Introduction
Introduction
Angele
Le téléphone sonne, je me lève et décroche. C’est bizarre, mais depuis qu’il est parti, chaque fois que je réponds j'espère l'entendre, même si je sais que c’est impossible.
Ma voix ne tremble même plus quand je demande qui est à l’appareil. Et c’est ce timbre mécanique qui me répond, qui commence à essayer de me vendre un abonnement pour un journal, ou autre chose… Je ne sais plus, je suis déjà loin. Je pose le combiné à côté du socle et m’avance vers le bureau de papa. Je prends une de ses trop nombreuses bouteilles d’alcool… A force son Johnny Walker Red est devenu mon plus sûr allié. Son foie devrait m’en être reconnaissant. Pourtant aujoud'hui, c'est vers du champagne que se porte mon choix. Quitte à ce que ce soit la dernière chose que je boive, autant que ça ait un certain cachet. Je retourne dans ma chambre, ferme ma porte et mets en route iTunes. Le volume est au maximum et les enceintes vomissent Needle in the Hay ; je ne suis plus qu’un concentré de tristesse à l’état pur. Je sors une boîte d’un des tiroirs de mon bureau et l’ouvre. Je sais que mes parents ne reviendront pas avant très longtemps. Ils se démènent au travail en essayant d’oublier que… enfin bref. Ils sont doués à ce petit jeu, la preuve : ils ne savent même plus que j’existe. Je prends les paquets de médocs que j’avais rangés dans le coffret et je fais trois petits tas avec les pilules, sur le bord de mon bureau. Lexomil, Seresta, toutes ces saloperies qui n’ont jamais su m’aider… A quoi bon trouver le sommeil si c’est pour se réveiller en plein enfer ? Je me verse une coupe et la descends, ainsi que la première pile de cachets. J’ai l’impression que l’un d’eux reste bloqué dans ma gorge, c’est… désagréable. Je répète mon manège pour les deux derniers tas. Je laisse les emballages et la bouteille à leurs places, même s’ils ne sont pas vides. Après tout, je vais crever, j’aurai plus jamais à ranger ma chambre. Je m’allonge sur mon lit, prête à glisser dans ce doux sommeil chimique que me promettent les notices, celles-là même qui déconseillent de mélanger leurs drogues légales avec de l’alcool. Un truc se met à vibrer contre ma jambe. Mon portable, je pensais l’avoir éteint… Je jette un regard à l’écran, c’est Pete. Encore. Il se fait trop de soucis pour moi, vraiment. Je le lui ai pourtant déjà dit : Tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes.
Peter
J’appuie encore une fois sur la touche bis. Elle répond pas, sûrement trop déchirée pour ça. C’est la petite sœur de mon meilleur ami. C’était. Cet enfoiré s’est suicidé y a 3 mois en me demandant de prendre soin d’Angie. Jamais je pourrai lui pardonner de nous avoir laissés. Elle l’aimait plus que tout et lui… Pfff. Depuis qu’il s’est fait sauter la cervelle je la regarde s’enfoncer, impuissant. Je fais les cent pas dans ma chambre, trop nerveux pour rester concentré plus de quelques instants sur la même chose. Et merde. Je prends mon veston et mes clés et je sors. J’habite à 2 minutes de chez elle. Je sonne à la porte, personne répond. Coup de bol elle est ouverte. J’entre et me dirige vers sa chambre. Je la trouve étendue sur son lit, remarque une bouteille de champagne et des comprimés sur son bureau. Merde. Je la secoue et elle ouvre les paupières. Elle me lance un regard absent et sourit. En 3 mois, c’est la première fois.
- Hey…
- Mon ange… Qu’est-ce que t’as encore fait ?!
Ma voix tremble, je sens les larmes me monter aux yeux. Contrôle-toi.
- Hey, Peter Pan... J'vais au pays imaginaire…
Elle laisse échapper ce qui ressemble à un rire. L'envie de la frapper monte en moi, mais...
- Hors de question… Ça va pas être agréable tu sais ?
... je ne sais pas comment je fais pour garder mon calme mais j’y arrive. Je la porte jusqu’à la salle de bain et la fais vomir. Elle se débat mais j’ai bien plus de force qu’elle, déjà quand elle est dans son état normal c’est pas trop ça alors totalement dans les vapes… Après tout va très vite. Ambulance. Hôpital. Ses parents me crient dessus. Ça m’apprendra à aider. Ils entrent dans la pièce où les médecins l’ont mise et leur fille ne leur jette même pas un regard. J’entends des bribes de leur conversation et je comprends. La goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ils vont s’en débarrasser. L’envoyer dans un pensionnat.
Sebastian
Deux heures du mat’, je suis allongé près d’elle dans sa chambre. Elle se serre contre moi et pose sa tête sur mon torse. Je caresse son dos, là où la ceinture l’a épargnée. Je sais trop bien à quel point elle a mal mais seules les larmes sur ses joues trahissent sa souffrance. La serrant un peu plus fort, je lui murmure :
- Ne pleure plus ma puce, je suis là, c’est fini.
- Mais ça recommencera et t’y peux rien…
Fataliste, voilà le mot qui me vient en premier à l’esprit, puis un autre le fait mourir : réaliste. Elle n’est pas pessimiste mais juste incroyablement plus rationnelle que moi. Il l’a tabassée de nombreuses fois, pourquoi cesserait-il ? Je soupire, elle essuie ses joues.
- C’était pas un reproche hein !
Je lui souris dans la pénombre avant de répondre.
- Oui je sais…
- Viens avec moi.
- Où ?
Elle allume sa lampe de chevet et se lève. Plongeant dans son armoire, elle en ressort un sac de sport qu’elle me jette dessus. Plusieurs de ses habits ainsi que le t-shirt qu’elle portait pour dormir le suivent. S’approchant de moi à demi nue, elle fourre le tout dans son sac et enfile un corset ainsi qu’un pantalon qui traînaient par terre.
- Wow ! Attends deux secondes ! Qu’est-ce que tu fous ?
- Je me casse, comme pour toutes les autres familles d’accueil ; enfin, seulement si tu viens avec moi… ?
- Tu…fuguer ? Ça ne t’a jamais réussi !
- Ouais je sais, mais cette fois c’est différent puisque je suis avec toi.
Elle me sourit ; comment dire non à un sourire pareil ? En me barrant je ne perds rien puisque tout ce qui compte c’est elle, mais partir sur un coup de tête n’est pas mon genre. J’hésite un instant puis me lève à mon tour.
- Et puis merde, je vais faire mon sac.
- D’acc. Pense à piquer le porte-monnaie de ton père…
- Ouais ouais sans problème.
Envey
Son père a, comme d’habitude, planqué la clé de la porte d’entrée. Va falloir trouver une autre sortie. Chose peu évidente lorsqu’on habite au huitième étage. Sebastian arrive, son sac sur l’épaule.
- C’est bon j’ai la thune.
- Mais, et pour sortir d’ici ?
- J’ai une idée, allez viens suis-moi.
Il m’amène droit devant la porte de la chambre de ses parents.
- Oh ! Attends ! T’as bu ?!
- Pourquoi ?
- C’est la piaule de tes vieux ! Y rentrer ce serait comme prendre sa ceinture et lui dire « Encore, encore, on en veut encore ! »
Il sourit avant de répondre.
- Fais-moi un peu confiance…Si t’as une meilleure option je te suis sans discuter.
- …nan, on y va.
On entre dans la chambre sans un bruit. Il est là, ronflant en dormant comme le porc qu’il est. Je ressens l’envie de sauter sur son lit et de le butter dans son sommeil en lui faisant bouffer sa saloperie de ceinture Levis à 50 balles dont j’ai sûrement le logo sur la chair de mon épaule droite. Il s’approche de lui et me fait signe de rester sur place. Doucement il défait la chaînette que son père porte et celui-ci ne sent rien, trop ivre pour savoir ne serait-ce que comment il se prénomme. La clé ! On ressort vite fait de la pièce et on se précipite vers la porte d’entrée.
- Comment tu savais qu’il l’avait sur lui ?
- Coup de chance, j’en avais aucune idée.
- T’es fou tu sais ? On aurait pu se faire choper.
- Mais maintenant on a la clé et on peut se barrer. Ça valait la peine de tenter.
On les enferme à l’intérieur, ça les retiendra quelques minutes de plus, et puis il me prend par la main avant de dévaler les escaliers comme un dératé. On ne s’arrête pas de courir jusqu’à ce que notre souffle en décide autrement. Je grimace, mon dos me fait mal mais je ne dis rien. Je sais qu’avec lui tout ira bien quoi qu’il arrive. Lorsqu’on débarque enfin à la station de bus, il commence à faire jour. On se dirige vers le guichet et je demande deux tickets pour Oxford, d’ici on ne peut pas aller plus loin. On s’assied dans le car et celui-ci démarre. Je m’allonge tant bien que mal sur la petite banquette pourrie et pose ma tête sur ses genoux. Il me caresse la joue et je lui souris avant de fermer les yeux et de m’endormir.
11 commentaires:
J'aime!! :D
Extra !
jadore !
vraiment hate de voir la suite, parce que sa a l'air vraiment bien !
Bisoux les filles !!
waou ça démarre fort fort fort, haletant, transpirant, faut pas nous laisser comme ça hein ! la suite !
Beaucoup de bonnes choses dans tout ça !
Déjà le procédé narratif est super intéressant, les pensées de chaque perso sont réellement bien retranscrites, et relativement réalistes. Le ton, moderne, est très plaisant également.
Vivement la suite !
Tout cela laisse présager du meilleur. J'ai hâte de lire la suite.
Bon, visiblement d'après Trenc je dois commenter chapitre par chapitre donc autant commencer par l'introduction.
Donc, le procédé narratif est... Surprenant lol. Mais franchement très bien géré, je n'aurais pas cru ça possible!
Sinon ça s'annonce très joyeux pour la suite, j'aime bien les débuts sombres comme ça^^
(Apparemment tu aimes bien les contacts MSN... new4_3@hotmail.com)
Très intéressant, très bien écrit.
Bon et bien voila je tiens mes engagement hein iris :) j'ai commencé ta nouvelle fan-fic (en co-écriture biensur)
Bon parlons un peu de l'intro puisque ce com est la pour: et bien pour commencer j'adore quand c'est ecrit a la première personne et surtout le procédé narratif est excélent et bien trouvé :) l'histoire s'annonce interressante et j'ai hate de lire la suite
Argh...je me retrouve une fois de plus face à un postage de commentaire >_<
Fin de jounrée à l'IFTS, j'en profite pour venir faire ce que j'aurais du faire depuis un moment, c'est à dire lire cette fic.
L'écriture à la premiere personne est tres agréable et les personnages ont l'air tres vrais =) ça se lit tout seul! j'aime bien.
Hélas mon bus arrive, (étrange lui qui est toujours en retard, le conducteur doit avoir tiré un coup juste avant), je continuerais donc demain =) (3615 je sais, et j'assume (ou pas))
Bisous
salut iris,
pour l'instant ça commence super bien,
j'adore le systeme multi-perso...
bon je suis pas critique de livre mais j'adore pour l'instant,
on dirait du hank moody...(j'ai pas d'autres ecrivains en tete!)
donc voila!
biz
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