Chapitre 1
Chapitre 1
Envey
On y est. Je n’échange pas un mot avec Sebastian alors que nous sommes en train de traverser un immense couloir rempli de casiers qui mène aux différentes salles de cours. Les gens nous toisent de haut en bas, il y en a qui murmurent et d’autres, moins discrets encore, qui nous montrent du doigt. Je suis déçue, j’espérais qu’un internat rassemblerait plus de personnes comme lui et moi que de personnes dites dans la norme, voire, à mes yeux, totalement inintéressantes et, pour la plupart, complètement dénuées de la moindre parcelle cérébrale. On se dirige vers le bureau de la principale qui nous accueille avec un grand sourire.
- Vous êtes… ?
- Moi c’est Sebastian et voici ma sœur, Envey
Il a pris la parole sachant que je n’aime pas trop causer mais ça me fait bizarre de l’entendre me présenter comme étant sa « sœur ».
- Enchantée... Alors... Votre nom de famille s'il vous plait…
- Owenn
- Très bien…
Elle glisse derrière son ordi et commence à tapoter frénétiquement sur le clavier.
- Alors vous monsieur vous aurez le casier numéro 71 et la chambre 182 quant à vous mademoiselle vous aurez le casier 43 et la chambre 101. Vous pouvez prendre vos clés qui sont derrière vous sur le tableau.
D’un même mouvement on se retourne et, prenant nos clés, on s’en va, Sebastian lançant poliment un « Merci, au r’voir ». Quelques minutes après je me retrouve devant la porte de ma future chambre, il m’a accompagnée et s’apprête à partir.
- On se voit dans une heure ?
- J’ai plus l’habitude d’être séparée de toi…
- Je sais, mais ce sera pas long.
- Viens avec moi dans la chambre, je suis sûre que je suis tombée sur une petite snob débile, laisse-moi pas seule avec elle.
Il sourit.
- D’accord mais juste deux secondes par curiosité, pas plus.
- Ok.
J’ouvre la porte et découvre une jeune fille qui écoute de la musique sur son baladeur, allongée sur un des lits, elle relève la tête et là je sais immédiatement qu’on ne va pas s’entendre. On dirait une fi-fille à sa maman, bien studieuse, pas dans la moyenne, non, au-dessus, du moins elle a l’air de le penser. C’est un genre de petite garce hautaine qui sait tout sur tout et qui me prend toujours de haut, style "t’es qu’une pauvre fille, tu vaux rien". Rien que d’y penser j’ai envie de lui foutre mon poing dans la gueule. Je suis persuadée qu’elle est arrivée ici après que ses gentils parents hyper riches et propres sur eux se soient dit qu’une fille qui avait voulu se suicider, sûrement en avalant des cachets comme tout gosse de riches le ferait en sa situation, après la mort tragique de son caniche avec un immense pedigree écrasé par leur tondeuse électrique que leur jardinier, trop occupé à se taper sa patronne dans la cabane de jardin grand luxe, était censé surveiller, c’était mauvais pour leur image. Sortant de mes pensées je me retourne vers Sebastian juste à temps pour le voir lui sourire.
- Ah d’accord, Stian, dehors.
- Je croyais que tu voulais que je reste ?
- Ben j’ai changé d’avis. A plus tard.
Il me lance un regard étonné mais s’en va sans rien ajouter car il a compris ce pourquoi je le fous dehors. Je bazarde mon sac dans un coin et m’assied sur le lit. Ouais, cette fille me passe vraiment pas.
Angele
Je suis étendue sur ce lit totalement inconfortable et je la vois entrer. Elle me regarde comme si j’étais une moins que rien. Je relève un peu la tête et je vois que le type qui l’accompagne me sourit. Alors que je m’apprête à faire de même, elle le fait dégager. Je tente un timide salut mais elle me rembarre d’un seul regard. Elle est sapée comme une pute, sûrement une de ces garces qui se fait passer dessus par tout ce qui est capable de se tenir debout et qui n’hésite pas à se mettre à genoux pour remonter sa moyenne. Je me recouche et je ferme les yeux. Voilà donc celle avec qui je vais partager ma chambre cette année. Génial. J’ai toujours été une petite veinarde, depuis que je suis née. Globalement je devrais pas avoir à me plaindre. J’ai, enfin, mes parents ont de l’argent, jusqu’à il y a pas si longtemps que ça j’avais des amis et un frère. J’ai perdu les 2 derniers éléments quasi simultanément. C’est fou comme, lorsque l’on s’effondre, les gens peuvent nous laisser tomber. Je monte le volume à fond et je me concentre pour ne pas pleurer, ce qui est relativement dur quand on connaît mes goûts musicaux. Quelque chose me frôle, je sursaute et me redresse brutalement. Cet imbécile de Pete. Il en rate pas une. Je suis heureuse de le voir mais je ne le montre pas et l’accueille plutôt froidement. Mécanisme d'autodéfense, je suppose.
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Jolie chambre !
Il s’assied sur mon lit.
- Elles sont toutes pareilles tu sais…
- Elle est jolie parce que tu es là…
L’autre pétasse laisse échapper un rire méprisant et l’envie de la frapper s’empare de moi, je serre les poings et reporte mon attention sur Peter.
- Tu m’as toujours pas répondu, qu’est-ce que tu veux ?
- Juste te voir.
- Tu m’as vue.
Je devrais pas être aussi sèche avec lui, et pourtant je peux pas m'empêcher d'agir comme je le fais... Qu'est-ce qui va pas avec moi ?
- On pourrait aller faire un tour ? T’as vu, ils ont un joli parc !
- Je sais pas, plus tard, là je préfère rester tranquille un moment…
- Je comprends…
Il a l’air déçu et ça y est, je culpabilise. Une boule se forme au fond de ma gorge et je le retiens par la main quand il se lève pour partir. Il me jette un regard interrogateur et je le lâche.
- Tu voudrais pas rester un moment ?
- Tout ce que tu veux mon ange… Après tout, je suis là pour toi.
- Ouais, merci.
Je lui fais un peu de place et il s’allonge à mes côtés. Je lui passe un écouteur et il me prend dans ses bras.
Peter
Je la serre contre moi. Je vois bien qu’elle va mal mais je sais pas comment l’aider. J’arrive pas à comprendre comment elle raisonne, parfois j’aimerais être dans sa tête… Je me rappelle du jour où son frère m’a fait promettre de toujours veiller sur elle s’il lui arrivait quelque chose. Je m’étais foutu de sa gueule en lui disant qu’il était pas assez vieux pour craindre la canicule, il m’avait sourit et jlui avais demandé de me filer une clope. Qui aurait pu penser que trois jours plus tard, tout ce qui resterait de lui ce serait un peu de salive sur le canon d’un flingue et un mur repeint en rouge sombre ? J'aurais dû comprendre. Je resserre mon étreinte, embrasse ses cheveux, et d'un coup réalise qu’on est pas seuls dans la pièce. Je lui chuchote à l’oreille que je vais devoir y aller et feins d’ignorer la déception que je lis dans ses yeux.
- Ok, bye.
- Tu m’en veux ?
- Bye.
Coup au cœur.
- Ciao mon ange… Au fait, je suis chambre 183.
- Ok.
Elle remet ses écouteurs. Je fais un signe de la main à la fille avec qui elle partage sa chambre mais elle m’ignore, ce qui me fait penser que je n’ai toujours pas vu celui avec qui je partagerai la mienne.
Sebastian
J’entre dans ma chambre, personne. Tant mieux j’avais besoin d’être un peu tranquille. Je m’assied sur un des lits le dos contre le mur, allume une sèche, après tout l’école ne commence que demain, et puis sors un bouquin. Tout en fumant, je le parcours afin de retrouver la page où je m’étais précédemment arrêté mais c’est inutile, je suis trop préoccupé par la journée qui m’attend dès demain. Comment cela va-t-il se passer ? Envey va-t-elle se faire remarquer ou bien la jouer discret ? Avec elle on ne sait jamais à quoi s’attendre, elle peut être douce et calme comme provocante et agressive. Je soupire puis m’allonge, fermant les yeux, sans arrêter de tirer de longues lattes. J’entends quelqu’un pousser la porte, sûrement mon coloc’, pas envie de vérifier, je suis trop bien ainsi.
Peter
J’entre dans la piaule face à la mienne. Mon colocataire est pas encore là, autant aller rendre une petite visite à mes voisins. Je vois un type sur son pieu. S’il fumait pas je jurerais qu’il dort. Il est plutôt pas mal, pas mon genre mais il plairait sûrement à Angie.
- Salut…
- Hello.
Il tire encore une latte et ouvre les yeux. C’est sûr, il lui plairait.
- C’est toi le type avec qui je vais passer l’année ?
- Ah. Non, je suis celui d’en face… Je me faisais chier alors j’ai pensé « examiner » un peu les lieux…
- Ok, ravi de faire ta connaissance.
Il se lève et me tend la main, je la serre sans hésiter… On commence à discuter pendant une bonne demi-heure tout en évitant soigneusement les sujets qui fâchent, comme les raisons qui nous ont conduits ici. Ca a l’air d’être un type plutôt cool. Un mec débarque dans la pièce et me fait gentiment dégager, en me disant de retourner « chez moi » au lieu de squatter chez les autres. Je me lève et m’apprête à partir quand je me rends compte que je connais même pas le nom de celui que j’ai mentalement surnommé « futur copain potentiel d’Angele ». Je me retourne et le lui demande.
- Jm’appelle Sebastian. Et toi ?
- Peter, enfin, appelle-moi Pete.
- Ok.
- A plus.
Envey
Il fait nuit et je n’ai pas sommeil, bon autant s’en griller une. Je me redresse dans mon lit pour pouvoir m’emparer du paquet qui se trouve dans mon sac et sursaute lorsque je vois que ma colocataire me regarde, appuyée contre le mur, avec toujours sa satanée musique de déprimée dans les oreilles. Je lui tends le paquet et d’un signe de tête elle refuse. Puis, se baissant, elle ramasse quelque chose apparemment planqué sous une latte de parquet. Une flasque. Elle me la jette et je la regarde étonnée.
- C’est quoi ?
- Camomille.
- Te paies pas ma tête, c’est quoi ?
- Bon ok, whisky. Tu aimes ?
J’hésite un instant puis bois quelques gorgées avant de lui répondre en la lui renvoyant.
- Non vraiment pas. Le type avec qui j’étais tout à l’heure par contre il ne boit presque que ça.
- C’est ton copain ?
Question qui revient souvent et pourtant j’hésite toujours avant de répondre. J’opte donc pour la réponse juste selon mes papiers et les siens.
- Non, mon frère.
- Ok.
- D’ailleurs, je vais aller le rejoindre, j’ai perdu l’habitude de dormir sans lui.
Je me lève et enfile vite fait un pantalon.
- D'accord, si quelqu'un passe je dis que t'es allée aux toilettes ?
Je relève la tête, étonnée. Mais qu’est-ce qu’elle en a à branler ? Si je me fais choper c’est tant mieux pour elle.
- Non, ne mens pas pour moi.
- Ok. Bye.
Je m’apprête à me barrer puis soudain une question me vient à l’esprit, et je sais que tant que je ne la poserai pas elle y restera.
- T’es ici seule ?
- Non, un ami de mon frère est avec moi. Le type qui était là tout à l’heure.
- Ah. C’est vrai, je l’avais oublié. Bon, bonne nuit.
Je sors et me précipite sans un bruit jusqu’à sa chambre. 182. Il me semble que c’était ça. Je pousse doucement la porte et sens immédiatement une forte odeur de marijuana. Je me dirige donc vers le petit rond orangé dans le coin de la pièce.
- Accro, ça te perdra.
- Envey ? Bordel qu’est-ce que tu fous là ?!
- Tu sais très bien que j’arrive pas à dormir sans toi.
Il me sourit. Je m’assied à côté de lui sur le lit.
- Ton colocataire ne dit rien ?
- Non, deux lattes et il dort comme une pierre.
Il me tend le joint et je le prends.
- Deux lattes tu dis ?
Il acquiesce.
- Va pour deux alors.
On s’allonge et, comme dit, je tire deux taffes.
- Bonne nuit ma puce.
- Bonne nuit Stian.
Angele
La sonnerie de mon portable retentit, je l’éteins. Je mets quelques instants à me rappeler où je suis. Je jette un regard vers le lit d’Envey et ne suis pas surprise de constater qu’il est vide. Drôle de rapports entre frères et sœurs, m’enfin c’est vrai que le sien est plutôt canon… Il est 4h, on doit être prêts pour aller prendre notre petit dej’ à 5h30. Quelle bande de malades, d’ici 3 jours on aura tous l’air de déterrés, et on sera trop en manque de sommeil pour protester contre leur pseudo-autorité… J’attrape mon baladeur et écoute quelques morceaux plus ou moins motivants. C’est au tour de mon réveil de sonner ; 4h30, je me lève. Je vais me doucher, encore totalement dans les vapes, je me sèche les cheveux, me maquille et enfile les premières fringues qui me tombent sous la main. Après consultation de l’horloge je réalise qu’il me reste une bonne demi-heure. Je remets ma musique en route et m’allonge sur mon pieu. Allez, juste 20 petites minutes et je me lève.
Sebastian
6 heures moins 5, j’entre dans la salle de classe sans lâcher la main d’Envey et on file s’asseoir à un des bancs au fond. Elle pose la tête sur mon épaule. Elle a toujours été plus matinale que moi, sauf aujourd’hui apparemment. Un bruit de conversation s’installe, chose que je considère comme incroyablement désagréable, surtout aussi tôt. Entre alors une petite dame d’une cinquantaine d’années, portant un tailleur et d’énormes lunettes à double foyer faisant un contraste violent entre sa tête et ses yeux. A peine entrée, celle-ci s’empare d’une craie qu’elle fait crisser sur le tableau noir. Tout le monde grimace mais elle a obtenu ce qu’elle voulait, le silence.
- Savez-vous où vous êtes ?! C’est un cours sur les bonnes manières ! Il aurait donc été logique qu’à peine eussé-je franchi le seuil de la porte, vous vous soyez tous levés !
Elle se tait un instant puis saisit une baguette avec laquelle elle frappe brusquement le bureau d’un des élèves de devant.
- Qu’attendez-vous pour le faire ?!
On se lève tous d’un même mouvement puis on se rassied en même temps qu’elle. Elle sort alors un bouquin épais comme un dictionnaire et feuillette les premières pages.
- Prenez des notes, tout ce que je dis devra être su et appliqué lors de mes cours, il en va de même pour les vêtements.
Relevant la tête elle nous regarde un par un et semble s’arrêter un moment sur Envey. Celle-ci, sûrement inconsciemment, serre plus fort ma main. Son regard se pose ensuite sur moi et elle sourit.
- Jeune homme, c’est presque ça ! Levez-vous.
Je m’exécute et toute la classe se tourne pour mieux me voir. Alors qu’elle s’approche elle aussi. Je porte la même chose que d’hab ; pantalon noir, ceinture à clou, chemise blanche légèrement entrouverte, veston et, pour casser le truc, baskets dites de skate.
- Vous avez bien vu ? Rasseyez-vous seulement. Bien sûr il faudrait ôter ces…euh…bijoux de votre joli visage ainsi que ce…comment appelle-t-on ce que vous avez à l’oreille ?
- Un plug, un stretching ou un tunnel c’est comme il vous plaira, madame.
- Bien. Alors il vous faudra ôter ce genre d’accessoires si vous voulez être présentable.
- Non, excusez-moi mais malgré tout le respect que je vous dois madame, je ne les enlèverai pas avant d’avoir au moins…votre âge.
- Oh !
Elle prend un air outré et je lui fais mon plus beau sourire. Il est peut-être un peu tôt pour se faire des ennemis mais après tout ce n’est qu’une prof. Elle retourne s’asseoir et m’ignore magnifiquement.
- Une des premières règles parmi les bonnes manières est de toujours être ponctuel, je suis heureuse de constater que personne n’est en ret…
La porte s’ouvre brusquement et une fille entre en trombe.
- Excusez-moi, je ne me suis pas réveillée.
Je l’ai déjà vue quelque part, mais où ? Envey m’envoie un coup de coude et je me penche vers elle.
- Quoi ?
- C’est ma coloc’.
A croire qu’elle lit dans mes pensées parfois. Tous les élèves éclatent de rire et à nouveau la prof a recoure à la craie pour les faire taire. La dénommée Angele file s’asseoir à côté de Pete, le type avec qui j’ai causé hier.
- Très bien, je vois que j’ai affaire à une bonne cuvée d’ados stupides et mal éduqués ! Mademoiselle, pour votre retard vous me ferez le plaisir d’écrire 200 fois chacun des proverbes que je vais vous citer et qui vous siéront à merveille…
La concernée se lève.
- Quoi ? 200fois ?!
- Oui, je n’admets pas que l'on fasse fi de mon autorité.
- Mais je n’ai pas…
- Taisez-vous petite effrontée ! Quelle impolitesse !
Je me lève, ne pouvant laisser passer l’occasion de la lui fermer.
- Je ne crois pas que couper la parole fasse partie des bonnes manières madame, ainsi que hausser le ton. Au contraire, notre voix doit être calme et posée si on est de bonne famille.
- Je...Vous deux, vous viendrez me voir à la fin du cours ! Maintenant continuons.
On se rassied et la prof continue à déblatérer des conneries sur ce qui est bon ou non de faire. Elle nous parle de l’attitude à avoir lors de diverses situations
- Imaginons donc qu’on ampute un Général d’une jambe détruite par un obus pendant la guerre. Le chirurgien scie la jambe du Général sans anesthésie, un bâton entre les mâchoires et une bouteille d’alcool fort à ses côtés, son valet pleure. Le Général se tourne vers celui-ci : "Ne pleurez pas, mon brave, vous n'aurez plus désormais qu'une seule botte à cirer".
Je n’en reviens pas des débilités qu’elle arrive à sortir. Je suis persuadé que si on lui sciait sa jambe elle pleurerait et jurerait comme pas permis. Après encore 30 minutes de torture, la fin de l’heure sonne. Je dis à Envey de me garder une place dans l’autre cours et, pour toute réponse, elle me fait un bisou sur la joue avant de me sourire. Je me dirige vers le bureau de la prof et la fille de tout à l’heure fait de même.
- Alors voyons voir, petits insolents.
Elle donne le ton, je sens que je vais m’amuser. Si j’arrive suffisamment à la faire sortir de ses gonds, ça réduit les chances de se faire punir à 50%, mais si elle le fait la punition n’en sera que plus méchante. Ça vaut le coup, qu’on rigole un peu.
- Donc, vous monsieur et mademoiselle…Quels sont vos noms et âges ?
- Owenn, 17ans.
- Andersen, 15ans
Elle s’empare d’un petit cahier et note le tout.
- Bien, monsieur Owenn et mademoiselle Andersen, vous vous êtes mis dans une situation inconfortable dès le premier cours, félicitations.
- Ecoutez, je suis vraiment désolée, tout est ma faute mais s'il vous plaît ne nous punissez pas, je vous promets que la prochaine fois je serai à l'heure.
- A votre prochain cours donc ?...
Elle regarde sa montre.
- … Vous y êtes déjà en retard. Ne faites point de promesses que vous ne puissiez tenir mademoiselle Andersen !
- Mais ... C'est n'importe quoi ! C'est vous qui nous retenez et vous osez encore nous reprocher d'être en retard ! C'est dégueulasse !
- Surveillez votre langage!
- Excusez-moi, puis-je vous faire remarquer qu'encore une fois vous avez haussé la voix?
- Taisez-vous !
- Encore une fois…
Le fait que je sois incroyablement calme paraît la mettre encore plus sur les nerfs. Je me délecte du spectacle, il plairait énormément à Envey. Je jette un coup d’œil en biais à Angele qui semble s’éclater.
- Ecoutez, j'ai pas envie d'être encore plus en retard, alors faites ce que vous voulez mais dépêchez-vous. La ponctualité est importante après tout.
Je la regarde et lui souris, elle a assuré.
- Je…vous…allez-vous-en. Je ne veux plus vous voir !
Jackpot, ce fut plus facile que ce à quoi je m’attendais. On ne se fait pas prier pour mettre les voiles et on fonce à notre prochain cours.
Peter
Je m’inquiète beaucoup pour Angie, après tout c’est un peu ma faute, j’aurais du prévoir et aller la chercher avant le petit-déjeuner, ou quelque chose du genre… Rah, quel imbécile. Son frère doit certainement m’en vouloir, s’il peut nous voir. Je regarde par la fenêtre, on est en cours de math et je suis tout sauf passionné. Les premières années sont ensemble pour les cours dits « parallèles », mais pour les matières comme les maths, le français, l’anglais ou l’allemand on est par niveau scolaire, donc la plupart du temps tous ceux qui ont le même âge ensemble. Je vais devoir attendre un bon moment avant de savoir comment elle va. La porte de la classe s'ouvre, le type qui a pris sa défense et avec qui j’ai un peu discuté hier entre. Il s’excuse auprès du prof qui lui dit d’aller s’asseoir. Il me repère et se pose sur la chaise à côté de moi.
- Je peux ?
- Ouais…
- Elle va bien, la vieille folle nous a pas punis.
- Comment tu sais que je la con…
- Elle m’a dit de te prévenir.
- Ah.
- Elle est dans la même chambre que ma sœur, du coup elle se charge de la mettre au courant.
- Génial…
J’ai pas dû être très convaincant vu la tête qu’il fait. J’essaie de lui faire comprendre que c’est pas sa faute en ajoutant que les maths sont ma bête noire, cette explication semble le satisfaire. En vérité je suis juste terriblement en colère contre Angie. Quelle idiote de se faire remarquer le premier jour, elle aurait pu avoir de sérieux ennuis. Le prof, un type avec une moustache imposante qui le fait ressembler à tous ces grands hommes aux noms exotiques tels que Staline ou Hitler, nous fusille du regard. On passe le restant du cours à bosser, je suis à deux doigts d’exploser mais la sonnerie met fin à mes souffrances.
Envey
Enfin la journée touche à sa fin, tous ces cours loin de lui m’ont foutus la migraine. Je décide d’aller me poser dans ma chambre, je n’ai aucune idée d’où il peut bien se trouver alors à quoi bon le chercher ? Je prends les escaliers pour m’y rendre le plus rapidement possible. Lorsque j’ai mal à la tête, j’ai toujours l’impression qu’un type joue à tape taupe avec mon crâne. Plus que quelques marches mais…Je me sens glisser en arrière, ma vision se brouille, merde. Quelqu’un me rattrape in extremis, Sebastian ? Oui bien sûr, qui d’autre ? Il me porte jusque dans ma chambre et me pose sur mon lit.
- Envey, ça va ?!
Je suis trop naze pour parler alors je me contente de lui faire un léger sourire. Ca n’a pas l’air de vraiment le rassurer, pourtant je suis là, mais comment le lui dire ? Il fouille dans mon sac, je déteste quand il fait ça, en sort un stylo injecteur et me le fout dans le bras. Aïe. Les médecins appellent ça indolore, moi je dirais plutôt carrément désagréable. Il m’envoie une ou deux gifles.
- Envey… réponds-moi.
Je reprends peu à peu mes esprits.
- Ouais, je pète la forme…tu vois bien. C’est bon. Fous-moi la paix.
Il se lève, énervé. Il a raison, j’abuse, mais je suis trop têtue pour le lui dire.
- Non ! Putain mais tu fais chier à pas le prendre ton traitement de merde !
- …Laisse-moi. Si j’en ai pas envie je vois pas pourquoi je le prendrais !
- Pour pas crever bordel !
Je lui souris, ça semble le calmer. Il s’assied près de moi et me caresse la joue.
- Je fais quoi moi sans toi Envey hein? Je fais quoi ?
Je l’attire à moi et l'embrasse.
- Avec ou sans moi c’est pareil chéri, survivre c’est tout ce qu’il y a à faire.
Angele
Je m’ennuie un peu alors je décide d’aller à la biblio pour m’occuper. J’ai pas vu Pete de la journée, et j’ai aucune envie de le voir. Il va sûrement me faire la morale pour ce matin. J’entre dans l’immense pièce et réalise que, vu le nombre d’ouvrages qui s’y trouvent, j’en ai pour longtemps avant de les avoir tous finis. Je consulte un ordinateur pour savoir où se trouve le bouquin que je recherche. Manque de bol, ils l’ont pas, du coup j’opte pour un Stephen King; j’aime avoir peur. Je trouve Ca et le prends, puis me dirige vers une des grandes tables. Je me plonge dedans et, une centaine de pages plus tard, émerge. Je cligne des yeux et aperçois Sebastian, qui lit un peu plus loin. Il porte des lunettes et ça le rend encore plus craquant. Un peu comme Ryan Phillip dans Sex Intentions. J’ai pas encore eu l’occaz de le remercier pour tout à l’heure, autant le faire maintenant. Et ça me fait un prétexte pour aller lui parler. Je pose mon bouquin, m’approche de lui et, après avoir envisagé la perspective de le faire sursauter, me dis que ça la foutrait quand même un peu mal.
- Hey…
Il relève la tête et me regarde. Je crois qu’il ne m’a pas reconnu. Et merde.
- Salut Angele.
Je me trompais. Ca me soulage un peu.
- Merci beaucoup pour ce matin, je crois que tu m’as sauvé la vie.
- C’était rien, ça m’a beaucoup amusé.
- T’aimes faire enrager les profs ?
Stupide Angie, stupide.
- Pas spécialement, mais elle l’avait cherché faut croire.
Il me sourit et je perds le peu de neurones qui me restent. Je sens que je vais passer pour une idiote. Vite, un sujet intéressant.
- T’aimes lire ?
Mais oui, c’est cela, pitié, que quelqu’un arrête ce massacre ! Il est dans une bibliothèque, dans un contexte non scolaire, évidemment que ça lui plait !
- Oui, beaucoup. Et toi ? Stephen King, c'est ça?
Hein ?! Comment il sait ça lui ? J’ai pas mon livre à la main… Il m’a observé ?!? Oh non, je fais une tête affreuse quand je bouquine ! S’il a vu ça j’ai plus aucune chance !
- Mouais, enfin là j’avais surtout besoin de lire un truc « facile ».
- Ouais je vois, moi quand ça m’arrive je lis plutôt du Dan Brown.
Est-ce qu’il réalise que je le dévore des yeux ? Ciel, Angele Christie Andersen, reprends-toi ! C’est pas une pizza !
- Ok… J’ai jamais lu un seul de ses bouquins… Le reste du temps tu lis quoi ?
J’ai une subite envie de me fracasser la tête contre un mur. Pourquoi j’ai pas lu le Da Vinci Code quand tout le monde en parlait ?!? Argh !
- Hum...Je suis pas mal sur tout ce qui est psychologie...Et toi? Bouquins qui font "peur"?
- Pas plus que tant, j'ai commencé 1984 d'Orwell mais j'ai oublié mon exemplaire chez moi... Et apparemment ils ne l'ont pas ici, ce qui est barge quand on voit le nombre invraisemblable de livres dans les rayons.
Tu parles trop ! Ferme-la ! Je suis sûre qu’il meurt d’ennui mais qu’il sait pas comment me le faire comprendre. Il regarde les immenses étagères qui nous entourent.
- Ouais, je crois que même en trois ans je pourrais pas tous les lire.
Il me regarde avec un petit sourire espiègle et continue sur le ton de la plaisanterie.
- Pourquoi tu me dévisages comme ça ?
Si un jour j’ai eu un estomac, ce n’est plus le cas à présent. C’est devenu un grand vide. Mince, il me prend à coup sûr pour une de ces trop nombreuses écervelées qui hantent les couloirs de cette école à la recherche d’un type avec qui passer de brûlantes soirées.
- Je… Euh… Je…
Reprends-toi ! Dis quelque chose ! Trouve un prétexte ! Vite !
- Tu as une tache noire sur la joue.
Ah oui, bravo, tu es un petit génie ! Mémo pour plus tard : se pendre. Il se frotte la joue.
- Elle est partie ?
- Non.
AAAAAAAAAAAH ! Tu avais réussi à t’en sortir pas trop mal ! Pourquoi tu lui as répondu non ?! C’est définitif, je me hais.
- Tu peux l’enlever pour moi ?
Je rêve. Il me dit ça. Il sourit. Je fonds. Je lève une main qui n’a rien à envier à celles de Michael J. Fox côté tremblements involontaires et lui effleure la joue.
- C’est bon.
Bien sûr ! Il se frotte la joue, ça part pas ; tu la frôles, ça s’enlève. Merde, faudra que tu t’expliques auprès de David Copperfield. Vous pourrez vous échanger vos trucs de magiciens en herbe.
- Merci
Mon portable vibre. Je le consulte ; sms de Pete qui me cherche. Il sauve du même coup le peu de dignité qu’il me reste.
- Je suis désolée, je dois y aller.
Il se lève et, alors que je lui tends la main, se penche et y dépose un baiser.
- Très bien mademoiselle, à bientôt.
- Bye.
Je m’en vais à toute vitesse tout en me traitant mentalement de tous les noms.
Sebastian
Je regarde Angele s’en aller puis part me poser dans ma chambre. Mon coloc, George, n’est pas là, et c’est pour mon plus grand plaisir car je n’ai aucun atome crochu avec ce type agressif et toujours de mauvaise humeur. J’allume un joint, à croire qu’ils ne font aucun contrôle ici et franchement ça m’arrange, puis ôte mon t-shirt avant de m’étaler sur le lit. Soudain la porte s’ouvre, George. Il parait encore plus de mauvais poil que ce matin et, avec son habituelle gentillesse, me demande de la laisser seul pour…Enfin, je me retrouve donc devant la porte, toujours en train de fumer et à torse nu. J’hésite puis frappe à celle d’en face, avant d’entrer. Pete est assit sur son lit et discute avec Angie.
- Oh je…excusez moi je pensais que tu étais seul et comme George m’a foutu dehors…
Angele devient rouge et se lève brusquement.
- Je…euh…vous laisse.
Elle sort avant même que j’aie pu dire quoi que ce soit et Pete me fait signe d’entrer.
- Je voulais pas vous déranger, excuse-moi.
- Pas grave, pourquoi il t'a foutu dehors ?
- Ben tu le connais, il est assez…moyenâgeux et il avait envie de faire un 5 contre 1…
- Ah d'accord je vois.
- Quel colocataire pourri, j'aurais préféré tomber sur un type comme toi.
- C'est sympa. Le mien est pas génial non plus...
- …Tu crois qu’on peut changer de piaule ?
- Oulah j'en sais rien. Je vire mon coloc et tu récupères son lit ?
- Ce serait cool en effet...
- Plutôt mourir que de pioncer dans celui de George
J’éclate de rire, lui aussi.
- Oh bordel comme je te comprends ! Il est dégueu ce type !
- Bon, plus qu'à attendre que Franklin revienne.
- FRANKLIN ?!
- Oui ça m'a fait bizarre aussi.
A nouveau on rigole. Ce type est vraiment quelqu’un de bien.
Peter
Je suis allongé sur mon pieu et j’autorise mes pensées à vagabonder. J’ai terminé ces stupides devoirs que les profs nous ont donnés, j’ai réussi à convaincre Franklin qu’on était pas faits pour vivre ensemble et qu’il serait beaucoup mieux avec George, et là Seb somnole et sa respiration rythme mes réflexions. Qu’est-ce que je m’ennuie, c’est dingue. Enfin, au moins maintenant celui avec qui je partage ma piaule n’est pas un maniaque qui collectionne les insectes et les trouve « si parfaiiiiits ». Pauvre George. Quelqu’un frappe, je lui crie d’entrer. La porte s’ouvre sur une Angele totalement paniquée et je fixe sa bouche alors qu’elle déverse des flots de paroles.
- Je sais qu’avant on a pas pu terminer la conversation mais il fallait absolument que je te dise ce que j’ai sur le cœur ! Je me suis totalement ridiculisée ! Pourquoi je lui ai dit qu’il avait une tache sur la joue ?!? Est-ce que je suis vraiment obligée d’auto saboter mes chances déjà maigres de bonheur ? Est-ce que toutes les merdes qui me sont déjà tombées sur la gueule me suffisent pas ?!? Je veux dire, j’ai …
- Mon ange, je peux te présenter mon nouveau colocataire ?
Je lui montre Sebastian du doigt.
- Je crois que tu le connais déjà ?
Elle écarquille les yeux, marmonne un « onsvoitplustard » pas convaincant du tout et se barre en courant. Seb me regarde, intrigué, puis il retire ses écouteurs.
- Qu’est-ce qu’elle a dit ?
Je souris.
- Rien.
17 commentaires:
Trop bon ! Les personnages sont attachant, et certaines chutes m'ont fait mourir de rire. J'adore xD !
héhéhé moi j'adore. tous les ingrédients sont là pour une histoire de ouf. et on reconnait votre patte... :-)
J'ai lu ca avec un sourir de con pendant 10min, c'est vraiment sympa.
Bien ecrit et tout, vraiment bien.
Et ça se confirme !
Le phrasé est tout à fait en adéquation avec les personnages, de telle sorte qu'on a déjà l'impression de les connaitre.
Ces premières scènes sont savoureuses, le premier cours de bonnes manières et la conversation dans la biblio m'ont bien fait marrer !
When's next ?
Ca commence très très bien, vraiment. J'aime beaucoup les changements narratifs. C'est bien fait, drôle et intéressant de voir les différentes réactions à une même situation. J'attends la suite ;).
Et bien et bien, voila ti pas une bonne ptite fic qui se prépare! Rien que le changement des points de vues est une super idée, et j'espere qu'elle ne sera pas la seule. Bref, ça commence très fort, et j'accroche autrement plus que sur la précédente fic (et pourtant, j'avais vraiment bien accroché, si si, j'vous jure). Donc, a plouche
Très bien, sa change de l'autre mais tout est là pour que sa fonctionne.
Les changements de perso sont exellent ;) en plus les persos sont... autobiographique...non ils sont fun quoi !
On attend le prochain !
Bon me voilà maintenant sur votre nouvelle fic que vous m'avez gracieusement montré dans son envers... que dire ? Mais quel talent ! Sans rire ! Quel talent ! Vous songez publier ? Magnifique vraiment, je ne sais pas où vous nous emmener mais superbe ! La suite !!!!!!
Seul point noir, quelques fautes d'orthographe mais à ce niveau là c'est la fatigue des artistes !!! ;-)
Bises et vive la suite,
Trencavel, fan inconditionnel !
JADORE !
j'm'éternise pas sur le commentaire, trop envie de lire la suite ^^
Bisoute
Mdrrrrrrrrrrrr, tu te rend pas compte a qu'elle point je m'idantifie a angele, je sais pas trop pourquoi, par ce que je réagit pas du tout pareil en face du mec pour qui je craque mais mon dieu quand elle a commencer a debaltéré sa rencontre avec Seb devant celui ci, limite j'ai faillit fermer le fenetre tellement je voulais pas qu'elle se tape la honte... Finalement vous etes plus clemante avec elle que je le pensais.... Et puis d'ailleur on reconnait bien le style de votre ancienne fic.... Toujours avec des ados deseperé... J'epsere que ca se finira "aussi bien" que une nouvelle année... quoique poiur tout dire chui pas sur d'avoir bien compri la fin..... ouai j'ai jamais brilller parm on inteligeance je sais...
Ah bah déjà c'est plus joyeux... Enfin plus drôle en tout cas. Voire à mourir de rire pour certaines scènes. Le rythme est toujours très bien tenu, je n'ai envie que de dire une seule chose après en être arrivé là:
Désolé mais je m'attaque à la suite, je redescendrais sur terre après.
Message personnel à Trenc: Il t'arrive aussi de faire des fautes mon gecko! Et à peu près autant que celles que j'ai pu repérer dans cette partie (enfin à peine moins quoi lol)
A plus tard pour le prochain chapitre...
(En fait je ne savais pas vraiment quoi dire tellement c'était beau...)
Excellent ! Bravo !
Comme promis sur le blog de Nico (alias Kan), j'ai lu l'intro et j'ai pas pu m'empecher de lire la suite !
Là je devrais m'arreter ... mais j'crois que je vais me faire un nouveau chapitre avant le dodo :)
après la mort tragique de son caniche avec un immense pedigree écrasé par leur tondeuse électrique que leur jardinier, trop occupé à se taper sa patronne dans la cabane de jardin grand luxe, était censé surveiller
Dior, ces détails
Je monte le volume à fond et je me concentre pour ne pas pleurer ce qui est relativement dur quand on connaît mes goûts musicaux.
ça me fait penser à quelqu'un...
Je lève une main qui n’a rien à envier à celles de Michael J. Fox côté tremblements involontaires et lui effleure la joue.
c'est pas beau de se moquer.
et puis il tremble même pas dans retour vers le futur
Voila premier chapitre finit :) c'était très chouette et drole :) je sais pas très bien quoi dire si ce n'est que le debut est génial
alors la ! c'est de mieux en mieux!
bravo LES filles! j'adore, j'adhere!
je vais enregistrer les autres chapitres pour les vacs je pense!
Enregistrer un commentaire