie.
Je mets une main autour de mon cou et fais semblant de m’étrangler pour imager ma réaction face à elle. Il rigole.
- A ce point ?
- Et encore là ch’uis gentil !
Angele semble ailleurs.
Angele
Merde, même les filles sont pas aussi garces pour ce qui est de critiquer les autres... Oh mon Dieu, est-ce qu'ils se foutent aussi de ma gueule quand ils sont entre eux ?! Si j’apprends que c'est le cas, j'émascule Pete.
Sébastian
Je la sors doucement de sa rêverie.
- Angele ? Ca va ?
- Hmmm ? Oui oui.
Je lui souris et lui caresse la joue. Elle rougit.
- T’es sûre ? On ne s’inquiète que pour Envey mais après tout, toi aussi t’as passé des heures dans un sous-sol miteux.
- Je…euh…Oui ça va.
Je détourne mes yeux des siens et les dirige vers Pete. Il a observé la scène sans un mot et me lance à présent un regard de reproche. Bon d’accord, c’est pas terrible de draguer alors qu’Envey est à l’infirmerie mais elle est mignonne. Je n’ai rien fait et ne ferai rien avec elle, j’aime une autre fille après tout. Le prof entre et ils se retournent. Etrange spécimen que ce type ; Artiste raté qui a échoué ici pour régler ses problèmes financiers après s’être fait virer d’un autre poste plus prestigieux, et quand je dis plus prestigieux même gigolo c’est plus glorieux. Je déteste son faux accent qui vient de nulle part et qui se veut italien, ça a le don de me faire péter une case. Comme la caricature ambulante qu’il est, il s’avance et écartant les bras vers son publique, oui parce qu’il se croit sûrement dans un théâtre, il lance :
- Bonjourno ! Aujourd’hui nous allone faire dou dessin commé vous voulez parce qué yé pas envie de faire ouna cours.
Tiens donc, étrange, même pas une semaine et il pète déjà les plombs ? Bon, je ne vais pas m’en plaindre après tout. Je prends une feuille et commence à griffonner un truc qui se veut être euh…Je sais pas encore ce que c’est. Oui bon le dessin c’est vraiment pas mon truc. La porte de la salle de classe s’ouvre et je relève la tête, oui je sais, je suis curieux. Une jeune fille…ENVEY ?! Qu’est-ce qu’elle fout là ?! Elle va vers le prof et s’excuse, celui-ci totalement ailleurs lui dit juste d’aller s’asseoir. Elle s’approche de moi et me sourit. J’enlève mon sac de la place à côté, elle s’y assied. Je me penche vers elle.
- Qu’est-ce que tu fous là ?
- J’ai réussi à rendre folle l’infirmière, elle m’a laissée sortir.
Je lui souris, son regard se pose sur mon dessin. Elle rigole.
- C’est censé être quoi ?
- Euh…
- Une vache ?
- Une vache ?!
- Bah euh, ch’ais pas moi, c’est pas des cornes ça ?
Je soupire, chiffonne mon chef-d’œuvre puis le lance dédaigneusement.
- Hey !
- Oh ! Désolé Pete ! J’ai pas fait exprès !
Mais bien sur ! Comment pourrait-il gober ça ? Enfin c’est vrai mais je doute que ma parole suffise. Il regarde Envey et elle lui fait comprendre que mon geste était purement intentionnel. J’aime me sentir soutenu. A peine Peter est-il retourné à son travail qu’elle me tire la langue. Je fais de même avant de prendre une nouvelle feuille. Elle hésite un instant puis se met aussi à crayonner. Après deux minutes même pas on devine déjà le visage de Pete. Je la regarde étonné. Je suis sur le cul, elle dessine tellement bien et ça lui semble si facile, ça en est frustrant.
- Ben quoi ? J’avais pas d’autre idée ! Laisse-moi finir et retourne à tes vaches bizarres!
Je rigole, je pourrais pas vivre sans cette fille.
Envey
La journée touche enfin à sa fin, je me laisse tomber sur mon lit. Depuis mon séjour à l’infirmerie j’ai l’impression d’être toujours crevée. Bon, aller, debout! Je me lève et vais prendre une douche avant que ma colocataire ne revienne, elle a pris l’habitude de m’éviter un maximum, elle passe tout son temps avec Peter dans la salle commune. Un quart d’heure plus tard je suis prête à partir rejoindre Stian, mais avant ça j’ai encore quelque chose à faire. Je fouille dans ma table de nuit pour prendre de l’insuline et m’assieds sur le lit. La porte s’ouvre au moment même où j’allais me faire l’injection. Wow, elle m’a fait sursauter. Elle me regarde et s’écrie.
- Putain t’as fait une crise y a pas trois jours et tu te drogues déjà ?!
J’éclate de rire, elle est adorable. Je lui souris, ça doit bien être la première fois à voir sa tête.
- C’est de l’insuline
Elle paraît gênée et se laisse tomber sur son lit.
- Ah…
Je me fais la piqûre puis me lève. Ch’uis à la bourre comme d’hab, faut que je me dépêche si je ne veux pas qu’on me chope à traîner dans les couloirs pendant le couvre-feu. Chaque soir je vais dans la chambre de Stian et Pete et elle se retrouve toute seule. Bon vas-y Envey soit un peu gentille de temps en temps.
- Je vais chez Stian.
- Ouais, à plus.
J’hésite à partir, si je lui propose de venir elle va me rembarrer…ou pas.
- Tu…euh…tu veux venir? On rigole bien d’habitude.
- Volontiers enfin... J'ai pas envie de vous déranger... T'es sûre que ça le fera pas chier ?
- Qui ça ?
- Bah, Sébastian...
- Ben euh, c’est aussi la chambre de Pete alors il a rien à dire. Et comme, l’Irlande est une démocratie, on va faire comme eux et tu obtiens le maximum des voix avec Peter et moi.
- L’Irlande ?
- Oui, je suis originaire de Belfast. Ne le dis pas à Pete il me vannerait trop, dès qu’on parle Irlande tout le monde s’imagine des petits nabots barbus vicieux vêtus entièrement de vert et qui boivent de l’alcool à longueur de journée . Et tu remarqueras que je n’en suis pas un ! Bref, Tu viens ou tu vas te faire désirer encore longtemps ?
Je me suis peut-être légèrement gourée sur cette fille, enfin je verrais bien. Elle se lève.
- Je viens, me faire désirer c'est pas mon genre.
- C'est une phrase de fille facile ça…
- Mais non, jamais j'oserais te voler tes répliques.
Je ressens l’envie soudain de lui envoyer mon poing dans la tronche. Aller, calme Envey. Elle reprend.
- Je plaisante... Je peux toujours venir hein ?
Lui répondre non avant de lui claquer la porte au nez me semble une idée géniale, ou du moins hilarante.
- Ouais. Je suppose que je finirai par m'habituer à tes vannes stupides.
Angele
Je suis Envey dans le couloir, on longe les murs pour pas se faire repérer. C’est dingue pour une fois elle a été gentille. Et moi comme une conne j’ai pas pu m’empêcher de la vanner… ARGH ! Mais c’est une technique de prévention, attaquer avant l’autre… Si je foire mes études je pourrai toujours devenir militaire. Ou politicienne. On arrive devant la chambre. Elle frappe et Seb nous ouvre, et d’après la tronche qu’il tire, il est surpris. Il s’apprête à parler mais Envey le prends de vitesse.
- Je l’ai invitée.
- Hmmm, ok. Entrez.
Wouaaah, il est… wouaaah ! Argh, moi qui croyais que ma pseudo-hystérie m’était passée depuis notre petite descente… Enfin, là il est quand même à torse nu… Je me surprends à jalouser Peter. En parlant de lui, il est allongé sur son pieu et écoute de la zik les yeux fermés. Seb donne un coup de pied dans son sommier et il se relève en sursaut. Il me jette un regard étonné.
- Angie ?!
- Elle m’a invitée…
Merde, elle a vraiment dû leur dire qu’elle me détestait vu leurs réactions… Sébastian s’allonge sur son lit et allume un joint. Je reste debout comme une conne devant la porte jusqu’à ce qu’Envey me lance un pouf dessus. C’est tout juste si je ne me pète pas la gueule mais je la remercie et après l’avoir posé sur le sol, m’assieds dessus. De son côté, elle va mettre un CD et je reconnais dès les premières secondes Southern Girl d’Incubus. Envey va rejoindre Seb sur son pieu et se blottit dans ses bras. Je ferme les yeux et m’imagine à sa place…
We can do anything that turns you up
And sets you free
And sets you free
Je les rouvre et croise le regard de Sébastian. Si on peut appeler ça croiser… Il me fixe et articule silencieusement les paroles,
You're an exception to the rule
You're a bona fide rarity
You're all I ever wanted
You're a bona fide rarity
You're all I ever wanted
comme s’il s’adressait directement à moi. Je me lève, m’approche de lui et l’embrasse. Non, je suis toujours assise. Mais j’envisage la possibilité de mettre mes pensées en pratique… Quoique je suis trop consciente pour ça pour faire plus que simplement l’envisager. Un peu d’alcool m’aiderait à me détendre. Je tourne la tête et brise le lien qui s’était formé l’espace de quelques instants entre lui et moi. Les secondes passent, la chanson prend fin et
I've been outside
Invited in
But I couldn't abide
Invited in
But I couldn't abide
Elliott Smith prend le relais, sa voix raisonne dans ma tête et dans mon cœur, Seb me passe le joint, je tire une taffe…
To find some beautiful place to get lost
mais non, décidément c’est pas mon truc. Je le lui rends et me souviens de ce que sa sœur m’avait dit le premier soir.
- Tu as du whisky ?
Il me dévisage, étonné.
- Tu aimes ça ?!
- Ouais, j’adore.
Il me sourit. Je craque plus que jamais.
- Moi aussi, mais je sais pas s’il m’en reste…
Il va fouiller dans son sac et en ressort une bouteille qui en plus d’être plutôt petite est à moitié vide. Oui, quand c’est de l’alcool, c’est jamais à moitié plein.
- Tiens… C’est ma seule, désolée… T’as qu’à la finir.
Il vérifie que le bouchon est bien fermé puis me la lance.
- Merci
Je l’attrape au vol, l’ouvre et prends une gorgée.
Well I don't know where I'll go now
Le liquide descend, m’enflammant la gorge.
And I don't really care who follows me there
Je souris, ce goût me manquait.
But I'll burn every bridge that i cross
And find some beautiful place to get lost
And find some beautiful place to get lost
Peter
And find some beautiful place to get lost
Angie est en train de vider sa bouteille et Envey se lève. Elle va chercher un cahier et un crayon et après être retournée dans les bras de Stian se met à la dessiner. Angie proteste un peu mais finit par s’en foutre, l’alcool aidant sûrement un peu à sa détente. Les premières notes d’Honey and the moon de Joseph Arthur viennent flotter dans l’air
Don't know why I'm still afraid
If you weren't real I would make you up
Now
If you weren't real I would make you up
Now
pendant que je détaille son visage. Envey a beau être douée, jamais elle n’arrivera à faire son portrait. Ce n’est pas qu’elle est belle, c’est plus que ça. Elle dégage un charme fou, un truc indescriptible, à mes yeux en tout cas. Je l’aime. Alors que je ne rêve que de pouvoir la serrer contre moi, l’embrasser, de son côté tout ce qu’elle veut c’est Seb,
But right now
Everything you want is wrong,
Everything you want is wrong,
mais je la comprends. Je suis pas moche, mais face à lui je souffre pas la comparaison. Il est beau, intelligent, marrant, gentil et moi je suis… Peter. Pfff. Peu importe, c’est mon amie, et c’est déjà bien. Du moment que je peux
Ever since I've been with you
You hold me up
All the time I've falling down
You hold me up
All the time I've falling down
la voir, je demande pas plus. Je me lève et me dirige vers la salle de bain. Envie de pisser.
Sébastian
« TOC TOC TOC »
- Allez debout les garçons ! Je veux vous voir prêts dans le hall d’entrée dans 20 minutes ! Hop hop hop ! J’ai prévenu les filles il y a déjà dix minutes alors dépêchez vous si vous ne voulez pas arriver après elles comme les fillettes que vous êtes ! On se lève !
J’ouvre doucement les yeux. Quelle chose agréable que de se faire réveiller de la sorte…Un prof de gym bodybuildé qui marche sûrement aux amphét’ qui vient taper à votre porte en gueulant alors qu’il est à peine 4h. Encore heureux qu’il ne soit pas entré, je me demande comment on aurait fait pour expliquer la présence de demoiselles dans nos pieux. Je me redresse, Envey quant à elle s’enfouit sous la couette en maugréant. Je rigole, elle n’est vraiment plus du tout matinale depuis qu’on est arrivés ici, faut dire qu’avant, notre rythme de vie était tout autre. Je prends mon coussin et l’envoie sur Pete et Angie.
- Réveillez-vous bande de loques !
Peter se redresse soudainement avant de se laisser tomber en arrière en frôlant le mur de sa tête en marmonnant un « C’est trop dur ! Fait même pas jour ». Angele, éveillée à cause du mouvement brusque de Pete, est la première à poser pied à terre. C’est à moitié endormie et les cheveux en bataille qu’elle se dirige vers la salle de bain. Je me lève et m’étire. J’entre à mon tour dans la salle d’eau, évitant in extremis une collision avec Angie. Je vais vers le lavabo et me passe de l’eau sur le visage. Ca ne va pas suffire à enlever cette impression qu’un voile m’entoure. Bon puisque c’est comme ça… Sans ôter mon pantalon je me glisse sous la douche, Angele fait de grands yeux genre « Mais qu’est-ce que tu fous ?! ». Sans lui donner de réponse je la prends par les épaules et l’amène sous l’eau froide.
- Aaaaah t’es fou ! C’est gelé en plus !
A nouveau je ne dis rien et me contente de lui sourire. On reste ainsi quelques secondes à se regarder sous l’eau puis j’éclate de rire. Elle me regarde étonnée, je m’explique.
- Désolé, quand je t’ai prise avec moi sous la douche je n’ai pas vu que tu portais un-t-shirt blanc.
Elle devient rouge, elle aussi semble l’avoir oublié l’espace d’un instant. Elle croise les bras pour cacher sa poitrine. Quelqu’un tousse, je tourne la tête et vois Envey appuyée contre l’embrasure de la porte, un sourire narquois sur les lèvres. Heureusement qu’elle n’est pas du genre méfiante. N’allez pas penser qu’elle est juste naïve ou trop sûre d’elle pour être jalouse. Elle sait que je ne la tromperais pas, c’est tout, et non ce n’est pas ce que j’appellerais être prétentieuse, elle a juste confiance en moi.
- Je vous gêne peut-être ?
Je lui rends son sourire.
- Non non. Tu veux venir ? Elle est bonne.
Elle rit et continue sur le ton de la plaisanterie.
- L’eau ou la fille ?
- Mh…
Je dirige mon regard vers Angele. Ah ça y est, elle me prend pour un dingue enfin, en tout cas elle ne doit pas tout comprendre à la réaction de ma Vey.
- …les deux non ?
Pete débarque, prêt à aller courir. Il s’arrête mais continue à courir sur place et nous regarde avec un air interrogateur
- Qu’est-ce que vous glandez ?
- C’est bon, on arrive.
Envey et Peter sortent et à nouveau je me retrouve seul avec elle. Je sors de la douche, m’empare d’un linge puis m’approchant d’elle, le lui met sur les épaules. Je lui souris avant de partir rejoindre les deux autres. Une fois tout le monde prêt, on se précipite jusqu’au hall, non sans avoir au préalable fait un tour par la chambre des filles pour qu’elles puissent se changer. On arrive pile à l’heure grâce au sprint dans les couloirs, l’enseignant nous attend dans la posture du « Prof de gym », c’est-à-dire jambes écartées, bras croisés, regard sérieux et sévère tout en étant incroyablement vitreux et sifflet en bouche. A côté de lui je vois Franklin.
Envey
- Plus vite plus vite plus vite !
Cet enfoiré bourré de testostérone nous regarde courir sans bouger d’un pouce. J’ai toujours détesté les profs de gym qui faisaient ça. Il nous fait faire le tour de ce putain de terrain depuis bientôt une demi-heure, j’suis crevée, on a presque pas dormi. Stian et Pete sont plus loin devant, normal ils courent plus rapidement. Angie et moi on se coltine Franklin qui parle d’après ce que j’ai cru comprendre, de dissection d’amphibiens.
- …le plus drôle dans tout ça c’est quand vient le moment de leur enlever les intestins et…
Si j’avais déjà déjeuné j’aurai tout rendu sur la pelouse ; moi et la biologie ça fait 2. Angele non plus ne l’écoute pas vraiment, elle matte Seb. Argh, j’aime pas ça. De plus, il joue sûrement avec elle, comme il le fait avec toutes les filles, elle risque de déchanter sévère. Soudain, il enlève son t-shirt et l’envoie valser dans les gradins. Parfois j’aimerais être un gars juste pour pouvoir faire ça quand j’ai chaud. Le prof de gym râle.
- Owenn ! Rhabillez vous immédiatement !
- Mais monsieur, j’ai chaud. C’est que mon t-shirt !
Pete en rajoute avec un grand sourire.
- Dans le sport qu’il aime pratiquer, il ôte aussi tout le reste alors estimez-vous heureux !
- Ce que vous faites ensemble dans l’intimité de votre chambre ne me regarde pas ! Courez bande de larves !
Au tour de Franklin de répliquer.
- Les larves sont des êtres dotés d’une intelligence incroyable et d’une sensibilité exacerbée !
- Monsieur Colin, veuillez éviter vos commentaires douteux !
Je me tourne vers Angie, toujours sans m’arrêter, et lui murmure.
- Attends, Franklin Colin ?
- Les parents cruels…ou ivres.
On part dans un fou rire et les « Qu’est-ce que vous avez ? » de Colin n’arrangent rien. On est forcées de s’arrêter pour reprendre notre respiration.
- J’en peux plus c’est de la torture…
- Ouais ch’uis trop morte.
- Encore combien de temps à faire ça ?
- 40 minutes et après le déjeuner, on a cour de gym, encore avec ce débile.
Je soupire. Les gars ont bientôt fait un tour de plus que nous, Franklin, lui, a continué seul, sans, me semble-t-il, avoir remarqué notre absence. Stian et Pete arrivent à notre hauteur et s’arrêtent. Seb me prend par la taille.
- Ca va ma puce ?
- Ouaip, juste un peu marre de tourner en rond.
- Oh… pauvre choupette.
Je le frappe. Le prof de gym se remet à gueuler.
- Continuez à courir c’est loin d’être fini ! Même Christopher Reeve est plus rapide que vous !
Peter demande.
- Reeve n’est pas en chaise roulante ?
Ce à quoi Angie répond qu’il est mort.
- Allez !Bougez-vous !
- Roooh…
Peter et Angele se remettent immédiatement à faire des tours. Stian me regarde.
- T’es sure que ça va ?
- …Ouais, ça va.
- Plus envie de courir ?
- Non vraiment plus.
- Bon alors…
Il me tourne le dos et me fait signe de grimper.
- Non arrête…
- Rolala !
Sans que j’ai pu anticiper le coup il m’attrape par la taille et me jette sur son épaule avant de se remettre à courir et de rattraper les autres. Je tambourine dans son dos.
- Ah !Lâche-moi !!!
- Non et arrête ça tu vas te faire mal ma puce.
On rejoint bien vite Angie et Pete.
- Et pourquoi personne ne me porte moi ?
- Parce que t’es un mec !
Franklin, sautant sur l’occasion, pique un sprint et se retrouve à nos côtés.
- Je te porte moi si tu veux Sul’ !
Un silence gêné accueille sa proposition et on accélère pour le semer. Stian envoie un coup de coude à son pote.
- Mon chou j’crois que t’as un ticket.
- Roh ta gueule Frank ne m’intéresse pas.
- Ouais ouais, alors pourquoi t’arrêtes pas de le reluquer hein ?
- N’imp ! La drogue ça te réussit pas !
Angele
On termine notre heure de gym et après une pause remaquillage on se dépêche d’aller dans la salle à manger prendre notre ptit déj’. Comme c’est un buffet, on peut bouffer ce qu’on veut. Je me sers un bol de céréales et un café tandis qu’Envey se contente d’une pomme. Seb et Pete sont déjà installés à une table et ils nous font signe de les rejoindre. Ils se bâfrent de donuts et devant mon expression écœurée s’exclament :
- Bah quoi ? C’est affamant de courir !
- Mouais.
Envey croque bruyamment dans sa pomme. Je mets mon visage en dessus de ma tasse et je respire la vapeur qui s’en dégage, dans le but de dissiper celle qu’il y a dans mon esprit. Au bout d’un moment, je me décide à manger. Lorsque j’ai fini mon bol, je leur lance un regard accusateur. Pete me tend une pâtisserie.
- T’en veux ?
- Non, je dois pas grossir, ça me rendrait encore plus moche !
- Roooh, dis pas n’importe quoi, t’es adorable !
Je sursaute, je n’avais pas remarqué la présence de Franklin.
- Depuis quand t’es là toi ?!
- Bah… ch’uis arrivé avant toi…
- Oh… Tu veux bien aller me chercher un autre café ?
Envey se mord la lèvre pour ne pas éclater de rire. C’est cool, depuis hier on s’entend mieux. Je sais pas pourquoi elle a changé de comportement vis à vis de moi.
- Ca aurait été avec plaisir mais on va pas avoir le temps !
Je regarde autour de moi et réalise que la pièce est presque vide. On se lève tous, direction le terrain pour une nouvelle heure de torture.
« TOC TOC TOC »
- Allez debout les garçons ! Je veux vous voir prêts dans le hall d’entrée dans 20 minutes ! Hop hop hop ! J’ai prévenu les filles il y a déjà dix minutes alors dépêchez vous si vous ne voulez pas arriver après elles comme les fillettes que vous êtes ! On se lève !
J’ouvre doucement les yeux. Quelle chose agréable que de se faire réveiller de la sorte…Un prof de gym bodybuildé qui marche sûrement aux amphét’ qui vient taper à votre porte en gueulant alors qu’il est à peine 4h. Encore heureux qu’il ne soit pas entré, je me demande comment on aurait fait pour expliquer la présence de demoiselles dans nos pieux. Je me redresse, Envey quant à elle s’enfouit sous la couette en maugréant. Je rigole, elle n’est vraiment plus du tout matinale depuis qu’on est arrivés ici, faut dire qu’avant, notre rythme de vie était tout autre. Je prends mon coussin et l’envoie sur Pete et Angie.
- Réveillez-vous bande de loques !
Peter se redresse soudainement avant de se laisser tomber en arrière en frôlant le mur de sa tête en marmonnant un « C’est trop dur ! Fait même pas jour ». Angele, éveillée à cause du mouvement brusque de Pete, est la première à poser pied à terre. C’est à moitié endormie et les cheveux en bataille qu’elle se dirige vers la salle de bain. Je me lève et m’étire. J’entre à mon tour dans la salle d’eau, évitant in extremis une collision avec Angie. Je vais vers le lavabo et me passe de l’eau sur le visage. Ca ne va pas suffire à enlever cette impression qu’un voile m’entoure. Bon puisque c’est comme ça… Sans ôter mon pantalon je me glisse sous la douche, Angele fait de grands yeux genre « Mais qu’est-ce que tu fous ?! ». Sans lui donner de réponse je la prends par les épaules et l’amène sous l’eau froide.
- Aaaaah t’es fou ! C’est gelé en plus !
A nouveau je ne dis rien et me contente de lui sourire. On reste ainsi quelques secondes à se regarder sous l’eau puis j’éclate de rire. Elle me regarde étonnée, je m’explique.
- Désolé, quand je t’ai prise avec moi sous la douche je n’ai pas vu que tu portais un-t-shirt blanc.
Elle devient rouge, elle aussi semble l’avoir oublié l’espace d’un instant. Elle croise les bras pour cacher sa poitrine. Quelqu’un tousse, je tourne la tête et vois Envey appuyée contre l’embrasure de la porte, un sourire narquois sur les lèvres. Heureusement qu’elle n’est pas du genre méfiante. N’allez pas penser qu’elle est juste naïve ou trop sûre d’elle pour être jalouse. Elle sait que je ne la tromperais pas, c’est tout, et non ce n’est pas ce que j’appellerais être prétentieuse, elle a juste confiance en moi.
- Je vous gêne peut-être ?
Je lui rends son sourire.
- Non non. Tu veux venir ? Elle est bonne.
Elle rit et continue sur le ton de la plaisanterie.
- L’eau ou la fille ?
- Mh…
Je dirige mon regard vers Angele. Ah ça y est, elle me prend pour un dingue enfin, en tout cas elle ne doit pas tout comprendre à la réaction de ma Vey.
- …les deux non ?
Pete débarque, prêt à aller courir. Il s’arrête mais continue à courir sur place et nous regarde avec un air interrogateur
- Qu’est-ce que vous glandez ?
- C’est bon, on arrive.
Envey et Peter sortent et à nouveau je me retrouve seul avec elle. Je sors de la douche, m’empare d’un linge puis m’approchant d’elle, le lui met sur les épaules. Je lui souris avant de partir rejoindre les deux autres. Une fois tout le monde prêt, on se précipite jusqu’au hall, non sans avoir au préalable fait un tour par la chambre des filles pour qu’elles puissent se changer. On arrive pile à l’heure grâce au sprint dans les couloirs, l’enseignant nous attend dans la posture du « Prof de gym », c’est-à-dire jambes écartées, bras croisés, regard sérieux et sévère tout en étant incroyablement vitreux et sifflet en bouche. A côté de lui je vois Franklin.
Envey
- Plus vite plus vite plus vite !
Cet enfoiré bourré de testostérone nous regarde courir sans bouger d’un pouce. J’ai toujours détesté les profs de gym qui faisaient ça. Il nous fait faire le tour de ce putain de terrain depuis bientôt une demi-heure, j’suis crevée, on a presque pas dormi. Stian et Pete sont plus loin devant, normal ils courent plus rapidement. Angie et moi on se coltine Franklin qui parle d’après ce que j’ai cru comprendre, de dissection d’amphibiens.
- …le plus drôle dans tout ça c’est quand vient le moment de leur enlever les intestins et…
Si j’avais déjà déjeuné j’aurai tout rendu sur la pelouse ; moi et la biologie ça fait 2. Angele non plus ne l’écoute pas vraiment, elle matte Seb. Argh, j’aime pas ça. De plus, il joue sûrement avec elle, comme il le fait avec toutes les filles, elle risque de déchanter sévère. Soudain, il enlève son t-shirt et l’envoie valser dans les gradins. Parfois j’aimerais être un gars juste pour pouvoir faire ça quand j’ai chaud. Le prof de gym râle.
- Owenn ! Rhabillez vous immédiatement !
- Mais monsieur, j’ai chaud. C’est que mon t-shirt !
Pete en rajoute avec un grand sourire.
- Dans le sport qu’il aime pratiquer, il ôte aussi tout le reste alors estimez-vous heureux !
- Ce que vous faites ensemble dans l’intimité de votre chambre ne me regarde pas ! Courez bande de larves !
Au tour de Franklin de répliquer.
- Les larves sont des êtres dotés d’une intelligence incroyable et d’une sensibilité exacerbée !
- Monsieur Colin, veuillez éviter vos commentaires douteux !
Je me tourne vers Angie, toujours sans m’arrêter, et lui murmure.
- Attends, Franklin Colin ?
- Les parents cruels…ou ivres.
On part dans un fou rire et les « Qu’est-ce que vous avez ? » de Colin n’arrangent rien. On est forcées de s’arrêter pour reprendre notre respiration.
- J’en peux plus c’est de la torture…
- Ouais ch’uis trop morte.
- Encore combien de temps à faire ça ?
- 40 minutes et après le déjeuner, on a cour de gym, encore avec ce débile.
Je soupire. Les gars ont bientôt fait un tour de plus que nous, Franklin, lui, a continué seul, sans, me semble-t-il, avoir remarqué notre absence. Stian et Pete arrivent à notre hauteur et s’arrêtent. Seb me prend par la taille.
- Ca va ma puce ?
- Ouaip, juste un peu marre de tourner en rond.
- Oh… pauvre choupette.
Je le frappe. Le prof de gym se remet à gueuler.
- Continuez à courir c’est loin d’être fini ! Même Christopher Reeve est plus rapide que vous !
Peter demande.
- Reeve n’est pas en chaise roulante ?
Ce à quoi Angie répond qu’il est mort.
- Allez !Bougez-vous !
- Roooh…
Peter et Angele se remettent immédiatement à faire des tours. Stian me regarde.
- T’es sure que ça va ?
- …Ouais, ça va.
- Plus envie de courir ?
- Non vraiment plus.
- Bon alors…
Il me tourne le dos et me fait signe de grimper.
- Non arrête…
- Rolala !
Sans que j’ai pu anticiper le coup il m’attrape par la taille et me jette sur son épaule avant de se remettre à courir et de rattraper les autres. Je tambourine dans son dos.
- Ah !Lâche-moi !!!
- Non et arrête ça tu vas te faire mal ma puce.
On rejoint bien vite Angie et Pete.
- Et pourquoi personne ne me porte moi ?
- Parce que t’es un mec !
Franklin, sautant sur l’occasion, pique un sprint et se retrouve à nos côtés.
- Je te porte moi si tu veux Sul’ !
Un silence gêné accueille sa proposition et on accélère pour le semer. Stian envoie un coup de coude à son pote.
- Mon chou j’crois que t’as un ticket.
- Roh ta gueule Frank ne m’intéresse pas.
- Ouais ouais, alors pourquoi t’arrêtes pas de le reluquer hein ?
- N’imp ! La drogue ça te réussit pas !
Angele
On termine notre heure de gym et après une pause remaquillage on se dépêche d’aller dans la salle à manger prendre notre ptit déj’. Comme c’est un buffet, on peut bouffer ce qu’on veut. Je me sers un bol de céréales et un café tandis qu’Envey se contente d’une pomme. Seb et Pete sont déjà installés à une table et ils nous font signe de les rejoindre. Ils se bâfrent de donuts et devant mon expression écœurée s’exclament :
- Bah quoi ? C’est affamant de courir !
- Mouais.
Envey croque bruyamment dans sa pomme. Je mets mon visage en dessus de ma tasse et je respire la vapeur qui s’en dégage, dans le but de dissiper celle qu’il y a dans mon esprit. Au bout d’un moment, je me décide à manger. Lorsque j’ai fini mon bol, je leur lance un regard accusateur. Pete me tend une pâtisserie.
- T’en veux ?
- Non, je dois pas grossir, ça me rendrait encore plus moche !
- Roooh, dis pas n’importe quoi, t’es adorable !
Je sursaute, je n’avais pas remarqué la présence de Franklin.
- Depuis quand t’es là toi ?!
- Bah… ch’uis arrivé avant toi…
- Oh… Tu veux bien aller me chercher un autre café ?
Envey se mord la lèvre pour ne pas éclater de rire. C’est cool, depuis hier on s’entend mieux. Je sais pas pourquoi elle a changé de comportement vis à vis de moi.
- Ca aurait été avec plaisir mais on va pas avoir le temps !
Je regarde autour de moi et réalise que la pièce est presque vide. On se lève tous, direction le terrain pour une nouvelle heure de torture.
14 commentaires:
Sans perdre du temps je file au chapitre 4 ... Encore bravo à vous deux ! ^^
Une porte qui ne peut s'ouvrir que de l'extérieur....alors que c'été censé être d'anciennes chambres.....Désolé, mais sur cette idée la j'accroche pas trop..............Et merde......c'est le seul défaut que j'ai réussi a trouver, je vais pas être crédible !!
Ouai, elle est très bien cette fic, Pas vraiment de défauts (a part la porte) donc, je ne voit rien d'autre a dire que: Il arrive quand le Chapitre 4 ?
Un chapitre 3 encore comment dire... excellent ! succullent même, à ce niveau là c'est de l'art culinaire, de la gastronomie littéraire ! Et fort heureusement, on a évité l'écueil du sous-sol hanté ! Un vrai délice, et encore et toujours du talent !
Euh question entre nous, l'Irlande c'est un clin d'oeil ?!
En tout cas, bravo et vivement la suite,
kisses,
Trencavel.
toujours aussi bien, limite si je ne préfère pas cette fic là...
j'aime beaucoup ton insistance sur la musique et le rôle qu'elle peut avoir dans chaque instant de notre vie... fais peut etre attention cependant à ce que dans l'avenir ça ne vire pas trop au mièvre en angele et Sebastian... mais bon c'est une recommandation inutile puisque tu sais toujours très bien déméler ton noeud dans ces iontrigues "que je comprends même pas comment ça peut finir bien mais qu'il faut asolument que ça finisse bien"...
en tous cas j'attends la suite comme d'habitude avec plus d'impatience encore... DEPECHE TOI!!!!!
Mwahahahaha "Franklin Colin", Go, je te promets, je saurai d'où elles ont pu récupérer ces informations... Mwahahahaha.
Bon en tout cas, il m'a l'air d'un brave type ce prof de gym :D. Allez c'est bien les filles, continuez ;).
haa dsl pas encore commenté le chap 3 ^^ mais je le fais quand même pour prouver que je suis avec attention votre fic, voila contente ?
Ben... comme d'hab quoi, exellent. Jevous ais déjà dis se que tout les lecteurs attendent mnt xD... A vos claviers !
Toujours aussi agreable a lire!
Continuez comme ca.
alors mamzel iris, attention , commentaire à 2 h du mat, je promets rien ^^
pour commencer , bravo :) jtrouve que tu écris de mieux en mieux, et tu deviens repérable ( angele et pete :p) ^^
ensuite, CA TUE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! :) franchement , l'histoire est bien , les perso aussi , ça le fait ^^
AH!!! et le petit + qui déchire tout ^^ : les musiques citées tuent. Vive Elliott Smith !!! ( et merci à toi iris de me l'avoir fait découvrir :p)
Voilà voilà bah sur ce, continuez comme ça , ne changez rien ,c'est nickel ! et vivement le chapitre 4 !!!
Bien que je sois plus fan de grand récits fatalistes (genre 1984) ou de SF, j'ai trouvé ses trois premiers chapitres passionnants, j'ai hâte de connaitre la suite.
Mais je pense que de trop grandes références à une culture plutôt très actuels (4 8 15 16 23 42 :D), risque de dérouter les lecteurs si le texte est encore lu dans dix ans.
Et je pense qu'une narration qui profiterait d'avantage d'événement extérieurs (tournoi de sport, visite de parents,...) au groupe de héros, permettrait des variations d'intrigue (plus seulement qui va finir avec qui, même si je caricature :$
pas mal du tout, go on, girls! écouter la zic en même temps ça donne vachement le ton de l'histoire :-)
Toujours très bien mené, mis à part que j'aurais coupé le texte différemment pour ma part.
Sinon pour ne pas changer: Rien à redire.
Peut-être besoin en effet de voir un peu plus de gens encore que Franklin semble amener un peu de fraîcheur ce qui aide pas mal à renouveler encore l'intérêt (qui était déjà très haut... J'ai plein de trucs à faire et du coup bah je suis en train de lire... Malin ça ...)
mené tambour battant celui-là !
L'effet de la présence des musiques est vraiment fort
je n'ai pas une grosse expérience des histoires écrites, mais c'est quand même important de mettre les protas face à quelques évènements bien ciselés ; histoire de bien saisir leur comportements, leurs profils psychologiques.
Bon, je fais durer le plaisir, je m'arrête là pour ce soir !
Voila je viens d'achever ce chapitre 3 c'était comme les précédents : génialissime :)
wahou
bon bah je pense que je continuearis demain!
vraiment super, j'aime bien le fait qu'il y ait un rapprochement rapprochement entre les deux filles,
je l'attendais...
donc voila
j'aime vraiment ce que vous faites et t'inquietes Iris, je posterais les commentaires pour les autres quand je pourrais cette semaine...bientot le chapitre 9...attention!
allez a+ les filles
PS:je vais essayer de me procurer la zik a la rentrée!
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