Chapitre 13
Chapitre 13
Sébastian
Quelqu’un frappe, je me lève m’étire et vais ouvrir. C’est Jared. Je baille et lance d’une voix encore endormie.
- Qu’est-ce que tu fous là ?
Il me regarde en secouant la tête. Ah oui…ce matin rendez-vous dans le bureau de la psy pour notre petit « Binge-Drinking » de l’autre jour. Je vois pas pourquoi elle en fait toute une histoire, Jared ne s’est même pas vraiment fait mal.
- Hmm…viens.
Je me pousse pour le laisser entrer, lui tourne le dos et vais dans la salle de bain en marmonnant.
- Mabidezconde
- Hein ?!
Je l’entends qui s’assied sur mon lit.
- Tu sais que tu parles comme Envey le faisait le matin ?
Je passe la tête par l’embrasure de la porte et articule.
- Je. M’habille. Deux. Secondes !
Peter grogne et se retourne dans son sommeil. Jared rigole avant de se mettre à fouiller dans mes affaires. Lorsque je le rejoins dans une tenue un peu plus décente, il est allongé et fume ce qui d’après l’odeur doit être de l’herbe.
- T’es sûr que c’est le moment ?
- Certain.
Il se redresse et me tend la sèche. On sort de la chambre et on la finit juste avant de frapper à la porte de la psy. Elle nous crie d’entrer et c’est ce qu’on fait. Elle est à son bureau, les pieds sur la table et nous lance un regard noir.
- Approchez.
On s’apprête à s’asseoir quand
- NON ! Restez debout.
Mais sa pseudo-colère n’empêche pas Jared d’être insolent.
- Si vous pensez nous faire la morale pendant des heures autant qu’on s’pose.
Il se laisse glisser sur un des fauteuils en cuir.
- Lève toi où je te jure que ton charmant petit cul va dégager rapidement d'O'brien. Et je doute que tu veuilles laisser ton pote ici, à moins que tu ne sois encore plus con que je ne le suppose.
Il hésite. Je savais que ce joint n’était pas une bonne idée, il devient encore plus borné. Je lui envoie une tape sur la nuque pour qu’il reporte son attention sur moi. D’un signe de tête je lui fais comprendre que ça ne vaut pas la peine qu’il s’énerve, qu’il vaut mieux obéir. La psy soupire et avance pour se mettre en face de moi à quelques centimètres. Elle me regarde dans les yeux et commence
- Sébastian. Je vais pas te ressortir le couplet habituel. TU sais que tu es intelligent et que si tu voulais bien t'en donner la peine, tu aurais un avenir. Peut être que pour le moment, tu ne ressens pas l'envie d'avoir une vie rangée, mais ça viendra. Et crois moi ce jour là tu préfèreras avoir une jolie maison, avec jardin, et une gentille femme que tu aimeras. Parce que oui tu l'aimeras, peut être pas comme tu as aimé Envey car je doute que tu ressentes ça à nouveau mais… bref je m’égare. Ecoute, tout ça vaut le coup, tu comprends pas que si les gens survivent à ces putains de coups durs que la vie inflige c'est pour une raison ?!
- Et c’est maintenant que vient le couplet sur la vie qui vaut toujours la peine d’être vécue et qui doit être considérée comme un cadeau du ciel ? Ajoutons à ça un peu d’espoir, « un jour elle sera moins moche tu sais Sébastian, de toute manière dans ton cas ça peut pas être pire alors, il est temps de positiver ! Qu’elle est belle la vie! Tu ne trouves pas ?! » Non. Elle n’est pas belle et votre raison vous savez ce que c’est? Des illusions, des histoires que se racontent les gens et qu’ils se forcent à croire. J’en veux pas.
Elle recule de quelques pas et s’énerve.
- Des illusions?! Mais qu'est-ce que tu crois Sebastian ?! Que tout le monde est malheureux et passe son temps à faire croire le contraire ?! C'est normal que tu ailles mal, mais c'est pas en te droguant, en te bourrant la gueule, que tu iras mieux ! Je suis dégoûtée de voir un type comme toi se tuer à petits feux ! Oui, celle que tu aimais est morte, non la vie n'est pas belle en ce moment précis, mais tout change ! Putain Sebastian, TOUT FINIT PAR CHANGER ! Des gens ont survécu à des horreurs bien pire que ce que tu es en train de vivre, des gens ont vu leurs pères se faire tuer, leurs soeurs et leurs mères se faire violer, mais ils ont quand même continué et maintenant ils font de la super musique ! Tu n'es pas « Seul au monde » !
Jared éclate de rire. Je capte pas, elle a dit que j’étais pas quoi ? Il s’adresse à moi.
- Tu as envie de continuer cette conversation ?
Je fais non de la tête. Il avance de quelques pas vers la psy, elle a beau être très grande, il la dépasse et doit légèrement baisser la tête pour lui parler. Il prend une voix calme mais j’ai tout de même la vague impression qu’il la menace.
- Vous saoulez encore plus violemment que ce qu’on a bu l’autre jour. S’il ne vient plus vous voir c’est parce qu’il n’a plus envie de parler d’elle et si c’est son choix vous n’avez pas à le forcer. Nous sommes là pour parler de la cuite qu’on s’est pris, bien, mais vous devriez savoir en temps que psychologue que tous les problèmes n’ont pas forcément la même cause et donc cessez de tout ramener à Envey. Même avec elle on se saoulait et ce n’était pas en prévision de sa mort, c’est juste qu’on aime ça, que ça nous a toujours beaucoup amusés à tel point que peu importe ce que vous ferez on recommencera, ici ou ailleurs. Alors maintenant, vous voulez faire la gentille et ne pas prévenir votre sœur, super, mais n’espérez pas qu’on va repartir de votre bureau en méditant sur « l’horrible » chose qu’on a faite et décider de ne plus jamais lever le coude pour vous faire plaisir. Vos remontrances sont par conséquent absolument inutiles. Donc à présent, soit vous nous laissez y aller soit vous nous punissez mais évitez toutes les futilités de vos longues tirades sur ce qu’il ne faut plus qu’on fasse.
- Ecoute petit con, on est dans une école, il y a des règles, vous devez vous y plier. Alors si ça vous amuse, continuez à vous bourrer la gueule, mais si je vous trouve à nouveau dans cet état, ou si vous fumez en dehors des endroits prévus pour ça, je peux t'assurer que oui, vous serez punis, et pas qu'un peu. Maintenant cassez vous.
Je ne vois pas sa réaction mais je suis sûr qu’il sourit. Il tourne les talons, me lance un regard amusé puis on sort.
Peter
Je frappe à la porte pour la sixième fois, sans succès. Ca fait plusieurs jours que Lilly se montre très distante et ça commence à m’inquiéter. Depuis la visite du musée, c’est à peine si elle m’a adressé la parole. Et c’était, la seule fois où elle l’a fait, pour me demander si elle n’avait pas oublié un truc qui lui appartenait dans ma chambre. Quelle conversation ! Même les relations germano-anglaises pendant la seconde guerre mondiale devaient être moins glaciales…
Sébastian
Quelqu’un frappe, je me lève m’étire et vais ouvrir. C’est Jared. Je baille et lance d’une voix encore endormie.
- Qu’est-ce que tu fous là ?
Il me regarde en secouant la tête. Ah oui…ce matin rendez-vous dans le bureau de la psy pour notre petit « Binge-Drinking » de l’autre jour. Je vois pas pourquoi elle en fait toute une histoire, Jared ne s’est même pas vraiment fait mal.
- Hmm…viens.
Je me pousse pour le laisser entrer, lui tourne le dos et vais dans la salle de bain en marmonnant.
- Mabidezconde
- Hein ?!
Je l’entends qui s’assied sur mon lit.
- Tu sais que tu parles comme Envey le faisait le matin ?
Je passe la tête par l’embrasure de la porte et articule.
- Je. M’habille. Deux. Secondes !
Peter grogne et se retourne dans son sommeil. Jared rigole avant de se mettre à fouiller dans mes affaires. Lorsque je le rejoins dans une tenue un peu plus décente, il est allongé et fume ce qui d’après l’odeur doit être de l’herbe.
- T’es sûr que c’est le moment ?
- Certain.
Il se redresse et me tend la sèche. On sort de la chambre et on la finit juste avant de frapper à la porte de la psy. Elle nous crie d’entrer et c’est ce qu’on fait. Elle est à son bureau, les pieds sur la table et nous lance un regard noir.
- Approchez.
On s’apprête à s’asseoir quand
- NON ! Restez debout.
Mais sa pseudo-colère n’empêche pas Jared d’être insolent.
- Si vous pensez nous faire la morale pendant des heures autant qu’on s’pose.
Il se laisse glisser sur un des fauteuils en cuir.
- Lève toi où je te jure que ton charmant petit cul va dégager rapidement d'O'brien. Et je doute que tu veuilles laisser ton pote ici, à moins que tu ne sois encore plus con que je ne le suppose.
Il hésite. Je savais que ce joint n’était pas une bonne idée, il devient encore plus borné. Je lui envoie une tape sur la nuque pour qu’il reporte son attention sur moi. D’un signe de tête je lui fais comprendre que ça ne vaut pas la peine qu’il s’énerve, qu’il vaut mieux obéir. La psy soupire et avance pour se mettre en face de moi à quelques centimètres. Elle me regarde dans les yeux et commence
- Sébastian. Je vais pas te ressortir le couplet habituel. TU sais que tu es intelligent et que si tu voulais bien t'en donner la peine, tu aurais un avenir. Peut être que pour le moment, tu ne ressens pas l'envie d'avoir une vie rangée, mais ça viendra. Et crois moi ce jour là tu préfèreras avoir une jolie maison, avec jardin, et une gentille femme que tu aimeras. Parce que oui tu l'aimeras, peut être pas comme tu as aimé Envey car je doute que tu ressentes ça à nouveau mais… bref je m’égare. Ecoute, tout ça vaut le coup, tu comprends pas que si les gens survivent à ces putains de coups durs que la vie inflige c'est pour une raison ?!
- Et c’est maintenant que vient le couplet sur la vie qui vaut toujours la peine d’être vécue et qui doit être considérée comme un cadeau du ciel ? Ajoutons à ça un peu d’espoir, « un jour elle sera moins moche tu sais Sébastian, de toute manière dans ton cas ça peut pas être pire alors, il est temps de positiver ! Qu’elle est belle la vie! Tu ne trouves pas ?! » Non. Elle n’est pas belle et votre raison vous savez ce que c’est? Des illusions, des histoires que se racontent les gens et qu’ils se forcent à croire. J’en veux pas.
Elle recule de quelques pas et s’énerve.
- Des illusions?! Mais qu'est-ce que tu crois Sebastian ?! Que tout le monde est malheureux et passe son temps à faire croire le contraire ?! C'est normal que tu ailles mal, mais c'est pas en te droguant, en te bourrant la gueule, que tu iras mieux ! Je suis dégoûtée de voir un type comme toi se tuer à petits feux ! Oui, celle que tu aimais est morte, non la vie n'est pas belle en ce moment précis, mais tout change ! Putain Sebastian, TOUT FINIT PAR CHANGER ! Des gens ont survécu à des horreurs bien pire que ce que tu es en train de vivre, des gens ont vu leurs pères se faire tuer, leurs soeurs et leurs mères se faire violer, mais ils ont quand même continué et maintenant ils font de la super musique ! Tu n'es pas « Seul au monde » !
Jared éclate de rire. Je capte pas, elle a dit que j’étais pas quoi ? Il s’adresse à moi.
- Tu as envie de continuer cette conversation ?
Je fais non de la tête. Il avance de quelques pas vers la psy, elle a beau être très grande, il la dépasse et doit légèrement baisser la tête pour lui parler. Il prend une voix calme mais j’ai tout de même la vague impression qu’il la menace.
- Vous saoulez encore plus violemment que ce qu’on a bu l’autre jour. S’il ne vient plus vous voir c’est parce qu’il n’a plus envie de parler d’elle et si c’est son choix vous n’avez pas à le forcer. Nous sommes là pour parler de la cuite qu’on s’est pris, bien, mais vous devriez savoir en temps que psychologue que tous les problèmes n’ont pas forcément la même cause et donc cessez de tout ramener à Envey. Même avec elle on se saoulait et ce n’était pas en prévision de sa mort, c’est juste qu’on aime ça, que ça nous a toujours beaucoup amusés à tel point que peu importe ce que vous ferez on recommencera, ici ou ailleurs. Alors maintenant, vous voulez faire la gentille et ne pas prévenir votre sœur, super, mais n’espérez pas qu’on va repartir de votre bureau en méditant sur « l’horrible » chose qu’on a faite et décider de ne plus jamais lever le coude pour vous faire plaisir. Vos remontrances sont par conséquent absolument inutiles. Donc à présent, soit vous nous laissez y aller soit vous nous punissez mais évitez toutes les futilités de vos longues tirades sur ce qu’il ne faut plus qu’on fasse.
- Ecoute petit con, on est dans une école, il y a des règles, vous devez vous y plier. Alors si ça vous amuse, continuez à vous bourrer la gueule, mais si je vous trouve à nouveau dans cet état, ou si vous fumez en dehors des endroits prévus pour ça, je peux t'assurer que oui, vous serez punis, et pas qu'un peu. Maintenant cassez vous.
Je ne vois pas sa réaction mais je suis sûr qu’il sourit. Il tourne les talons, me lance un regard amusé puis on sort.
Peter
Je frappe à la porte pour la sixième fois, sans succès. Ca fait plusieurs jours que Lilly se montre très distante et ça commence à m’inquiéter. Depuis la visite du musée, c’est à peine si elle m’a adressé la parole. Et c’était, la seule fois où elle l’a fait, pour me demander si elle n’avait pas oublié un truc qui lui appartenait dans ma chambre. Quelle conversation ! Même les relations germano-anglaises pendant la seconde guerre mondiale devaient être moins glaciales…
Lily, my one and only
I can hardly wait till I see her
I can hardly wait till I see her
Je m’assieds, dos au mur, et ferme les yeux. J’ai dû faire une connerie…. Rah, réfléchis Pete ! Je n’ai pas oublié son anniversaire ou quoi que ce soit du genre, ni dit un truc qui aurait pu la vexer…
Silly, I know I'm silly
Je me redresse. Marre de poireauter comme un imbécile. Elle veut plus me parler ?! Très bien ! Je l’aime mais là elle…
- Panpan ?
Elle ouvre la porte ! J’avais oublié comme elle était belle lorsqu’elle avait ce petit air absent…
Cause I'm hanging in this tree
In the hopes that she will catch a glimpse of me
In the hopes that she will catch a glimpse of me
Elle recule, me laissant de la place pour entrer. Une fois à l’intérieur de sa chambre, elle me jette un regard lointain. Je l’interroge :
- Ca va ?
- Oui.
Le silence revient comme une vague, s’abattant sur nous. Si pesant qu’il en devient assourdissant et me rend nerveux.
- Tu m’en veux ?
- Non.
Alors pourquoi est-ce qu’on ne se parle plus ?!
And thru her window shade
I watch her shadow move
I wonder if she.......?
I watch her shadow move
I wonder if she.......?
Pourquoi tu te comportes comme une inconnue avec moi ?! Qu’est-ce que j’ai fait ?!
- Désolé si…
Elle ne me laisse pas terminer, m’interrompant d’une voix tremblante et un peu agressive :
- Putain ! Tu comprends pas que c’est ça le problème ?! Tu n’en as pas marre d’être toujours aussi… gentil ?! Tu as tout le temps l’air dans un monde fantastique où le lion dormirait à côté de ce stupide agneau encore en vie !
Lily, my one and only
Love is in my heart and in your eyes
Will she or won't she want him
Love is in my heart and in your eyes
Will she or won't she want him
Je sens comme une boule monter dans ma gorge et y élire domicile. Elle continue :
- Tu es monsieur perfection ! J’ai l’impression d’avoir aucun droit à l’erreur avec toi ! Et tu es tellement doux, lisse, sirupeux, c’en est écœurant !
- Tu me reproches de pas être un gros con ?!
C’est sorti tout seul. Et maintenant je ne peux plus m’arrêter
- Tu préfèrerais que je te fasse boire et que je te laisse entre les mains de mes po…
Sa main vient claquer contre ma joue qui rougit sous le choc. Aïe, mon ego. Je la regarde sans comprendre. J’attrape doucement son poignet et l’attire à moi. Alors que je l’embrasse, j’ai l’impression de me faire un cul sec de vodka.
No one knows for sure
But an officer is knocking at my door
And thru her window shade
I watch her shadow move
I wonder if she could only see me?
But an officer is knocking at my door
And thru her window shade
I watch her shadow move
I wonder if she could only see me?
Elle me repousse gentiment, fuyant mon regard. Je cherche une raison, quelque chose qui expliquerait pourquoi elle a dit toutes ces choses…
- T’es bourrée ?
- Non. Peter, écoute…
Non ! Non non non ! Je déteste ce "écoute" ! J’aimerais avoir encore 6 ans et plaquer mes mains sur mes oreilles en criant, pour couvrir le bruit des paroles qui ne vont pas manquer de s’échapper de ses lèvres et qui vont me briser.
And when I'm with her I feel fine
If I could kiss her I wouldn't mind the time it took to find
If I could kiss her I wouldn't mind the time it took to find
Je serre les poings au fond de mes poches. De toute façon, il est trop tard pour y changer quoi que ce soit.
My lily, my one and only
I can hardly wait till I see her
I can hardly wait till I see her
Je vois ses lèvres bouger et mets un certain temps à réellement enregistrer ce qu’elle vient de me dire.
- Vaut mieux qu’on arrête… Tu sais bien qu’aucun de nous deux n’est heureux…
- Quoi ?! Ne parle pas en mon nom ! Et ne me fais pas croire que tu ne m’aimes pas ! Ne me dis pas que tu es malheureuse, parce que c’est faux !
- Crois ce que tu veux si ça peut t’aider. C’est pas comme si ça allait me poser un quelconque problème.
Elle se dirige vers son bureau et prend un bouquin. Après s’être allongée sur son lit, elle se met à lire, m’ignorant superbement.
Oh lily, I know you love me
Cause as they're draggin me away
Cause as they're draggin me away
Elle ne relève même pas la tête pour m’asséner :
- Tu peux t’en aller.
Je lui arrache son livre des mains, hors de moi.
I swear I saw her raise her hand and wave
J’espère que je ne l’ai pas coupée avec le papier.
- Hey ! J’ai le droit à une vraie explication ! Ca a un rapport avec Jared ?!
Elle me lance un regard méprisant, se lève et passe devant moi en lançant :
- Rejette pas la faute sur la première personne venue, assume tes actes.
Et va s’enfermer dans les toilettes. Je lis le titre de l’ouvrage que j’ai en main. Roméo et Juliette de… Shakespeare ?!
Goodbye
Jared
Lilly range ses livres dans son casier, j’en profite pour aller la voir.
- Hey ma belle…
Elle sursaute puis se retourne et m’envoie une tape sur le bras.
- Crétin tu m’as fait peur !
Je rigole.
- Excuse moi je voulais pas. Ca va ? J’ai appris pour toi et Peter Pan…
Elle referme la porte du casier et s’appuie contre pour me parler.
- Ouais, ça va. Il me saoulait.
- …tiens quand on parle du pédophile volant…
Elle tourne la tête pour le voir. Il marche, enfin…zigzague ?!Putain mais il est ivre! Haha, trop fort. Il tient une bouteille de Glendfiddich presque vide et son regard semble lointain. Tiens. Voyons voir si j’arrive à le réveiller le Panpan. Ma main glisse sur la joue d’Elizabeth puis derrière sa nuque et me penchant je l’embrasse de manière assez brusque. Elle se laisse faire et mieux encore, elle passe ses bras autour de ma taille. Elle met une de ses jambes autour des miennes et je caresse sa cuisse remontant jusque sous sa jupe. La réaction ne se fait pas attendre.
- Salope !
On s’interrompt et je tourne la tête juste à temps pour le voir lancer quelque chose dans notre direction. Merde! Je plaque Elizabeth contre le mur et la serre contre moi alors que la bouteille vole en éclats à l’endroit pile où on se trouvait une fraction de seconde plus tôt. Putain! Là il abuse, il aurait pu lui faire mal. Je me retourne prêt à le démolir mais il s’est déjà barré en courant. Lilly semble sous le choc. De mes mains j’encadre son visage et colle mon front au sien. Je commence, à mi-voix.
- Tu n’as rien c’est bon ?
- …non…non ça va…
Pourquoi tout ce que je fais tourne mal pour elle ? A croire que le destin s’acharne contre nous, le destin ou ma connerie... Je m’en voudrais tellement s’il lui arrivait quelque chose…
- Bien…excuse moi j’ai fait le con, je ne pensais pas que sa réaction serait si violente.
- C'est pas ta faute s'il est totalement malade.
Arrêtons de jouer. Je souris et lui donne un dernier baiser, bien plus doux.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien ma belle.
Angele
- Bien, nous avons fait le tour des tortures durant l’Inquisition, nous allons donc pouvoir … enchaîner… sur un sujet qui vous touche…
La prof marche de long en large dans la classe, se tortillant nerveusement les mains, un crucifix énorme autour du cou. Je chasse de ma tête une scène de l’exorciste déjà répugnante à la base, mais encore pire si on remplace le perso principal par cette vieille bigote. Elle ouvre et referme plusieurs fois la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Et enfin, elle lance d’une voix timide :
- Sexe…
Puis elle clarifie, un peu plus haut mais toujours avec son satané air "Je plante à 5000 au dessus de vous"
- Ou plutôt, l’abstinence avant le mariage… Vous savez, il est important de vous préserver pour votre futur conjoint…
Dans son cas, le joint, on peut oublier. Pfiou, je commence à avoir un humour et un sens des jeux de mots aussi pourri que ceux de Franklin. AAAAH ! Priez pour moi Seigneur ! Hum. Je m’affale sur mon bureau, la tête appuyée sur mon bras… J’aurais dû sécher, je me les serais pas autant gelées qu’ici… Cette salle pourrait servir de chambre froide.
- Si vous… couchez avec quelqu’un avant que des liens sacrés ne vous aient unis…
Des liens sacrés ? Si on trempe des menottes dans de l’eau bénite, ça compte ?
- C’est manquer de fidélité envers celui avec qui vous vous marierez…
Un élève l’interrompt :
- C’est stupide, on va pas acheter une caisse sans l’avoir essayée !
Elle affiche une moue sceptique et lui répond :
- Je… ne comprends pas ce que l’argent vient faire là dedans mais… Tu n’achèterais pas une voiture affichant déjà de très nombreux kilomètres au compteur… Si ?
Le blondinet se la ferme, ne trouvant rien à répliquer. Un ange passe. Dieu peut-il me punir pour ce genre d’expressions ? Mère-la-vertu brise le silence.
- Vous savez… Je suis vierge.
Wow. Elle a au moins 60 ans. C’est à la fois pathétique et très attendrissant. Un grand nombre de mes camarades ne conserve pas son sérieux, elle tente de ramener l’ordre et y arrive au bout de 3 bonnes minutes.
- Je ne comprends pas pourquoi vous riez… Le Seigneur m’offrira une place de choix à ses côtés…
Une main se dresse.
- Oui ?
- Mais vous c’est normal que vous ayez réussi ! Vous êtes moche, à ce stade j’appelle plus ça un choix !
Cette remarque déclenche chez moi un léger sourire. La prof rougit et réplique, d’une voix brisée… :
- Ce n’est pas très constructif !
… Avant de quitter la salle. Nos profs n’ont aucun sens des responsabilités, c’est effarant. Pete me fait de grands signes, je le rejoins après avoir embrassé Jared. Il est bizarre, à coup sûr il y a quelque chose qui le tracasse.
- Qu’est-ce que t’as ?
- Je sais pas si je peux te le dire…
Rah ! Ca m’énerve ces gens qui excitent la curiosité et qui ensuite disent ne pas pouvoir en parler !
- Panpan, si tu craches pas le morceau, je t’étrangle.
Je lui dis ça en souriant, mais il baisse les yeux.
- Jared a embrassé Lilly devant moi l’autre jour.
Glups. J’avale difficilement ma salive. Calme Angie, c’est…
- C’était … qu’un bisou… c’est pas important…
… sûrement une méprise. Ce serait nul de faire une scène pour une connerie pareille. Tout va très bien entre lui et moi, on s’aime… mais…
- Ca va ?
Je souris à Peter.
- Ouais ouais, je … m’en fous. Jvais lui en parler. Merci de… tu sais… ml’avoir dit…
Tu parles, j’aurais préféré qu’il ferme sa gueule ! Je me lève et retourne à ma place. Jared m’interroge.
- Que t’a dit Sullivan ?
Je le regarde. Est-ce que Panpan m’aurait menti ?
- T’as… quel genre de relations avec Lilly ?
Son visage se défait. Ok, il disait la vérité.
- Je vois. Mon ange, j’ai juste voulu un peu l’embêter… Rien d’autre… C’est toi que j’aime.
Il passe sa main sur ma joue. J’ai une boule dans la gorge. Qu’est-ce qu’elle fout là ?!
- Hey, ma puce, pleure pas… Jsuis désolé…
Je lui souris. Je crève de jalousie. Comment il a pu ?! J’essaie de me raisonner. Ca voulait rien dire pour lui, ça représentait que dalle. Je réponds :
- C’est rien mais…
- Jle ferais plus.
Je fais tourner un crayon entre mes doigts. L’atmosphère est terriblement tendue. Rah.
Jared
J’entre et referme la porte derrière moi en la claquant, Il est seul, tant mieux.
- ALORS LA !
Il se lève de son lit et me regarde, paniqué.
- Petit enfoiré, me balancer, franchement même toi je t’en croyais pas capable.
Il recule mais je l’attrape d’une main par la gorge et le plaque contre le mur.
- Depuis le premier jour que tu m’saoules « panpan » mais là sérieux, j’en peux plus t’es vraiment qu’un petit con.
Il rigole.
- Elle t’a donc plaqué ? Tant mieux.
A mon tour de rigoler, effaçant son sourire. J’envoie mon poing dans son ventre plusieurs fois en lui glissant à l’oreille.
- Et non vieux, je vais continuer à la baiser... et la cerise sur le gâteau, c'est que ça te fait chier. Quoi que tu fasses pour qu’elle me largue, tu lui passeras jamais dessus. Il est tant que tu t’habitues à cette idée, tu fais pas le poids. Après tout tu l’sais, « t’es bien trop gentil ».
Oula l’aurais-je énervé ? Il me lance un regard noir et sans que j’aie vu le truc venir, il m’envoie un violent coup de genou dans les burnes. Je jure avant de le lâcher et de me pencher en avant pour encaisser la douleur. Putain!
- Trop gentil ?
Il me crache dessus. Ce type est mort. Je me redresse et m’essuie la joue avant de lui sourire.
- Bien trop.
Peter
Ohlalalala, je crois que je suis allé trop loin. Il a un regard de fou ce type !!! Il va me tuer ! Il a commencé par des petits animaux, il va continuer avec moi ! Il a tout du gros malade cruel ! Il va me désosser, vendre mes organes et manger ma chair ! Il articule lentement :
- Tu n’aurais jamais dû faire ça.
Son poing atteint mon ventre, je me plie en deux sous l’impact et les larmes me montent aux yeux. Envie de tousser. Je prends une grande inspiration et me redresse. Le Taré me fait un petit sourire de psychopathe.
- J’ai tapé trop fort ?
Il me cogne à nouveau, au visage cette fois, et mon nez craque. J’envoie sans conviction mon poing qui touche faiblement son torse. Il rigole et se fout de ma gueule :
- C’est tout ce que tu peux donner ? Tu m’étonnes que la p’tite Elizabeth ait pas suffisamment pris son pied et t’ait plaqué !
Il me frappe encore une fois et mon œil est à nouveau mis à mal. Il continue et bientôt un goût métallisé envahit ma bouche. Mes jambes me lâchent mais Jared me relève, empoignant mes épaules.
- Panpan, tu comprendras donc jamais que t’es rien ? Tu pourras jamais me battre, même le simple fait que tu oses imaginer en être capable… Hilarant.
Il me relâche et je vais m’écraser lamentablement sur le sol. Je grimace lorsque je sens sa chaussure s’enfoncer dans mon ventre, puis exploser un de mes côtes. Une longue plainte s’échappe de mes lèvres et dans un souffle, je le supplie d’arrêter.
- Ouais, jvais pas m’acharner encore plus sur toi…
Cependant, ses actions contredisent ses mots, et c’est à mon arcade sourcilière que sa pompe s’en prend. Du sang vient brouiller ma vision.
- Tu fais encore plus pitié quand t’es comme ça… J’aurais jamais cru que ce soit possible et pourtant… Oh, et va te débarbouiller, tu fais vraiment peur.
Je le vois tourner les talons et peux entendre le parquet grincer, puis la porte claquer. Le silence, seulement troublé par le sifflement que je produis à chaque respiration, me prend aux tripes. Je suis un loser. Jamais ça changera. Quel con. J’essaie de me lever, mais une fois debout. Tout devient noir. Et je tombe.
Angele
Je tambourine de toutes mes forces contre la porte de Jared qui s’écarte sur son colocataire. Yeurk, la quintessence du geek. J’empoigne son t-shirt, luttant contre le dégoût qu’il m’inspire.
- Dégage !
Et le pousse à l’extérieur. Je l’entends vaguement protester quelque chose comme "Mais j’ai un raid avec ma guilde !" avant que le lourd panneau de bois ne vienne obstruer la vision de son visage ravagé par l’acné. Je fusille Jared du regard, prise de la subite envie de lui éclater le crâne.
- Comment t’as pu faire ça à mon meilleur ami putain ?!
- Angele, c’est vraiment pas le moment de me saouler avec lui! S’il ne m'avait pas frappé je ne l'aurais pas fait! Qu'il assume aussi! Pauvre Pete bouhhhh, ce type me cherche et après on pleure sur lui parce qu'il arrive pas à comprendre que je frappe plus fort!
Je m’attendais pas à ce qu’il soit énervé. J’hésite. Et s’il pétait un câble, serait-il capable de me cogner ? Le visage de Peter, allongé à l’infirmerie, me revient en mémoire et me force à me ressaisir.
- Hey ! Il a juste eu les couilles de me dire ce qu’il avait vu ! C’est toi qui embrasse une garce et c’est lui qui casque ?!
Il se lève, me faisant me sentir encore plus petite, et réplique d’un ton calme :
- Ne parle pas d’elle comme ça…
Il la défend ?! Mais qui c’est pour lui cette pétasse ?!?
- … et je t’ai déjà expliqué pourquoi je l’avais embrassée. Ensuite pour Pete, j’ai disjoncté. Il est toujours dans nos pattes et j'aime pas ça. Je veux bien que ce soit ton meilleur ami mais... venir te raconter des trucs tout ça parce qu'il veut que nous deux ce soit fini, j'ai pas apprécié. C'est tout.
- MAIS IL VEUT PAS QUE CE SOIT FINI ! Tu comprends pas que tout ce qu'il souhaite c'est me protéger ?! Contrairement à certains il a aucune envie que je souffre.
Il me regarde et je vois comme de la déception briller dans ses yeux. Hey ! C’est pas à toi de faire ça ! C’est moi qui…
- C’est vraiment ce que tu crois ? Tu penses que je te ferais souffrir volontairement ?
- Ce serait pas la première fois…
Il ne répond rien, je continue, beaucoup plus posée cette fois.
- Bordel… Jared… Tu comprends pas… Je sais que tu la connaissais avant, mais je sais pas qui elle était pour toi… Mais tu l’embrasses… Et après tu tabasses Panpan simplement parce qu’il me l’a dit… Si ça n’avait réellement aucune importance pour toi, ça t’aurait pas dérangé que Pete me mette au courant…
- Je n'ai pas apprécié qu'il accoure pour te dire ça juste parce que j'ai légèrement titillé ses nerfs! Et putain, désolé mais je me suis pas battu seul. J'en ai marre que tout me revienne toujours dans la gueule! Monsieur me balance une bouteille dessus, encore heureux qu'il se soit loupé sinon je serai à l'hosto, mais a lui noooon on lui dit rien bien sur ! Pauuuvre Pete, il est si innocent, c'est pas grave. Après comme si ça suffisait pas il vient te raconter des conneries comme quoi je te tromperais ! Et tu veux que je laisse faire?
Je perds le semblant de sang froid que j’avais et hurle :
- IL L’AIMAIT ! Et toi tu te jettes sur elle devant lui ?! C’est ça que tu appelles "légèrement titiller" ?! Et pour info, il m’a jamais dit que tu me trompais !
- Alors pourquoi tu réagis comme s’il l’avait fait ?!
Je respire un grand coup et me calme. Je commence à avoir un léger mal de crâne. Lorsque je prends conscience du silence qui règne autour de nous et surtout du fait que son regard est fixé sur moi, je rougis et lance, mal assurée.
- En définitive, je m’en fiche que tu l’aies embrassée… Ca me fait un petit pincement au cœur mais c’est pas si grave… Mais Peter… C’est mon meilleur ami et par ta faute on dirait le résultat d’un croisement entre un lapin atteint de myxomatose et un raton laveur…
- Non, ça c’était de naissance.
Je fixe le sol, essayant de toutes mes forces de garder mon sérieux… Quel con… Je souris, malgré moi. Il s’approche et, prenant mon menton entre ses doigts, me force à redresser la tête. Il me dit alors tout doucement :
- Dis moi ce que tu veux que je fasse… Je sais plus moi… Jtaime et je veux pas… Plus te faire de mal.
Je souris et mordille ma lèvre inférieure, puis me met sur la pointe des pieds pour lui murmurer à l’oreille, le plus sensuellement possible :
- Vraiment "tout" ce que je veux ?
Après l’effort, le réconfort. Il sourit et embrasse le coin de mes lèvres, avant de confirmer :
- Absolument tout.
Sa main remonte le long de mon dos mais s’arrête net lorsque je lui chuchote :
- Alors va lui demander pardon.
- Aoutch.
Il s’éloigne.
- Ok, j’y vais.
Jared
Des excuses, des excuses…Putain mais ça va pas ou quoi ?! Fait chier. Je sais pas quoi lui dire à ce débile…Je soupire et pousse la porte de l’infirmerie. Il est allongé sur un des lits du fond, une perf’ dans le bras, un énorme pansement sur l’arcade et sur son torse que découvrent les draps, plusieurs bleus. Le voir comme ça me donne envie de rire…ou de vomir. C’est vraiment moi qui lui ai fait ça ? Quand je m’énerve je ne suis plus le même c’est…effrayant. J’approche du pieu, tirant une chaise avec moi pour pouvoir m’asseoir près de lui.
- Pourquoi es-tu venu me frapper cette fois-ci ?
Je lui souris.
- De nous deux je ne suis pas le plus impulsif. Combien de fois as-tu foncé tête baissée sur moi depuis que je suis arrivé ?
Il détourne le regard, je continue
- Bref, si je suis venu te parler c’est parce qu’Angele voulait que je te fasse des excuses. Je tiens à elle, elle tient à toi, visiblement on va devoir se supporter. Et puis bon peut-être qu’un jour…comme le dirait un des bouquins pourris de Stian, « Les masques à la longue collent à la peau. L'hypocrisie finit par être de bonne foi. » Alors Panpan espère…
Je me lève et ébouriffe ses cheveux, lui parlant comme d’autres le feraient avec un enfant en bas âge.
- …peut-être qu’un jour je te trouverai moins con.
Je lui envoie une tapette « amicale » sur la joue déjà bien enflée et m’apprête à m’en aller mais soudain je me retourne. Le con avec tout ce foutage de gueule j’ai failli oublier. Je lui lance
- Désolé quand même hein !
Peter
On se ballade dans le parc avec Sébastian, de la buée s’échappe de nos lèvres en même temps que les mots.
- Alors tu lui en veux plus ?
On parle de Jared et inconsciemment je porte une main à mon visage. Les marques ne sont plus visibles, heureusement.
- Si. Mais c’est important pour Angele que je sois sympa avec lui… Alors vive l’hypocrisie.
Il grimace.
- Et Lilly ? Tu t’en remets ?
- Je… C’est passé, enfin…
Elle me manque. Son odeur me manque. Ses bras me manquent. Ses lèvres, ses yeux, son sourire, sa voix, son rire me manquent. Et je manque d’en crever.
- Ca va aller.
Je lui souris, pour le rassurer. Il a affronté bien pire.
- Et toi ? Comment tu vas ?
D’un signe, il me désigne un muret.
- On va se poser ?
J’accepte. Quelques instants passent et je comprends qu’il ne répondra pas à ma question.
- Je m’inquiète pour Angele… Je sais que Jared est ton pote mais je lui fais pas confiance…
- Pas étonnant. Il ne t’aime vraiment pas alors il en loupera pas une. Mais pour Angie…tu sais Jared fait limite un dédoublement de personnalité alors…Elle a absolument rien à craindre et en plus, si elle lui fait confiance c’est son problème, je veux bien que tu veuilles la protéger, mais mêle toi de ce qui te regarde et pas du reste sinon ça va te retomber sur la gueule.
Son problème. Ouais. Faut plus que je m’inquiète pour elle. Je hoche de la tête.
- Y fait vraiment froid, on rentre ?
- Mh, vas-y déjà. J'en fume encore une et je rentre.
Sébastian
Je ferme les yeux et écoute le silence. Une légère brise fait bouger les arbres, je tire de grandes lattes prenant plaisir à sentir la fumée âcre descendre dans mes poumons laissant derrière elle ce goût qui est propre à la marie-jeanne. La tête me tourne légèrement mais je ne suis pas d’humeur à rire. Ce soir j’ai le cœur lourd, tout le monde dit que ça ira mieux que je vais parvenir à surmonter cette épreuve mais…je n’y arrive pas. Ce n’est pas que je n’en ai pas envie, « aller mieux », réussir à dormir sans tout le temps se réveiller en sursaut, quittant un cauchemar pour un autre, j’aimerais vraiment cependant…J’ai l’impression de nager à contre-courant ; j’ai beau tout faire pour ne pas me laisser emporter, je bois la tasse et m’épuise. Plus je lutte plus je souffre alors après tout…pourquoi ne pas tout simplement lâcher prise ?
- Sébastian ?
J’ouvre brusquement les yeux. Envey ?! Surpris je tombe du muret. Allongé j’essaie de reprendre mes esprits. Voilà que j’hallucine. Je passe mes mains sur mon visage. Putain je suis pitoyable, j’en peux plus…merde mais j’en peux vraiment plus...
- Mon ange qu’est-ce qui t’a pris ? Tu t’es pas fait mal au moins?
Son visage apparaît dans mon champ de vision, elle se penche par-dessus moi. Ça semble si réel c’est si…
- En…Envey ?!
Elle me sourit tendrement.
- Oui ?
Je tends le bras et du bout des doigts frôle sa joue. Elle prend ma main et la serre contre son visage.
- C’est…impossible, je…je rêve ?
Son sourire ne s’efface pas mais je sens l’inquiétude dans sa voix.
- Non chéri mais…tu es très pâle, qu’est-ce qu’il y a ?
Putain je vois des morts sans être Haley Joel Osment…Je prends d’une voix sans ton, le regard perdu dans ses yeux.
- Tu…tu devrais être morte…
- Morte ?!
Elle se redresse légèrement et fronce les sourcils.
- C’est quoi ces conneries ?
- Je…suis allé à ton enterrement…William a dit qu’il avait identifié le corps c’est pas possible…
- Je…je comprends pas…
Elle encadre doucement mon visage de ses mains et dit presque dans un murmure.
- Sébastian…C’est impossible. Ton père n’a jamais cessé de me chercher, encore hier il a…
Sa voix s’éteint elle me regarde voyant que je ne sais plus quoi penser.
- Mon amour reprends toi tu me fais peur…je suis revenue. Vraiment. Je suis là.
Ces yeux bleus nuit qui brillent d’une lueur si enivrante et surtout si…unique. C’est elle. Putain mais c’est vraiment elle ! Je mets une main sur sa nuque et l’attire brusquement à moi pour l’embrasser.
Angele
I guess it's time I run far, far away; find comfort in pain
All pleasure's the same: it just keeps me from trouble
All pleasure's the same: it just keeps me from trouble
Je sens la main de Jared glisser sur mon ventre alors que James Blunt me sort de mon sommeil. Fourbe chanteur.
- Hmm…
Bon, ok, je suis pas super éloquente pour le moment. Trop endormie. Il embrasse mon front et tend le bras pour éteindre la radio.
- Je t’ai réveillée mon ange ?
Je me blottis un peu plus contre lui et réponds, encore ensommeillée mais plus consciente qu’avant :
- Non, c’est l’autre abruti avec sa chanson niaise.
Il sourit et passe son bras autour de ma taille.
- T’es belle quand tu te réveilles à peine…
Bien sûr, pas maquillée, pas coiffée, les yeux encore incapables de vraiment se fixer sur un point, les paupières qui peinent à rester ouvertes… Je rougis et fuis son regard. Il caresse ma joue. Je laisse échapper :
- Merci…
- Bon, maintenant…
Il se lève, enfile un boxer et s’approche de la chaîne stéréo…
- Non ! Jared, pas le matin !
Et mets en route LE cd. Je ramène les couvertures sur moi, absolument gelée. Ce que je redoutais se voit confirmé par la mélodie que j’identifie immédiatement. Je me redresse.
- Jared… Pitié…
Il me sourit et commence à chanter par dessus la voix du chanteur, qui d’ailleurs est moins belle que celle de mon amour. Rah, il est adorable. Beau, bien foutu, intelligent, drôle, quand il m’embrasse, ouah… et le reste encore plus. Mais POURQUOI a-t-il fallu que tout cela soit entaché d’une tare telle que celle-ci ?! Il aurait pu, je sais pas… Etre juif, ne pas aimer boire, être roux, continuer à se droguer, ne pas savoir lire, être fan de Dan Brown… Mais non. Il a préféré donner dans le lourd, dans l’insurmontable… C’est vrai, comment fonder une famille avec un type qui …
We are the nobodies
Wanna be somebodies
When we're dead,
they'll know just who we are
Wanna be somebodies
When we're dead,
they'll know just who we are
... adore Marylin Manson. Il attrape un paquet de Mentos et, après en avoir mis un dans sa bouche, se sert du tube comme d’un micro. J’essaie de conserver mon sérieux pour ne pas l’encourager dans ses délires, mais lorsqu’il se met à danser, toutes mes résolutions fondent comme neige au soleil et j’éclate de rire. Un éclair de triomphe passe dans ses yeux et il me fait un de ces sourires irrésistibles qui me rendent immédiatement heureuse. Tout est tellement plus facile quand il me regarde comme il le fait à cet instant. J’attrape son t-shirt qui traîne à côté du lit et le mets. Il m’arrive un peu en dessous des fesses, je nage dedans, mais j’aime sentir son odeur sur moi.
- Tu penses que si je sors comme ça, les gens vont me jeter des pierres puis se crever les yeux ?
Il m’attrape et me porte, un bras sous mes genoux et l’autre derrière mon dos. Il m’embrasse puis répond.
- Non, mais s’ils t’approchent alors que tu es dans une tenue aussi indécente, je les explose !
Je suis à peu près sûre que c’est gentil, mais son baiser m’a fait complètement oublier la question que je lui avais posée.
- Tu peux me poser ? Je suis absolument certaine que si je tombe d’aussi haut je meurs.
- Ou tu te retrouves paralysée… Et donc totalement à ma merci…
Il se penche et m’embrasse dans le cou. Non, il faut que je prenne une douche maintenant, sinon je vais louper le début des cours et ce serait vraiment mal… Oh mais c’est trop bon !
- Jared… Arrête… On a Bonnes Manières en première heure et tu sais à quel point le… Ahh, le manque de respect ou le retard peuvent énerver la prof…
Il ne m’écoute pas et continue.
- En plus elle me déteste et… J’espère pour toi que t’es pas en train de me faire un suçon et…
Il relève la tête et me permet enfin de regagner la terre ferme.
- Mon ange…
Il saisit doucement ma main mais je me dégage.
- Allez… C’est pas grave si on va pas à son cours…
Je file dans la salle de bain et une fois enfermée à clé, lui crie :
- Non ! ce serait la troisième fois ce semestre… Et on a recommencé depuis même pas deux mois !
Je l’entends frapper doucement à la porte. J’allume la douche et le bruit de l’eau couvre presque sa voix lorsqu’il demande, sur un ton terriblement craquant :
- Je peux te rejoindre ?
Jared
Quelqu’un frappe à la porte. Je soupire, je peux sûrement oublier pour la douche… Je vais ouvrir.
- Ca te dit une balade dans le parc ?
Sébastian
On se promène alors qu’une brise glacée mord les arbres, faisant considérablement baisser la température. Brrr…Envey réajuste son écharpe, enfouit un peu plus son visage dedans et mets ses mains dans les poches. Voyant ça Jared passe un bras autour de ses épaules et la serre en peu plus contre lui avant d’embrasser son front. Ils échangent quelques mots rapides sur son retour puis il allume une sèche et tire plusieurs taffes. La fumée se dissipe aussitôt qu’elle franchit ses lèvres. Envey change de sujet.
- Alors que penses-tu du fameux pensionnat d’O’Brien ?
Il me tend le joint.
- Bah, moins horrible que dans ta description…
- Tu sais très bien que quand on me force à rester quelque part ça pourrait être un Hilton que je lui trouverais encore des défauts…
Après tout, faut dire c’qui est, elle est bornée…
- Et maintenant, comme trouves tu l’endroit ?
- Plus sûr que Newcastle, plus tranquille et moins….saignant ?
On éclate de rire.
- Encore heureux !...Et sinon, comment tes projets ? Tu es retournée à Belfast ?
- Hm…Tu sais très bien, j’ai pas eu le cran.
Il s’arrête nous forçant à faire de même. D’une main il relève son menton pour plonger ses yeux dans les siens.
- La prochaine fois, on ira tous ensemble. D’accord ?
Il l’embrasse sur la joue. Elle acquiesce d’un signe de tête et lui fait un léger sourire qu’il lui rend. On se remet à marcher tout en discutant jusqu'à ce que le froid nous force à rentrer. Je me laisse tomber sur mon lit. Putain. Ce qui m’arrive est incroyable. Elle entre à son tour, le menton enfouit dans son écharpe bleue, les joues rougies par le froid. Elle enlève son manteau et ses gants avant de s’allonger à côté de moi.
- Ca va mon ange ?
- Ouais…tu m’as pas encore dit…comment avec la dirlo ?
- Bah, j’ai rendez-vous avec elle dans une heure, William doit être en chemin. Je stresse…
Je passe un bras autour de ses épaules, l’attire contre moi et l’embrasse sur le front. Je ne sais pas vraiment quoi lui dire. Lui mentir pour la rassurer serait stupide car on sait pertinemment tous les deux comment ça se passera si elle se retrouve face à lui. Je roule légèrement sur le côté pour me retrouver face à elle. Nos visages se frôlent, je lui caresse la joue
- Si je pouvais y faire quelque chose…
Elle approche ses lèvres de mon oreille et murmure.
- Sébastian ?
- Hm ?
- Fais moi l’amour.
Je rigole et vais sur elle tout en l’embrassant dans le cou. Je défais lentement les lacets de son corset, elle me regarde faire, un sourire aux lèvres et la main dans mes cheveux. Je finis de la déshabiller et très vite on se retrouve enlacés dans les draps. Je fais ce qu’elle me demande. Elle gémit et me dit dans un souffle à quel point je lui ai manqué. Je sens ses mains se crisper sur mon dos. « …Oui, celle que tu aimais est morte, non la vie n'est pas belle en ce moment précis, mais tout change ! Putain Sébastian, TOUT FINIT PAR CHANGER !... ». Je souris en y repensant, tout finit par changer…forcément.
Jared
Elle se maquille dans la salle de bain et moi je l’attends, pressé de retrouver les autres pour une soirée qui s’annonce belle. Je me demande quand même pourquoi Sébastian voulait qu’on la fasse... Je me mets à chantonner tout doucement, les paroles d’une chanson qui me trotte dans la tête.
- « Mes yeux voient la beauté du monde qui m’entoure…Je souris, comme un enfant j'aime m'apercevoir…Comme la vie est si belle, comme la vie est parfois si belle… »
Sans arrêter je m’accroupie près de l’armoire et détaille les vêtements qui y sont jetés pêle-mêle. Je sens alors des bras entourer mon ventre. Elle se blottit contre moi.
- J’adore quand tu chantes en français…
Je souris
- Tu y comprends quelque chose ?
Elle me taquine.
- Non pourquoi, c’est encore une autre des tes chansons obscènes ?
Je rigole et fait non de la tête. Je me retourne et la prends dans mes bras et recommence à chanter en la regardant.
- « Des rires des regards, tant de choses me font penser à quel point j'ai trop oublié…Comme la vie est si belle, comme la vie est parfois si belle, comme la vie est si belle, comme la vie est parfois si belle »
Elle m’embrasse soudainement et alors que nos lèvres se séparent j’en profite pour l’embêter.
- Quand tu disais que tu adorais ça je n’imaginais pas que c’était à ce point…
Elle me tire la langue et je relâche mon étreinte pour prendre quelque chose dans l’armoire.
- Je peux la porter ?
- Cette euh…écharpe multicolore ?
- Oui, elle est trop cool et en plus elle a ton odeur.
Je dépose un baiser sur le bout de son nez. Elle m’embrasse à nouveau, je prends ça pour un oui. On se lève et j’enroule mon butin autour de mon cou avant de la prendre par la taille et de l’entraîner vers la porte.
Impatient je frappe quelques coups rapides, Sébastian ouvre et éclate de rire en me voyant.
- Tu te la joues communiste maintenant?
D’un signe de tête il montre mon t-shirt. Noir avec la faucille et le marteau. Je rigole.
- Pure provocation.
On se pose et on ouvre les bouteilles. Début de soirée.
Sébastian
Soirée de, dirons nous, retrouvailles. Pour l’occas’ on a réussi à dégotter pas mal d’alcool, heureusement que ça circule pas mal dans ct’école. On est tous posés, Peter, Lilly et Jared sur un des lits, dos au mur. Elle, je la serre dans mes bras, posés sur un pouf. On est tous bien éméchés, bonne, très bonne soirée. Jared se lève et va changer de cd. Il augmente le volume et vient vers Envey et moi. Il lui tend la main pour qu’elle se lève. Je sais à quoi m’attendre, c’est leur chanson que lâche les haut-parleurs ; I don’t like the drugs de Marilyn Manson. Elle accepte et ils montent tous les deux sur un des lits. Pete et Angele les regardent faire, surpris. Ils commencent à danser ensemble de manière légèrement suggestive, collés l’un contre l’autre chacun avec un joint dans la main gauche, une bouteille dans la droite. Elle est dos contre lui et bouge ses hanches, lui, gardant sa sèche en bouche, passe une main sous son t-shirt mais reste sur le ventre. Après tout ya Angie, il doit se tenir. Soudain elle le pousse. Ils se mettent face à face sautant sur le pieu et chantent.
You and I are underdosed and we're ready to fall
Raised to be stupid, taught to be nothing at all
We're taught to be nothing
Refrain. Ils se défoulent hurlant comme des tarés les paroles.
I don't like the drugs but the drugs like me
I don't like the drugs, the drugs, the drugs
I don't like the drugs but the drugs like me
I don't like the drugs, the drugs, the drugs
Norm life baby
I don't like the drugs, the drugs, the drugs
I don't like the drugs but the drugs like me
I don't like the drugs, the drugs, the drugs
Norm life baby
On se marre tous, on a déjà bien bu et je crois que ça nous monte bien trop à la tête. A la fin de la chanson ils se laissent tomber, essoufflés mais surtout ivres. Envey se redresse et fait quelques pas de travers avant de se laisser tomber sur moi. C’est étrange, y a quelques jours si on m’avait parlé d’une soirée pareille je n’y aurais pas cru. Elle semble déjà somnoler. Jared croise mon regard et comprend. Il éteint la stéréo et prend la main d’Angie.
- On y va ? ’commence à être tard…
Il se penche à son oreille et continue en murmurant.
- J’ai envie de toi…
Elle fait semblant d’hésiter un instant puis le prenant par la boucle de sa ceinture l’amène jusque vers la porte. Ils nous souhaitent une bonne nuit et s’en vont zigzaguant légèrement. Je soupire et me lève, tenant Envey calée contre moi pour ne pas la réveiller. Pete va dans la salle de bain pour se « préparer » avant d’aller dormir pendant que moi, je déshabille quelque peu ‘Vey et la borde avant de m’allonger à côté d’elle.
4 commentaires:
Bonsoir Mesdemoiselles,
Chapitre 13... je ne suis pas superstitieux mais il vous aura porté malheur ! J'en suis navré mais ce chapitre est mauvais ! Au risque d'être cassant (et je le suis à regret) : Peut mieux faire / nous avez habitué(e)s à mieux ! Allez courage pour la suite ! Vous ferez mieux j'en suis sûr.
Trenc'
PS : Votre vengeance c'est que je suis pas doué pour le Net... je viens de comprendre comment on poste un com ^^
Boaf... Je suis désolé mais, même si l'écriture est toujours aussi bien faite (en dehors de quelques fautes sans réelle importance) j'ai trouvé le retour d'Envey ... très mal fait...
Donc franchement déçu par le retour (même si c'est un perso que j'apprécie quand même) mais bon je sais que vous vous rattraperez sur le prochain^^
Bisous, Yo
Elle est de retour \o/
bon t'avais raison iris c'est pas votre meilleur chapitre ^^ on se retrouve comme des cons avec plein de questions et l'impression qu'il manque un bout du chapitre :s
bon allez je lis le dernier
j'me suis dit: "Envey de retour! genial!"
et juste apres: "bizarre ce retour quand meme"
mais au moins on la revoit!
C'est dommage que ça soit l'avant-dernier chapitre!
je vais me faire chier apres! comment je vais faire apres, quand j'aurais tout fini?
mais heuu j'adore cette fic, j'en veut une autre!
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