Chapitre 2
Chapitre 2
Angele
J’attends, assise devant une porte. On doit tous passer une demi-heure chaque deux semaines chez la psy. Très utile. Je suis un peu en avance, suffisamment pour voir un type plutôt baraqué émerger de la pièce en chialant comme un gosse. Mince, je pensais que ça existait que dans les talk-shows à la Jerry Springer. J’appréhende encore plus du coup. Une femme d’une trentaine d’années sort à son tour et le rattrape un peu plus loin. D’après ce que je peux comprendre, elle lui dit que c’est tout à fait normal qu’il culpabilise mais que ce n’était pas sa faute s’il avait oublié que sa grand-mère était mortellement allergique aux cacahuètes. Elle lui donne un mouchoir en papier et me rejoint.
- Tu peux entrer !
Je lui obéis. Oh mon dieu. Un divan.
- Allonge-toi seulement.
- Je suis obligée ?
- Oui.
- Erf.
Je prends place. Totalement inconfortable. Elle me fixe, espérant sûrement que je commence à lui confier mes secrets les plus intimes. Elle peut toujours rêver. Je repense à la semaine qui se termine, enfin, presque, on est dimanche. Comme Envey squatte toujours leur chambre, Pete a fait sa connaissance. D’après lui c’est une fille adorable; on doit pas avoir conversé avec la même personne. Enfin, si on peut qualifier nos échanges monosyllabiques de conversations. Je passe des nuits blanches seule dans ma piaule, incapable de trouver le sommeil. L’impression de n’avoir personne. C’est stupide, surtout quand on sait que Pete est venu ici juste pour me tenir compagnie, mais c’est comme ça. J’ai « fais la connaissance » de tous les profs de ce foutu établissement et ils ont tous l’air plus barrés les uns que les autres. Entre celui d’histoire qui est persuadé que la troisième guerre mondiale est pour bientôt et qui est ravi de pouvoir assister à un tel évènement, celui d’art qui porte toujours un béret et qui a un accent Greco-Germano-Italien, la psy et sa sœur jumelle directrice, et d’autres phénomènes tels que la prof de français dépressive, on pourrait presque faire une sitcom. Et en plus on aurait une super audience. Au bout d’un long moment, elle finit par parler... ou du moins, émettre un bruit.
- Heum.
- Oui madame ?
- Mademoiselle.
- Ca m’étonne pas.
Elle grimace. Tant mieux.
- Comment vas-tu ?
- Ca vous intéresse vraiment ce genre de futilités ?
- Parle-moi.
Je baille.
- J’ai des amis pour ça.
- Ah ? Vraiment ?
- Vous êtes réellement psy ?
- Oui. Pourquoi tu me demandes ça ?
- Je sais pas, vous en avez pas l’air.
- C’est à dire ?
- J’en sais rien.
Un nouveau silence s’installe. Je l’observe un peu mieux. Plutôt jeune, cheveux noirs, yeux bleus. Elle porte un tailleur blanc et des lunettes ovales à montures noires.
- Pourquoi vous mettez pas des lentilles ?
- Je te demande pardon ?
- Vos yeux. Ils sont beaux mais…
- Je veux pas ressembler à ma frustrée de sœur. Du coup…
- Mouais.
- Mais on est pas ici pour parler de moi. Qu’est-ce qui a fait que tes parents t’ont mise à O’Brien ?
Pour qui elle se prend pour me demander ça ?! Ah oui, ma psy, j’oubliais.
- J’ai essayé de me suicider.
- Pourquoi ?
A ton avis grosse conne ?! Me force pas à le dire, en plus t’es sûrement déjà au courant !
- Ils ont pas reconduit ma série préférée, je l’ai pas supporté. Mais vous comprenez, Ephram était si craquant dans son rôle de pianiste torturé.
J’espère qu’elle capte l’ironie.
- Donc la mort de ton frère c’est secondaire ?
Aoutch. Merde, d’où elle sort pour avoir si peu de tact ?
- Si vous le saviez, pourquoi vous me l’avez demandé ?
- Parce que lire ton dossier ne m’avancera à rien.
- Je suis censée faire quoi là ? Vous dire que j’étais malheureuse, que la vie me dégoûtait et que, vu que j’avais pas la chance d’avoir un cancer, j’ai dû essayer de mettre un terme à cette dernière à l’aide de pilules ? Qu’au final je trouvais ça mieux, parce que moi au moins si un type me sauvait je garderais mes cheveux ? Non, je crois pas.
Ma voix se brise et je m’arrête. Envie de pleurer qui ressurgit, mais je refuse. Pas devant elle.
- Tu l’aimais ?
- Mason ? Plus que tout. Il veillait sur moi. Quand il est parti j’ai… Craqué.
- C’est un euphémisme… Il est écrit que tu as tenté de te suicider trois mois après lui. Que s'est-il passé entre temps ?
- Au début mes parents m’ont envoyée chez un psy, bien meilleur que vous soit dit en passant, et ont commencé à se détacher de moi. Ils passaient leur temps au boulot, de mon côté j’allais plus en cours. Puis j’ai fini par ne même plus me rendre aux séances. Ils n’ont jamais été mis au courant, je faisais tout pour qu’ils ne le soient pas faut dire. Je traînais dans les lieux où on avait l’habitude d’aller, lui et moi, repensant sans arrêt au passé, je me reprochais de n’avoir rien vu venir. Il avait pourtant l’air heureux. Pete passait son temps avec moi à cause d’une promesse qu’il lui avait faite, mais pour ce que ça m’aidait…
- Pete ?
- Son meilleur ami. Je pense que vous le verrez bientôt, il est aussi ici.
- D’accord. Parle-moi un peu de lui.
La minuterie posée sur son bureau se met à sonner.
- J’en doute. Une prochaine fois peut-être.
Je me lève et sors sans demander mon reste. C’était pas si affreux finalement.
Envey
- Ma puce ? Réveille-toi…
- Mmh… ?
- Allez princesse, debout.
J’ouvre les yeux puis les referme ; trop de lumière, je ne suis décidément pas diurne. Je décide de faire un effort, et puis après tout c’est pas comme si j’avais le choix. L’esprit encore embrouillé par le sommeil je me lève avant de replonger sous le drap. Merde à la fin ! Pourquoi on a pas des chambres individuelles ? La mode soutif et caleçon piqué à Stian c’est pas trop ça !
- Désolée Pete, j’avais oublié que t’étais là.
- Oh, y a pas de mal.
- … Et puis ça passe bien dès l’matin !
- Ouais, là je peux pas te contredire.
- Hey ! Bande de mateurs en manque !
- Ouais, j’avoue. Tu peux y remédier ma puce ?
- Ha ha ! Va te faire foutre Stian ! En plus je vais être en retard chez la psy.
Je sors du lit, ignorant Pete, et file dans la salle de bain. J’enfile un jeans, un corset et mes grolls puis m’attache les cheveux en laissant libres quelques tresses éparses et colorées. Je me maquille légèrement et j’ai pas vraiment d’autres possibilités puisque ce n’est pas ma piaule. Je ressors, ils me disent « merde » et jme casse à mon entrevue. Que vais-je bien pouvoir lui dire ? Rien, elle n’aura qu’à monologuer, car je ne lui raconterai rien. Qu’elle aille se faire mettre. La porte s’ouvre et la principale m’accueille.
- Madame la proviseur ?! Euh… J’ai dû me gourer de salle…
- Non non, tu me confonds avec ma connasse de sœur.
- Je savais pas que vous étiez sa jumelle…
- Non ! Je ne lui ressemble pas !
Elle s’éclaircit la gorge puis reprend comme si de rien n’était.
- Entre et allonge-toi
Voilà, pour une mise en confiance, c’est réussi ! Qui se fierait, en étant sain d’esprit, à quelqu’un qui lui dit une phrase pareille ?!? « Entre et allonge-toi » ?!? Mais c’est quoi ce délire ? J’ai beau discourir mentalement, je ne lui obéis pas moins pour autant.
- Comment vas-tu ?
- Si j’allais bien ch’serais ici ?
- Hum. Te plais-tu dans cet établissement ?
Se plaire dans un internat ?!
- Oh oui beaucoup, la vue à travers les barreaux est magnifique.
- Tu n'as pas tort, j’avais dit à ma sœur que ça faisait too much.
Elle essaie de se faire bien voir ou quoi ? J’ai déjà envie d’être ailleurs.
- C’est bon, vous avez fini, je peux m’en aller ?
- Déjà ? Pourquoi tu veux partir ?
- Pourquoi je voudrais rester ?
- Pour me parler ?
C’est bon, pour ça y a SOS sans amis.
- J’ai rien à vous dire…
- Je crois au contraire que tu as beaucoup à me confier mais que tu n’oses pas le faire.
- Pourquoi ?
- Tu as peur que je te juge.
Peur de se faire juger par…ça ?
- J’en ai rien à foutre de ce que pensent les gens.
- L’avis de ceux qui t’entourent ou t’aiment t’est égal ?
- … Absolument.
- Tu sais que tu as tort et tu persistes dans l’erreur ?
- Tout comme moi vous pensez avoir raison, il faudrait une tierce personne pour savoir qui de nous deux se trompe.
- Tu penses à Dieu ?
Merde c’est un internat de cathos ? J’éclate de rire.
- Je crois pas en Dieu.
- Tu crois en qui ?
On présumerait qu’elle veut m’enrôler dans sa secte…
- En toutes les choses tangibles.
- Tu crois en toi ?
- D’après vous, j’suis tangible ?
- Je sais pas, demandons à ton père.
Mon père ?! C’est quoi ce sous-entendu bidon ? Ce n’est pas parce que le sien la sautait que c’est pareil pour moi.
- J’en ai pas.
- Tout le monde a un père.
- Je suis l’exception qui confirme la règle.
- Qu’est devenu ton père biologique ?
- Pourquoi me le demander si c’est écrit dans le dossier que vous avez entre les mains ?
Quelle pétasse, enfoncer le couteau comme ça, ça se fait pas !
- Il est juste écrit que tes parents sont morts. Mais j’aimerais en savoir plus.
- Y a rien à dire de plus. Ils sont morts et enterrés. Fin de l’histoire.
- Tu fumes ?
Oui m’dame, Barclay bleues et Marijuana.
- J’vois pas l’rapport… Oui ou non qu’est-ce que ça change ?
- Il a été prouvé que nombre de jeunes fument pour extérioriser leur mal-être. Ca et les skyblogs.
Elle a donc un skyblog…
- J’espère que Sebastian ne deviendra jamais un aussi mauvais psy que vous.
- Qui ça ?
- Mon…
Le mot refuse de sortir. Allez Envey, reprends-toi, c’est pas le moment de tout faire foirer. Je respire un grand coup.
- … Frère.
- Ton… frère ? Pourquoi un si long silence ?
Je joue la carte du mensonge.
- Parce que ce n’est que mon frère adoptif.
- Mais…
Bipbipbip. Son réveil sonne, la demi-heure est passée plus vite que prévu. Je me lève avant qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit et lui tourne le dos pour partir. Après tout, ça a été.
- Attends voir.
Je stoppe net. Merde, qu’est-ce qu’elle me veut ? Je ferme les yeux deux secondes, pousse un grand soupire puis sans me retourner lui lance un « quoi encore ?! ».
- Ton dos… D'où viennent ces marques ?
Chier. Me faire griller pour une erreur de débutante c’est naze. Pourquoi ai-je oublié de le couvrir, comme je le fais habituellement en présence de personnes comme elle ? J’ai trop merdé. Je fais volte-face.
- C’est rien. J’ai ça depuis toute petite.
Elle s’approche de moi et me regarde droit dans les yeux. Elle tente sûrement de m’analyser comme la saleté de psy qu’elle est.
- Montre.
- Non. Foutez-moi la paix.
- On en parlera la prochaine fois.
- Non.
- C’est ce qu’on verra.
Comment veut-elle me forcer à causer ? Pétasse. Je m’en vais sans rien ajouter et part rejoindre Sebastian, j’ai besoin de lui, de sa présence.
Peter
Je viens d’apprendre un truc trop dément et je retourne dans ma chambre où Angele doit être en train de poireauter. Elle a eu sa séance chez la psy aujourd’hui et on s’était mis d’accord pour se rejoindre là-bas. Mais voilà, je suis resté plus longtemps que prévu dans la salle commune. J’adore jouer au billard - même si je suis totalement nul à ce jeu - et coup de bol on en a un. Je pousse la porte et la trouve à moitié endormie, une mèche brune lui retombant sur le visage. Je m’approche pour la remettre en place mais…
- Hey Angele, ton prince charmant est là.
Elle se redresse et je me tourne vers Envey. Je l’avais pas vue. Et merde.
- Un conseil Pete, essaie le GHB, au moins t’es sûr qu’elle se laissera faire.
Rah, pourquoi elle se comporte toujours comme ça quand Angie est là ? Normalement elle est si gentille…
- Très drôle, vraiment. Tu peux nous laisser ?
Cat fight ! J’hésite entre intervenir ou les laisser régler leurs problèmes… Ca peut être amusant. Surtout si je leur jette de la boue.
- Non, j’attends Seb. Et c’est pas une petite bourge qui va me foutre dehors.
- Comme tu veux, on aura qu’à t’ignorer, ça doit pas être dur.
- Je…
Je les coupe, craignant que ça dégénère.
- Ca suffit, arrêtez de vous engueuler, c’est lourd à force. J’ai une super nouvelle à vous annoncer !
- J’en ai rien à branler !
Envey se lève et va s’enfermer dans les toilettes.
Sebastian
Envey m’attends sûrement dans ma chambre. Sachant qu’Angele doit aussi y être avec Pete je me demande comment ça se passe. Non, en fait, je me suis déjà fait mon petit scénar’ ; lui et Angele causant côtes à côtes sur un des pieux, et sur l’autre ma petite ‘Vey qui fait son associale en squattant mon baladeur. Je ne la comprend pas, Angie l’insupporte alors qu’elle ne lui a jamais parlé, cette fille est pourtant adorable… A croire que ma chérie est vraiment bornée. J’entre dans ma chambre mais n’y trouve que Pete et Angie.
- Où est Envey ?
Comme pour répondre à ma question, celle-ci sort de la salle de bain et me lance un petit sachet rempli de poudre blanche dessus. Merde, elle l’a trouvée.
- Connard ! Tu vaux pas mieux que ton père ! T’es qu’un sale lâche ! Je te faisais confiance !
- ‘Vey je…
- Ta gueule ! Je veux pas de tes excuses bidons !
Peter et Angele assistent à la scène, médusés. Ils ne comprennent absolument pas ce qui se passe. Pete tente un petit « Qu’est-ce que… » mais je le dissuade de terminer sa question d’un simple regard.
- Ma puce, laisse-moi t’ex…
- Non ! Je te hais ! Tu m’avais promis de plus y toucher !
Elle a les larmes aux yeux, pris au cœur je ne sais que faire.
- Chérie…
A quoi bon m’expliquer ? J’ai vraiment pas assuré, je lui avais promis mais ça a été plus fort que moi. Je m’approche d’elle. Elle me gifle. Aïe. Ce n’est pas une petite baffe de cinéma mais plutôt une de celles qu’on envoie du dos de la main avec toute la force de son bras. Je sens ma joue qui rosit. Je me rapproche encore plus d’elle et stoppe sa main avant qu’elle ne m’atteigne à nouveau, en l’attrapant par le poignet. Je prends aussi l’autre et sans la lâcher l’attire tout contre moi. Des larmes coulent sur ses joues et son regard, d’habitude si amoureux, n’est pas triste mais juste rempli de haine. Le même qu’elle lançait à mon père. Je m’en veux d’avoir été aussi con.
- Excuse-moi ma puce…
Elle se débat légèrement afin que j’arrête de la tenir mais c’est vain.
- Arrête…
- Lâche-moi !
- Ma puce…
- LÂCHE-MOI PUTAIN !
Je plonge mes yeux dans les siens avant d’embrasser son front et de lui souffler tout doucement à l’oreille :
- Non.
Elle ne cesse de pleurer.
- Excuse-moi, je t’aime tu le sais très bien…
Elle ferme les yeux puis se laisse tomber à genoux. Je fais de même pour pouvoir la prendre dans mes bras. Je la serre contre moi et elle enfouit son visage dans mon cou.
Angele
Je viens d’assister à une scène qui n’aurait pas détonné dans un soap. Une de ces grosses disputes à la « The Young and the Restless ». Enfin, dans les séries, un des deux persos se barre de la pièce, laissant l’autre seul, aux prises avec sa conscience la plupart du temps endormie sous l’effet des anxiolytiques. Mais là non, ils se sont réconciliés de suite. Seul problème, je sais pas comment réagir. Ils sont adorables. Des frères et sœurs qui doivent sûrement coucher ensemble, mais des frères et sœurs adorables. Je suis un peu perturbée et, à en juger par la tronche qu’il tire, Pete aussi.
Peter
Je me demande depuis quand les pizzas existent... Je réalise d’un coup que je ne suis pas seul et que Seb et Envey sont à genoux dans les bras l’un de l’autre.
Angele
Cet imbécile de Pete brise le silence.
- On peut m’expliquer ce qui se passe entre vous ?
Je lui envoie un coup de coude dans les côtes. Ca n’avance à rien, mais c’est marrant. Il grimace et Seb se tourne vers nous.
- Ok, jouons cartes sur table. Vous pensez tous qu’Envey et moi on est frère et sœur ? Bah officiellement c’est le cas, mais elle a été adoptée y a 3 ans.
Mince, ça me fait donc une concurrente ! Je sais très bien que je peux pas rivaliser avec elle. Encore heureuse que Pete soit pas intéressé par lui sinon j’aurais vraiment plus la moindre chance.
- Ah, d’accord. Ca me rassure, jme disais que vous aviez une relation ambiguë pour des gens du même sang.
Ma petite intervention provoque un sourire chez Seb. Kyaaaa, je l’aime. Il continue.
- Avant que nos parents ne nous envoient ici, on se droguait. On s’est promis d’arrêter et moi j’ai pas tenu.
- Excusez-moi de vous interrompre, mais j’ai vraiment un truc de fou à vous proposer !
On se tourne tous vers Peter. Qu'est-ce que...
- Vous savez que le sous-sol est fermé, ils disent que c’est pour aménager les chambres, mais Franklin m’a confié que c’était en réalité parce qu’il y avait eu… UN MEURTRE !
- ... Et alors ?
Visiblement, les autres s'en fichent autant que moi.
- Bah, on y va ?
- Quoi de plus naturel que de vouloir aller dans un lieu où une pauvre gamine s’est fait sauvagement assassiner.
- Allez mon ange, soit pas si sarcastique ! On va s’amuser !
- Je vois pas l’intérêt…
Seb se redresse et aide Envey à faire de même.
- On peut toujours aller y jeter un œil, on a du temps à tuer. Tu viens ma chérie ?
- Ouais, jvous suis.
Ils se dirigent tous vers la porte et Pete se retourne. Roh, et puis merde. Même si ça n'a aucun intérêt, j'ai pas envie de m'ennuyer.
- Tu viens ?
- Ouais.
Je me lève et les rattrape. Here we go.
Envey
Sebastian me tient par la taille alors qu’on descend les longs escaliers en spirale qui mènent au sous-sol. Pete s’est fait une ceinture avec le ruban « Interdiction d’entrer » qui barrait le passage. Je le sens mal ce plan, c’est vraiment une idée foireuse, et surtout c’est vraiment pas le moment de faire un truc pareil ! Après ce qui s’est passé, il m’est impossible de faire comme si de rien n’était. Je sais que pour Stian c’est pareil et qu’il est mal à l’aise même s’il ne le montre vraiment pas, la seule raison pour laquelle il a appuyé la requête de Peter c’était pour se sortir de cette situation gênante. Pete, qui marche devant, pousse l’interrupteur une fois au niveau inférieur.
- La lumière a pas l’air de fonctionner.
- Dans le genre mauvais film d’horreur…
- Mon ange, arrête tes répliques qui bousillent le moindre semblant d’ambiance. Allez on y va !
Mauvais pressentiment.
- Pete t’es sûr de toi ?
- Oh ! Envey flipperait-elle ? Non je ne sais même pas où tout ça mène !
- …Super, me voilà rassurée.
Sebastian me serre un peu plus contre lui avant de me murmurer.
- Il peut rien t’arriver, c’est qu’un sous-sol miteux.
On s’enfonce donc plus ou moins à l’aveuglette, guidés par le peu de lumière que nous fournissent nos portables. Soudain, une porte. Il était temps, ce couloir semblait n’avoir aucune utilité ! On pénètre donc dans la chambre qui porte le numéro un. Un lit pourri, de la poussière, je commence à me demander pourquoi je suis venue ici…Sebastian me lâche et j’ai à peine le temps de voir où il va que l’obscurité l’a déjà enveloppé.
- Stian ?
Personne ne répond. Ha ha, j’adore, vraiment, s'il me fait peur, je lui en fous une. Je regarde autour de moi. Et merde ! Où sont les deux autres ? Quelqu’un tapote sur mon épaule, je me retourne, prête à lui envoyer mon poing dans la tronche, mais m’arrête juste à temps pour ne pas frapper Angie. Elle soupire de soulagement.
- Merde putain tu m’as fait peur !
- Mais c’est toi qui viens me foutre les boules en me tapant l’épaule !
- …Désolée, où sont les gars ?
- Je pensais qu’ils étaient avec toi…
- Ben, non. Ils ont peut-être été voir d’autres chambres ?
- Allons jeter un oeil.
Génial je me retrouve seule avec elle. Si je n’étais pas athée, je croirais presque que c’est toi là-haut, le gros barbu, qui me punis pour t’avoir renié. Et si c’était le cas ça ferait en même temps une monstre polémique que le tout-puissant soit en fait un sadique qui fait mumuse avec nous. Soudain la voix de Pete se fait entendre.
- Les filles, vous êtes où ?
Crétins de types qui se planquent. Qu’ils s’annoncent eux !
- Et vous ?
Cette fois c’est Sebastian qui répond.
- Chambre euh….66…et maintenant grâce à monsieur Peter et son don incroyable pour trouver des objets tranchants n’importe où, chambre 666. On apprécie le bas niveau de son délire…Allez ramenez-vous ici.
Je regarde Angele qui acquiesce. Bon ok on y va. 62,63,64,65,66, enfin 666 puisqu’un troisième 6 et gravé à l’arrache dans le bois de la porte. On entre, personne. On s’apprête donc à faire demi-tour et à remonter. VLAN ! On sursaute, la porte s’est refermée. Pete crie.
- Un poltergeist ! Un poltergeist !
Angie, toujours incroyablement blasée répond.
- Le coup de la ficelle pour fermer l’entrée c’est du vu et revu Pete, ouvre cette satanée porte maintenant.
- Roooh, mon ange, délires un peu, j’essaie de détendre l’atmosphère.
- Ben y a que toi et Séb que ça fait marrer ! D’ailleurs où il est celui-la ?
L’intéressé surgit de nulle part derrière Angele, qui crie sous le coup de la surprise.
- Crétin !
- Tu vois Pete je t’avais dit que j’arriverai à lui faire peur…
- Ouais bien joué. Bon on bouge ?
- Volontiers.
Peter se précipite sur la sortie mais n’arrive visiblement pas à l’ouvrir, Stian se foutant de lui le pousse pour essayer à son tour mais cesse bien vite de rire. Il se retourne vers moi.
- Je…crois qu’on est enfermés.
Angele, qui ne trouve visiblement pas ça drôle, avance vers la porte et la pousse. Elle essaie plusieurs fois puis soupire.
- Ben bravo, grâce à vous on est coincés.
Peter
Et merde, je sais pas pourquoi mais je sens que ça va encore être ma faute. Angie me fusille du regard tandis que Seb s’assied en tailleur et s’allume un joint. Wow, ce type est une vraie mine de drogue. Envey se pose sur lui.
- J’ai la daaaaaaaaaaaaaaaaaalle ! Merde, vous faites chier ! A cause de vous on est enfermés dans un truc qui pue ! Et d’ailleurs y a sûrement plus d’araignées ici que dans toute la France ! Et Dieu sait que leur pays est envahi de vermines ! Raaaaaaah !
- Mon ange, relaxe… On va pas rester ici jusqu’à la fin de nos jours…
- Ah bon ?!? Et pourquoi ?! C’est pas comme si on s’était fait plein d’amis qui remarqueraient immédiatement notre disparition !
- Franklin m’a dit qu’il tenait beaucoup à mo…
- TA GUEULE !
Envey nous coupe, empêchant Angie de me crier encore plus dessus.
- Arrête de te plaindre, ça changera rien.
Pan, dans les dents ! Je meurs d’envie de le dire mais, intuition, cette remarque n’est pas la bienvenue. Seb nous tend son joint.
- Ca vous dit ? Ca coupe la faim.
Envey le prend, tire une taffe et me le passe. Je l’imite et Angie aussi. Et on répète ce petit jeu jusqu’au bout. Tout à coup, alors que les effets commencent à peine à se faire sentir, un de nos portables s’éteint.
- Et merde, plus de batterie.
- On est condamnés. Bientôt on aura plus la moindre lumière et …
- Si vous avez vos portables, pourquoi vous appelez pas quelqu’un ?
On se tourne tous vers Envey et on la dévisage.
- Pas de réseau ma chérie.
- Opérateurs de merde. Je hais la technologie.
Un silence inquiétant s’installe, seulement brisé par une sorte de grattement dans le mur. Angie prends la parole.
- J’ai envie de dormir. Vous pensez que le lit est trop poussiéreux pour qu’un être humain puisse survivre après l’avoir touché ?
- Ouais.
Je m'installe à même le sol et m’appuie contre le mur.
- Viens.
Elle s’allonge contre moi et je la prends dans mes bras. Je respire son parfum, qu’est-ce que je l’aime… Je la serre un peu plus fort et elle remue.
- Désolé.
- C’est rien.
Sebastian
Ça doit bien faire une putain d’heure qu’on glande ici. Plus de batterie donc ni musique ni lumière. La prochaine fois que Pete aura une idée de génie je le suivrai pas dans son trip. Je crois qu’Angie dort, faut dire que je vois que dalle. Bon, quitte à attendre un miracle, autant le faire en causant.
- Y a âme qui vive ici ?
La voix de Pete se fait entendre.
- Présent.
- Je pense qu’on a plusieurs heures devant nous…une idée pour tuer le temps ?
- Etant donné qu’on sert actuellement de coussins je crois pas qu’on puisse bouger…
- Bon alors solution de secours, t’es prêt ? Parlons !
- Merde t’es presque aussi efféminé que Franklin.
- Tu vois autre chose à faire ?
- Nous lever.
- Et affronter leur fureur ?
- Ouais bon ok. On parle de quoi ? Football ?Baseball ?
- Pourquoi t’es ici ?
- Pour tenir compagnie à Angie.
- Pourquoi ?
- C’est une longue histoire…
- On a tout notre temps non ?
- Alors je commence. Y a quelque mois, son frère, Mason, s’est suicidé. Il m’avait fait jurer de veiller sur elle et à son tour elle a essayé de mettre fin à ses jours, truc de famille quoi. Ses parents ont décidé de l’envoyer ici et comme je culpabilise de rien avoir vu venir, que ce soit pour Mason ou pour elle, j’ai décidé de tenir ma promesse à fond et de la suivre.
- Mais…Y a quelque chose entre vous ?
- Non non. Je l’adore, rien de plus.
- T’es gay ?
- …
- Désolé ch’suis un peu direct…
- Nan je suis pas gay ! Ni rame d’ailleurs.
- Quoi ?
- Laisse tomber, humour douteux. Disons que …j’aime les deux…
- Ok. Je m’en doutais.
- Euh… Du coup tu te mets à flipper ? Si c’est le cas, t’inquiète, tu m’intéresses pas.
- Ha ha, non je m’inquiète pas.
- Et toi et Envey pourquoi vous êtes dans ce trou ?
- Oulah, par où commencer ? Euh, mon père a toujours été incroyablement violent, c’était pas rare qu’il nous frappe pour un oui ou pour un non, et un soir après une grosse grosse engueulade Envey m’a convaincu de fuguer avec elle. On s’est barrés et on a tenu trois mois sans qu’ils ne nous retrouvent. De Newcastle on est arrivés à Oxford puis à Londres. On a réussi à se démerder plus ou moins jusqu’au jour où Envey a fait un malaise. J’ai été forcé de l’amener à l’hôpital et bien sûr les frais d’hospitalisation étant énormes j’ai dû appeler mes vieux. Les médecins ont diagnostiqué un problème assez rare dans son sang mais qui ressemble beaucoup au diabète et qui se soigne de la même manière, par insuline. Je sais pas si t’as remarqué, chaque matin, elle se fait une injection… D’ailleurs si on reste ici trop longtemps ça va être la grosse merde, si elle fait une crise j’ai absolument rien pour l’aider. Bref c’est pour ça qu’on est ici, ma mère a convaincu mon père de nous placer en internat afin qu’on ne puisse plus fuguer et surtout, mais ça bien sûr il le sait pas, éviter de se faire à nouveau tabasser.
- Wow. Et...euh...Tu l’aimes ?
- Bien sûr.
- Comme un frère aime sa sœur ?
- Euh…non
- Mhm…De quoi vous parlez ?
Pete sursaute et j’entend le bruit de sa tête qui se cogne contre le mur.
- Aïe ! Angie ! Réveillée depuis longtemps ?
- Mhmpfff…Mouaif ch’ai pas. On est où ?
- T’es vraiment pas du réveil toi !
D’après le son je suppose qu’il s’est pris un coup de coude.
- Reuhaïe
- Désolée
- C’est ça.
- Bon chut maintenant je veux m’rendormir. A en juger par l’obscurité il est tard.
J’éclate de rire.
- Ma pauvre fille tu sais vraiment pas où t’es !
- Dans votre chambre ?
- Dans la numéro 666, hein Pete ?!
- Oh c’est bon c’était marrant…
- Juste. J’avais omis le fait qu’on est dans des putains de sous-sol et QU’ON VA CREVER ICI !
- Mhh…
Je sens Envey bouger. Je me penche et l’embrasse sur la joue.
- Dors ma puce…
- Pourquoi on me dit jamais rien d’aussi gentil ?
Angele répond à ma place.
- Parce que t’es un mec !
12 commentaires:
Aaah ! Mon coeur bat au rythme des péripéties de tes persos ! Iris présidente !
Hmm ... J'accroche moins à ce chapitre qu'au précédent.
Le perso de la psy m'a semblé complètement caricatural, à la limite du manga. Il aurait peut-être fallu lui donner plus d'épaisseur (mais pitêt que ça va venir ^^).
Je me suis un peu mélangé dans le jeu des chambres, je ne savais plus qui dormait où et avec qui.
L'humour est moins présent, mais en revanche on commence à gagner en profondeur et en subtilité sur nos quatre amis (bien souvent grâce à une simple phrase, et ça c'est bien).
Par contre le coup de la visite au sous-sol tombe un peu comme un cheveu dans la soupe et sent le teenage movie à plein nez ! C'est bien d'écrire un chapitre en une nuit, mais il ne faut pas donner l'impression d'avoir bâclé !
J'ai pas l'air comme ça, mais j'ai hâte de lire la suite ;o)
Nikel, le passage chez la psy est bien trouvé, et la ptite aventure dan les sous-sols met un peu de suspense. Mais il reste un détail... Pourquoi ne défoncent-ils pas cette porte a coup de latte ???? Allé, vivement le chapitre 3!
Allez hop, on poursuit, on s'arrête pas ;).
Bon bah j'adore. On est tout de suite à fond dedans. L'ambiance y est, l'ambiguïté, le supense, le glauque, l'auto dérision. Bref. Bravo. Continuez, hop hop hop!
Toujours tres sympa a lire, pn cerne de plus en plus le caractere des personnage, ca se prend pas au serieux sans pour autant partir n'importe comment, bref, j'adore.
Et puis quelques momment ou j'ai bien rigolé aussi, faudra faire un "best of" ^^
Toujours aussi sympa ;) continuez !
Il a été prouvé que nombre de jeunes fument pour extérioriser leur mal-être. Ca et les skyblogs.
xD exellent
aaaaaaaaloooooooorssssss par quoi commencer?
bon au début le prologue je me suis un peu demandé quoi, puis bien sur j'ai vite accroché et j'ai lu les deux xhapitres a la traite!
que dire mise à part que j'aime beaucoup l'histoire?^^
vraiment je sais pas où vous avez trouvé l'idée mais j'aime!
mais dites moi vous allez caser Angele avec stian? hein pleaaaaassssseeeee!!!!!!!!!!
ok ok vi je me tais!
ah te au fait! à quand la suite?
bisous
Bon, on passe au chapitre 2...
Le rapprochement entre les persos se fait un peu plus, on commence à avoir chacun nos préférés, à se retrouver un peu plus dans certains.
Quelques petites vannes toujours très bien placées pour rendre le sourire, mais également un peu de sérieux.
Le mix est très bien fait. Comme l'a dit guioui, la visite au sous-sol arrive un peu sans aucun lien avec le reste, ce qui surprend pas mal mais malgré ce petit détail (qui aurait peut-être mérité un lien plus évident ou une ou deux phrases de plus) tout est toujours excellent^^
A la suite^^
Toujours très sympa mais trop crevé pour continuer ! J'garde la suite pour demain.
Sont bien attendrissants ces 4 gamins en tout cas :)
J'aime vraiment cet art de désamorcer une situation un peu tendue par une chute cocasse et hilarante. C’es très réussi dans ce chapitre.
Les deux jumelles sont terribles !
Elles me font penser à ces films so british qui oscillent entre le sarcasto-caustique et le dramatique.
Un très bon chapitre
Bon et bien que dire après avoir lu tous ses commentaires... j'aime beaucoup se chapitre autant que les précédent si ce n'est peut être la psy lorsqu'elle parle de sa soeur je doute qu'elle en parle ainsi a une elève qu'elle ne connais pas mais bon après tout jamais vu de psy (enfin pas en le sachant ses gens fourbent s'infiltre partout dans notre société et se font passé pour des gens "comme tous le monde") bon il est tard et je manque de sommeille (quoi qui a dit ça se voit?) Alors voila je peux pas dire continuer bien puisque la suite est deja ecrite mais bon l'esprit est la
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