Chapitre 11

Chapitre 11

Angele

On circule entre les sièges, pour rejoindre Franklin qui nous fait de grands signes de main. Une fois installés, on reprend la conversation qu’on avait quelques instants auparavant.

- Donc, j’ai été tellement nul en cours que le capitaine de l’équipe de foot des élèves n’a pas voulu de moi.

J’éclate de rire. Peter a toujours été nul aux jeux d’équipe.

- Tu crains !
- Je sais… Mais comme en témoigne mon œil au beurre noir, le contact et moi… ça fait deux.

Je grimace.

- Désolée.
- T’inquiète…

Un léger silence s’installe entre nous, je fixe mes mains. Il a frappé Jared pour me protéger et c’est lui qui s’en est pris plein la gueule…

- Tu es de nouveau avec lui…
- Ouais…
- C’était pas vraiment une question.

Plus aucun son ne sort de nos bouches et Franklin occupe la sienne avec Charly.

- Ecoute…

On a dit ça en même temps. Je souris. De toute façon, je savais pas trop quoi dire alors…

- Vas y Panpan, commence.
- Je veux pas que tu souffres, et Jared… Il m’inspire pas confiance…
- Je souffrirai pas ! Il… On a mis les choses au clair.
- D’accord. Mais… fais attention à toi…

Je le serre dans mes bras. Wow, ça fait longtemps.

- T’en fais pas pour moi…

Un sifflement retentit et on se tourne en direction du terrain, vers le milieu duquel se dirige l’arbitre.

- Oh mon dieu ! C’est la psy ! Si elle est aussi douée dans son boulot que pour arbitrer… Cette partie va être du gros n’importe quoi !
- Trop ! On parie qu’elle va faire gagner les élèves ? Sa sœur joue !
- Parier c’est maaaaal…

Surtout quand je suis sûre de perdre !

- Surtout quand t’es sûre de perdre !
- Tain !!! Je pensais exactement à ça !

Flippant…

- Flippant…

J’ouvre de grands yeux et il demande, hésitant :

- Tu… pensais pareil ?
- Ouais !!! Vive la transmission de pensées. Tu me passes un bonbon ?

Il me tend le paquet de Skittles, j’en prends un orange. Je n’ai jamais compris comment dans la pub le type pouvait prendre ces stupides friandises trop bonnes pour des poissons… M’enfin, le LSD, tout ça… Les joueurs entrent sur le terrain tandis que je cherche Jared des yeux et que la musique typique de ce genre d’évenements sportifs s’élève. On se croirait dans un teen movie.

Let’s get ready to rumble

Il arrive en courant, à côté de Stian. Miam. Je jette un coup d’œil au siège vide à côté de Pete.

- Elizabeth n’était pas censée nous rejoindre ?
- En fait, elle devait bosser, mais elle m’a dit qu’elle nous rejoindrait peut être… Autant lui garder une place.
- Ouaip.

Je reporte mon attention sur le jeu. Même vu d’ici, Jared a un très joli cul.

Sébastian

En plein match, on mène de pas mal de points, les profs sont nuls. Mais je suis ailleurs, ce sera bientôt le moment…Putain je peux pas le faire je peux pas le faire c’est pas possible…j’hallucine je pensais pas qu’elle se ferait passer dessus si facilement…et merde…Jared court vers moi et envoie son poing dans mon casque avant de me choper par les épaules.

- Alors Sébastian ! Stressé ? Le moment approche me semble-t-il !

Il me fait tourner sur moi-même, me montrant les gradins.

- …Regarde moi tout ce monde ! C’est pas génial ?!
- Oh ouais…génial vraiment.
- Rooh c’est pas le moment d’être sarcastique !mmmh…

Je suis son regard jusqu’au panneau affichant le score et l’heure.

- …plus qu’une minute ma poule.

Il se colle contre moi pour me fixer dans les yeux à travers les petites grilles qui nous protègent. Il reprend, plus sérieux.

- Le terrain a été déblayé mais il fait tout de même froid et il y a de la neige tout autour…si tu te dégonfles je comprendrais…

L’arbitre siffle la mi-temps.

- Tss.

Je le repousse et ôte mon casque avant de le lui lancer.

- Un pari c’est un pari, j’ai perdu j’assume…

J’enlève mon t-shirt, les regards se posent vers moi. J’entends même un « qu’est-ce qu’il fout ? » émanant du public.

- …Mais tu le paieras.

On s’échange un sourire. Il enlève son casque et le pose, ainsi que le mien, à ses pieds. Je lui balance mon t-shirt et les protections qui finissent aussi sur le sol.

- Je peux laisser les shoes ?

Il éclate de rire.

- Ouais ouais si tu veux… Un tour de terrain hein !
- Ok…

Je prends plusieurs grandes inspirations. Il fait un froid pas possible…Bon quand faut y aller. J’inspire et…descends d’un coup sec mon pantalon et mon boxer avant de me mettre à courir.

Jared

J’entends Stian qui gueule quelque chose. Je soupire, ferme l’arrivée d’eau et vais dans ma chambre après avoir empoigné une serviette.

- Tu disais ?
- Je disais qu’on risquait d’être à la bourre si tu te bougeais pas.
- Ah…

Je montre Pete d’un signe de tête.

- Et que fait cet énergumène dans ma chambre ?

Il essaie de me frapper puis après que je l’aie réduit en pâtée pour chat, il ose encore me faire chier ?!

- Fais pas le gamin Jared…
- C’est lui qui m’a attaqué à coup de plateau de cantine !
- Jared…
- Bon ok !

Je hausse les épaules avant de m’approcher de lui et de lui tendre la main. Après une légère hésitation, il la serre.

- Bien les enfants, maintenant qu’il n’y a plus de problèmes, pourrais-tu t’habiller et bon dieu, balance ces lunettes, je sais pas où tu les as eues mais elles sont horriblement seventies.

Je lui souris avant de les mettre sur mon nez.

- Et moi je les adore donc, tu devras les supporter.

Je lui jette mon linge à la figure avant d’enfiler en vitesse des fringues. On sort puis on commence à marcher dans les couloirs. J’hallucine, Sébastian semble avoir une certaine notoriété depuis qu’il a montré son cul à tout le monde. Les filles, et même certains gars, se retournent sur son passage, le dévorant des yeux comme si il était un latte macchiato caramel avec une méga crème chantilly sur le dessus. Une fille, visiblement plus courageuse ou tout simplement plus « Marie couche-toi là » que les autres s’approche de lui le forçant à s’arrêter. Elle se met sur la pointe des pieds et après lui avoir léché l’oreille d’une manière que je qualifierais de totalement bandante, lui glisse un bout de papier dans la poche intérieure de son veston avant de continuer son chemin. Pete a côté de moi est mort de rire. Sébastian rigole et d’une main me relève le menton pour que je ferme la bouche. On se remet à marcher, il sort le papier et regarde ce qui est marqué dessus.

- Qu’est-ce qu’elle t’a donné ?
- Un rendez-vous et un numéro de portable.
- Woah.

Il rigole et me tend le mot.

- Tiens je te le donne.
- Hein ?!Tu refuses un rancard avec elle ?!

Non mais faut avouer qu’elle était vachement bonne quand même, deviendrait-il vraiment homo ?

- Je ne suis pas gay Jared si c’est ce que tu penses…

Wow…

- …j’en ai juste pas envie.
- Bon d’accord mais je vais pas gâcher cette occas’.

Je prends le billet et le fourre dans la poche arrière de mon jeans. Pete semble outré, il s’arrête et me retient par le bras.

- Et Angele ?!
- Quoi Angele ?
- ... Pourquoi tu prends ce numéro, t'es avec elle...

Je me passe une main sur le visage, las. Welcome to the wonderful world of Pete ! Le monde où tous les gens s’aiment et cela pour toujours. Tss…si il savait ce que je sais sur sa copine…

- Déchante, Sullivan.

Peter

Le moins qu’on puisse dire c’est que Stian a eu droit à son petit succès. Même Elizabeth est au courant, alors qu’elle n’était pas là pendant le match.

- Il est totalement malade ! J’aurais adoré voir ça…
- QUOI ?!

Moi ? Jaloux ? Non. N’empêche que je vois pas pourquoi elle aurait voulu voir ça… C’est vrai, c’est pas comme s’il était bien f… Bon, ok, il l’est. Mais c’est pas une raison !

- Roooh, je suis sûre que t’es mieux…
- Pourquoi tu souris en disant ça ?!

Elle éclate de rire.

- Parano.
- Non ! Et puis d’ab…

Elle m’embrasse, me forçant à me taire. Je suis sûre qu’elle le fait exprès pour me rendre fou ! Et je le suis…Fou d’elle… Je l’aime tellement… Je passe une main derrière sa nuque et approfondis le baiser. Je voudrais ne jamais la quitter. Elle enfouit ses mains dans mes cheveux et…

- Non mais un peu de décence ! C’est gênant pour ceux qui vous entourent et qui ont… des globes oculaires par exemple !

Je sens qu’elle sourit et on s’éloigne. Je fusille Jared du regard tandis qu’Angele éclate de rire. Je n’aime pas ce petit con, il m’a frappé et même si on a "fait la paix" j’ai toujours une sacrée envie de prendre ma revanche. Je soupire.

- Jared, c’est toujours un… plaisir, de te voir.
- Je te retourne le compliment Panpanouchet !

Je plisse les yeux. Il fait tout pour me rendre ridicule. Elizabeth serre ma main un peu fort. Je suppose qu’elle aussi ne supporte pas qu’il se moque de moi. Elle est vraiment adorable. Lilly me glisse à l’oreille :

- Tu veux pas qu’on aille dans ma chambre ?

Je me retourne vers elle et souris. Comment ne pas accepter une proposition comme celle-ci ? Je réponds, doucement :

- Et comment.

Avant d’ajouter, plus fort.

- On se revoit plus tard.
- Ok, à toute.

Je vois Angele se laisser tomber dans un des fauteuils de la salle commune et attirer Jared à elle alors que je suis Lilly.

Jared

Un exposé d’histoire, non mais quelle idée débile…En plus c’est bientôt le couvre-feu, il faut que je me grouille d’aller à la bibliothèque me connecter pour plagier quelques bons travaux sur la Grèce antique. J’entre dans l’immense salle, la surveillante n’est pas là, il me semble que je suis seul. A moins que ? J’entends quelqu’un taper sur un clavier. Je suis le bruit et...

- Tiens Elizabeth, quelle bonne surprise.

Elle sursaute.

- Jared…laisse moi…

Je lui souris, espiègle et m’avance. Mais c’est qu’elle aurait peur de moi ? Je fais le tour de sa chaise, m’accroupis et entoure ses épaules de mes bras. Je me penche et frôle son cou, elle ferme les yeux essayant visiblement de se calmer. D’un mouvement brusque elle se dégage et se lève.

- Lâche moi !

Elle commence à jeter ses affaires dans son sac, voulant visiblement partir le plus vite possible. Je me redresse et, me serrant contre elle, stoppe sa main qui s’apprêtait à envoyer sa trousse avec le reste de ses cahiers. Je glisse une main sous son t-shirt et lui murmure à l’oreille.

- Allons... J'y étais pour rien et tu le sais...

Elle ferme à nouveau les yeux mais cette fois c’est pour étouffer les larmes qui coulent sur ses joues. Je soupire, elle a été brisée cette nuit là et moi qui m’en amuse...pff.Je la force à me faire face avant de la serrer contre moi. On reste ainsi quelques secondes.

- Je t’aurais jamais fait de mal, je t’aimais.

Elle me repousse de toutes ses forces.

- Tu n’as jamais aimé personne.

Attrapant son sac elle part en courant. Je la regarde partir puis, me reprenant, commence à bosser.

Angele

Le prof de dessin entre dans la pièce et lance d’un air enthousiaste :

- Bonjiourno younes filles et younes hommes.

Je jette un regard à Franklin. Il doit se sentir rejeté.

- La neille a oune poufoir ophorizante ! Les flocones, les colours et toutoti quantoti !

Son accent est moins réaliste de jour en jour, ça fait peur… mais ça fait aussi sourire.

- Yé pensé qu’auyourd’oui yé pourrais vous faile déchiner oune vaste espace blancotissime…

Yénial.. euh, génial ! On va rien avoir à faire. Il marque un temps d’hésitation et continue.

- Ma… Yé mé souis ravisé ! La flappante réalisationne dé votre inecapachité absolue m’a flappé ! Yamais oune telle tâche né vous irait ! Sole Flankrin pourrait rendle la beauté dou yeste !

Huh ?! Mais… Le prof doit être aveugle. Ou con. Il est sûrement les deux.

- Alors yé déchidé dé vous laicher …

Quelqu’un frappe à la porte.

- Entrez !

Tony passe la porte.

- La directrice voudrait vous voir, monsieur Owenn. Elle vous attend dans son bureau.

Hein ?! Mais c’est de famille de lui faire sécher les cours ou quoi ?! Rah, la chance. Je déteste le dessin.

Sébastian

Je marche dans les couloirs, inquiet. Que la psy m’appelle en plein cours n’a rien d’alarmant, à présent elle le fait au moins une fois par jour, mais que sa sœur s’y mette…Je frappe à la porte de son bureau. Elle vient m’ouvrir et me fait entrer, mais je stoppe dès que j’aperçois mon père assis dans un des fauteuils face au bureau. Merde. C’est quoi ce délire ? La psy est aussi là, posée dans un coin de la pièce, elle fusille mon paternel du regard. A trop lui en parler aurait-elle fini elle aussi par le détester ?

- Assieds toi Sébastian je t’en prie.
- Non merci. Qu’est-ce qui s’passe ?

La directrice glisse derrière son bureau et insiste pour que je m’asseye. A nouveau je refuse, sa sœur intervient.

- Laisse le faire comme il veut. Tu ne peux pas tout contrôler.

Elle s’apprête à répliquer mais au dernier moment, encaisse le coup et lâche l’affaire.

- Très bien. Monsieur Owenn ?
- Ta sœur a été retrouvée morte, hier matin à Belfast.

HEIN ?!C’est quoi ce délire ? Il ment, bien sûr qu’il ment ! Ce pauvre type ne sait faire que ça ! C’est impossible elle ne peut pas être...Mais si elle est vraiment…Il m’explique rapidement toute l’histoire.

- Je vais devoir rentrer à la maison ?
- Non.
- Très bien.

Je tourne les talons, je peux pas craquer devant lui, ça lui ferait trop plaisir. Il faut que je sorte, j’étouffe.

- Ecoute, on pourrait se voir pour en discuter, dès que tu te sentiras prêt...

Connasse de psychologue avec ses idées à deux balles…

- On verra…

Vite, ailleurs, j’ai l’impression que mes pensées se bousculent et s’emmêlent jusqu’à ne plus avoir de sens. Rien n’a de sens. Rien. Je sors sans ajouter le moindre mot et marche à toute vitesse jusque dans le parc. Début février, il y a encore de la neige et me voilà dehors en t-shirt. Je vais m’asseoir sur un muret et mets ma tête entre mes mains. Morte ? Envey? Pourquoi est-ce que la vie me hait à ce point? Pourquoi ne pourrais-je pas moi aussi avoir une putain de vie normale? UNE PUTAIN DE VIE QUI VAILLE LA PEINE D’ETRE VECUE ?! Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que tout foire et foirera toujours ?!Pourquoi a-t-il fallu que la seule fille que je n’ai jamais aimée meure avant moi?! Malgré tout ce qu’on s’était pris dans la gueule et même malgré la distance qui nous séparaient, je continuais à vivre heureux de la savoir quelque part, peu importe où, tant qu’elle continuait à suivre le chemin qu’elle s’était toujours donné et qu’elle le faisait à sa manière mais…et maintenant ?
Je me relève et rentre. Putain putain, pleure pas, pas ici, pas maintenant. Les couloirs sont vides, j’accélère mais soudain, mon épaule heurte quelqu’un.

- Putain tu peux pas regarder où tu vas ?!

Je ne me retourne même pas.

- Désolé.

Je recommence à marcher mais…

- Pauvre con…

…Grave erreur. Je fais volte face et lui envoie un crochet du droit d’une violence involontaire. Il tombe sur les fesses, ahuri, le nez en sang, ses lunettes cassées. Je ne sais même pas qui est ce type et après tout, ça m’est égal. Je soupire et repars en direction de ma chambre.

Peter

Je sors de la douche, entoure une serviette autour de ma taille, et me regarde dans le miroir… Hmm, pas mal tout ça. Plutôt musclé… moins que Jared, mais suffisamment pour que je comprenne pourquoi Franklin me matait de façon insistante alors qu’on était à l’infirmerie, et pourquoi il m’a demandé si ça battait de l’aile entre moi et Elizabeth. Apparemment lui et Charly c’est plus trop ça. Très étrange, tout semble pourtant aller parfaitement entre eux… Mais matte un peu ces pectoraux ! J’attrape ma brosse à cheveux et commence une petite danse alors que j’allume la radio.

Sexbomb sexbomb you're a sexbomb uh, huh

Parfait !

You can give it to me when I need to come along give it to me

Alors que je me déhanche d’une façon qui ferait pâlir d’envie n’importe qui, j’entends la porte d’entrée claquer. J’éteins la musique, pose mon peigne et enfile rapidement mes fringues. Un cri retentit, je me rue hors de la salle de bain et tombe nez à nez avec Seb qui a l’air totalement dévasté. Je le vois attraper une chaise et, sans que je n’aie le temps de bouger, l’envoyer dans la fenêtre, qui vole en éclat sous l’impact. Un vent glacé s’engouffre dans la pièce. J’attrape ses poignets et le tourne vers moi, tout en hurlant :

- Mais t’es malade putain !

Il se laisse tomber sur le sol et une larme glisse le long de sa joue. Merde.

- Stian ? Hey, t’en fais pas pour la fenêtre, il faisait trop chaud tfaçon… Stian ? Qu’est-ce qui t’arrive mec ?!
- J’en peux plus…

Il place sa tête entre ses genoux et ne dit rien de plus. Je reste là, la bouche entrouverte.

- Qu’est-ce… Qu’est-ce qui se passe ?!

Seul le silence me répond. Il ne bouge plus. Qu’est-ce que je dois faire putain ?! Merde, merde, merde !!! Je l’ai jamais vu dans un état pareil… La porte s’ouvre à la volée et Jared entre.

- Alors Sebounet, avoue, tu te fais la dirlo ! C’est pour ça qu…

Il fixe la fenêtre… Enfin, ce qu’il en reste…

- Vous refaites la déco ?

Puis ses yeux s’arrêtent sur Sébastian.

- Qu’est-ce que… ?
- Je sais pas… Il est comme ça depuis qu’il est rentré…

Jared va vers lui, l’attrape par les épaules et le force à se relever. Il pleure.

- Hey ? Tu m’entends ? Peter, que s’est-il passé exactement ?
- Il est entré, a crié, balancé la chaise dehors et… Il a bugué.
- Bon, va falloir utiliser la manière forte…

Je vois sa main s’élever puis claquer contre la joue de Stian.

Jared

- Sébastian !

A nouveau je lui envoie une gifle.

- Reprends-toi ! Qu’est-ce qui t’arrive ?!
- …Envey…elle…elle est…

Il lève les yeux et me regarde. Merde. Je reste silencieux quelques secondes avant de me laisser tomber contre le mur à côté de lui. Pete brise le silence, hésitant.

- T’es…t’es sur ?

Il hoche la tête et fait un vague résumé de ce qu’il a appris dans le bureau de la directrice. Peter s’assied contre l’armoire et fixe le plafond un instant avant de fermer les yeux. Je ne sais plus quoi dire, un nœud bloque tous les mots qui voudraient pouvoir sortir... Je reste là à me demander comment c’est possible, ce qui a bien pu merder. Je ne réalise pas vraiment; elle…elle ne peut pas être partie, non c’est impossible, n’importe qui mais…pas Elle. Je ravale mes larmes, pas devant Sébastian, il n’en a pas besoin. Ce qu’il lui faut c’est quelqu’un sur qui se reposer un moment, lâcher un peu prise. Je me lève et le force à faire de même, le tenant serré contre moi.

- Vas-y, laisse-toi aller…

Depuis toutes ces années qu’on se connaît, je ne l’ai jamais vu aussi mal. Pete m’aide à l’allonger sur son lit où il s’endort une demi-heure après, trop harassé pour lutter contre le sommeil qu’il lui manque. Je regarde Peter assis sur son lit, les yeux perdus dans le vide, trop sous le choc pour réagir. On est jamais assez préparé à ce genre de nouvelles. Je me lève et lui dis qu’il ferait mieux de dormir aussi. Il ne répond rien, toujours un peu déconnecté. Je sors, il faut que je parle à quelqu’un, je ne peux pas rester seul, pas ce soir.

Angele

J’entends frapper plusieurs coups à ma porte. Je me lève et vais ouvrir. Merde, il est déjà 23h passées, qui ça peut bien… Jared, évidemment. Qui d’autre ? Il me regarde une fraction de seconde sans rien dire, Puis me serre contre lui, différemment d’à son habitude… tendrement. Il enfouit son visage dans mon cou et je crois qu’il pleure car j’ai l’impression de sentir des larmes contre ma peau. J’essaie de l’éloigner mais il me colle à lui de plus belle, comme si à cet instant précis sa vie en dépendait. Je passe ma main dans ses cheveux et descends sur sa nuque que je caresse doucement.

- Hey… Jared… Chéri, qu’est-ce qui…
- Elle est morte.

Un sanglot s’échappe de sa gorge et je ne comprends pas.

- Qui ? Qui est…
- Vey.

Quoi ?! Mon sang se glace, l’espace de quelques instants. Oh non. C’est… était sa meilleure amie. Il finit par relâcher son étreinte. Je l’entraîne et le fais s’asseoir sur le lit, après avoir verrouillé la porte.

- Je…

Qu’est-ce qu’on peut dire dans des instants pareil ?

- Comment c’est arrivé ?
- Ils ont retrouvé son corps et le père de Seb l’a identifié.
- …

Je dois réagir comment ? On était tout sauf proches elle et moi… Quand Mason est parti, plus rien n’avait de sens, tout ce dont j’avais envie était de ne plus être consciente de ce qui m’entourait…

- Tu… tu veux boire quelque chose ? Je… si jpeux… Faire quelque chose… n’importe quoi…

Cliché mais… Que dire d’autre ? « Ah, c’est tant mieux, j’ai jamais pu la sacquer cette pouffiasse, une vraie conne ». Il passe ses mains sur son visage.

- Whisky…

J’obéis et lui verse un verre, il me prend la bouteille des mains. Il descend plusieurs gorgées.

- C’est con à dire mais… Je pensais pas que ça arriverait… Ou en tout cas pas si tôt… Tu sais, dès la première fois où on s’est vus, je l’ai aimée, elle est devenue en quelque sorte ma protégée…
- Je comprends…

Je vais m’asseoir à côté de lui et le sens poser sa tête contre mon épaule. Je passe un bras autour de sa taille. Il recommence à pleurer, en silence, et mon cœur se serre. Je ne supporte pas de le voir dans cet état. Le temps s’enfuit rapidement et on finit par s’allonger. Il s’endort dans mes bras. C’est étrange, c’est la première fois que je garde mes fringues aussi longtemps en sa présence.

Sebastian

Une semaine…déjà toute une putain de semaine depuis que j’ai appris sa mort. Et dire que je ne réalise vraiment que maintenant toutes ces petites choses que je ne pourrai plus faire avec elle…plus jamais je ne pourrais la tenir serrée contre moi, plus jamais je ne la verrai flâner dans les couloirs, l’esprit ailleurs, plus jamais je ne la verrai danser devant le miroir le matin pour me faire rire, plus jamais je ne verrai…

- Son sourire…
- Hm ?

Je lève les yeux et croise son regard. J’ai l’impression qu’il est comme un contact, j’en sentirais presque sa chaleur…Je baisse la tête et me remets à fixer le tapis, mal à l’aise.

- Je crois que c’est ça qui me manquera le plus chez elle, son sourire.
- Parce que ça lui arrivait ?! Enfin... ta soeur... on peut pas vraiment dire qu'elle respirait la joie de vivre.

Je rigole et en même temps je n’arrête pas de me demander ce qui m’a poussé à venir ici, chez cette psy. On s’apprécie certes, mais je n’ai pas vraiment envie de lui parler de ça…pas déjà. Alors pourquoi je le fais ? Aurais-je bu plus que ce que je ne pensais ou aurais-je simplement fait ce qu’on me demandait sans poser de questions juste parce que depuis qu’elle est morte j’ai l’impression que quelqu’un me tient la tête sous l’eau et que j’ai décidé de ne plus lutter ?

- C’est vrai, c’était quelque chose qui m’était plutôt réservé.
- Et tu sais pourquoi ?
- Ca risque de vous paraître prétentieux mais je pense que c’est parce qu’elle m’aimait et qu’elle savait que c’était réciproque. On était bien ensemble et cela lui suffisait c’est entre autres pour cela qu’elle ne cherchait pas à être…mmh...sociale.
- Ca ne me paraît pas prétentieux... ça m'éclaire vis à vis du comportement qu'elle avait...

Je ramène mes jambes en tailleur et ne réponds rien. Fini pour aujourd’hui ça me saoule. Elle ôte ses lunettes dans un soupire las.

- Tu ne me parleras pas plus d’elle hein ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que vous ne pouvez rien faire pour moi. Alors à quoi bon discuter dans le vide si c’n’est que pour me faire du mal? J’ai du très bon whisky dans ma chambre qui lui est meilleur psychologue que vous ne le serez jamais et qui en plus, me permet de dormir ne serait-ce que quelques heures par nuit. Sur ce…

Je me lève, c’est qu’à force d’en parler j’en aurais très envie.

- …Au revoir.

Je vais en direction de la porte mais elle me retient.

- Attends. J’ai quelque chose pour toi. Ca t’aidera sûrement à dormir, entre autres…

J’entends le bruit d’un tiroir, elle fouille.

- Tiens.

J’ai à peine le temps de me retourner qu’elle me lance une boite…

- Des médocs ?!
- Oui.

Je les fourre dans la poche arrière de mon jeans. Si ça ce n’est pas totalement inconscient…

- Merci.
- Je te fais confiance, ne les mélange pas avec ton autre...psychologue. A demain.

Jared

- Je…j’y arrive pas.

Je me laisse tomber à côté d’elle. Quel nul putain, c’est la première fois que ça m’arrive c’est…la honte. Et merde. Elle remonte le drap sur sa poitrine avec de se blottir contre moi.

- C’est pas grave chéri…

Je me redresse, la repoussant et m’assieds sur le rebord du lit. Je n’ose plus la regarder.

- Si ! Si c’est grave c’est…pas normal.

Elle approche de moi à quatre pattes et, dans une étreinte douce, passe ses bras autour de moi. Elle pose la tête sur mon dos et murmure comme pour me rassurer.

- Hey... Arrête... T'en fais pas.

Je lève la tête au ciel fermant les yeux et lâche un soupire.

- Désolé…j’aimerais mais…
- Allez viens…Reste quand même dormir avec moi.

Elle tire sur mon bras pour que je m’allonge à nouveau, je me laisse faire. Elle m’embrasse sur la joue avant de se serrer contre moi et de s’endormir.

Peter

On est dans une limousine, en route pour Newcastle…Les parents de Jared ont assuré sur ce coup. Il tient la main d’Angele dans la sienne et regarde par la vitre, les yeux dans le vague. Elle, elle semble perdue… Et moi… Je sais plus trop. Je n’arrive pas à réaliser qu’Envey est… Elle était ce genre de personne qui dégage une telle force qu’on les croit immortelles. Lilly dort, la tête posée sur mon épaule. Elle a voulu venir parcequ’elle savait que ce serait dur pour moi, tout comme Angie qui ne voulait pas laisser son copain supporter ça seul. Il est 4h. On est partis tôt pour arriver à l’heure. Stian de son côté est déjà rentré chez lui hier. « Préparatifs » obligent. Je prie intérieurement pour que son père n’aie pas la ceinture facile. Dans ce genre de moments je me dis que le monde est terriblement injuste. Il n’a vraiment pas eu de chance dans la vie. Soudain Gacy "putain-j’en-reviens-toujours-pas-que-le-type-qui-se-tape-ma-meilleure-amie-porte-le-même-nom-qu’un-tueur-en-série" se tourne vers nous et nous regarde comme s’il venait de s’apercevoir de notre présence.

- Je euh… Vous voulez boire que’que chose ?

Il appuie sur un bouton et une sorte de niche se dévoile dans une des portes, laissant apparaître différentes boissons. Wow. Angele répond la première.

- Un Coca s’il te plaît.
- Pur ou dilué ?

Elle sourit.

- Non, merci, pas de whisky avant 8h.

Il lui tend une canette et s’adresse à moi.

- Et vous deux ?
- Elizabeth dort mais moi… Un coca aussi.

Il me le file puis prend une bouteille de sky,

- M’en veuillez pas si j’attaque tout seul.

Il se sert un verre, y met deux glaçons, et la range. Le silence revient, oppressant. Je repense à Envey et aux moments qu’on a passés ensemble, et je réalise encore un peu plus à quel point elle va me manquer, à quel point elle me manque déjà. Je sens comme une boule se former dans ma gorge. Nan, fais pas le con Pete, ça va aller, reprends toi putain. J’expire un peu trop bruyamment à mon avis, puisque Lilly remue sur mon épaule, mais ne se réveille pas. J’observe son reflet dans la vitre face à nous. Elle est vraiment belle quand elle dort. Jamais je ne me lasserai de la regarder comme ça… Creux dans l’estomac. Elle elle finira par se lasser… Tôt ou tard… Non. Penses-y pas Panpan. Profiter du moment présent. Si je devais retenir un seul truc de ‘Vey ce serait ça. Elle croquait vraiment la vie à pleines dents.

Sébastian

Ils commencent à arriver ; les oncles, les tantes, les amis de la famille, pas vraiment des personnes qui sont là pour Envey. Ils sont venu parce que c’est la coutume. Quelqu’un décède et, peu importe si on le connaissait bien, si on avait des souvenirs communs, des joies communes, on se ramène pour « soutenir » la famille proche, les gens vraiment affectés par ce changement. Et alors que tous discutent et rigolent avant la cérémonie, je sens une main me serrer l’épaule; Jared. Il essaye d’être fort pour ne pas que je chute encore plus. Je lui lâche un merci sans même me retourner.

- T’as pas à me remercier, tu le sais très bien.

Mes parents s’approche de nous. Benedict en larme, William le visage impassible. Jared serre ma mère dans ses bras, celle-ci, entre deux sanglots, lui dit que c’est un bon garçon, bien éduqué. Il lui répond, par politesse, qu’il ne l’est pas autant que moi puis, après l’avoir embrassée sur la joue, s’en va rejoindre Peter, Angele et Elizabeth un peu plus loin. L’ensevelissement commence. Le prêtre parle du fameux passage à quelque chose de meilleur, ma mère et d’autres femmes pleurent et moi je reste là debout à encaisser sans rien laisser paraître, fixant le bois sombre qu’on recouvrira bientôt de terre. Elle voulait vivre des choses extraordinaires, alors part-elle sans regrets ? Elle qui adorait rester des heures assise sur le rebord de sa fenêtre à regarder la pluie tomber, trouvant ça magique, totalement dément, une façon de tout mettre sur pause pour ne penser à rien d’autre, cette pluie lui a-t-elle suffi ? Peut-on dire que sa vie fut réussie rien qu’en sachant qu’elle a toujours fait ce qui lui chantait ? Elle disait vouloir ne pas mourir vieille mais cela veut-il forcément dire qu’elle voulait bien partir si tôt ? Elle n’a jamais attendu pour faire ce dont elle avait envie et moi, qui ne pense qu’à demain, si je venais à mourir précipitamment, est-ce que j’aurais tiré un trait sur mes rêves bien avant en remettant tout à un autre jour avec des « quand je serai grand, quand j’aurai fait ça, quand j’aurai mon diplôme » ? Je crois que je viens seulement de comprendre pourquoi elle courait si vite après la vie. Dans le monde où on vit on a plus le temps d’attendre, même à notre âge, tout peut s’arrêter d’un coup, sans préavis et sans raison. Constat stupide mais que certains ne font jamais, préférant éviter l’évidence jusqu’à ce qu’elle leur tombe dessus ; la vie est injuste et on a beau râler après, ça ne changera jamais. L’enterrement touche à sa fin. Les gens qui étaient là « pour elle » s’en vont peu à peu pour aller se goinfrer en riant comme si ce n’était qu’une vulgaire fête avec bouffe et alcool à l’œil. Je regarde une dernière fois la tombe puis me retourne, tournant ainsi le dos à plusieurs années de ma vie dont le souvenir est devenu à présent bien trop douloureux pour être ressassé. James est appuyé un peu plus loin contre le muret qui entoure le cimetière, à m’attendre tout en s’en grillant une. Où est donc passé son sourire à présent? Moi qui le croyais immuable…J’avance vers lui, il se redresse et sans dire un mot, on part se balader.

Jared

Ca fait une heure qu’on est assis à regarder les gens trinquer et rire comme si rien ne s’était passé, je déteste ce genre d’ « After » où tout le monde s’éclate. Je me demande où peut bien être Sébastian, je ne l’ai plus vu depuis qu’on est arrivé ici, j’aime pas ça. Peter et Lilly discutent. Angele prend ma main.

- Ça va chéri?
- Je me demande où est Stian…ça m’inquiète.

Il est sûrement parti d’ici en vitesse. Je me penche en avant pour m’adresser à tout le groupe.

- Ca vous dit qu’on aille ailleurs ?
- Mais...et l’enterrement ?
- Sébastian n’est plus là à quoi bon rester ?
- …Où ?
- Y a un local pas loin, il y est à coup sûr.

Sans répondre, Pete et Lilly se lèvent. Je fais de même et attrape la main d’Angele. Après dix minutes de marche on arrive enfin. J’ouvre et vois Duncan, James et Sébastian posés entrain de fumer.

- C’est donc là que vous vous planquiez. J’amène du peuple, je peux ?

Pete regarde tout autour de lui, ébahi et lâche un « trop cool » admiratif. Il recule de quelque pas quand Dun’ se lève pour me choper dans ses bras visiblement content de me revoir depuis tout ce temps.

- Aaaah, Dudu tu m’écrases là…

Il me lâche et fait la connaissance d’Angele et des autres. James lui ne bouge pas et se contente d’un salut général assez vague. On s’assied tous et on commence à discuter mais Sébastian et James ne disent rien, chacun perdu dans ses pensées. Ça fait longtemps qu’on ne s’est plus retrouvés tous ensemble. Enfin…presque tous…James se lève soudainement comme si il s’était pris une décharge. Tout le monde se tait, étonné. Il sourit et envoie un coup de pied dans le fauteuil de Stian pour le secouer. Sébastian le regarde un instant, il y a toujours eu comme de la télépathie entre eux, puis se lève à son tour pour pouvoir vider ses poches. Il jette sur la table un briquet et un sachet de poudre. James se jette presque sur la table pour le prendre et le montrer triomphalement.

- HA ! HA ! T’assure c’est pile ce qu’il nous fallait.

Il trottine jusque vers son sac et revient vers nous avec sa carte de bus et une pochette de cd. Il pose le tout sur la table et commence à dessiner six fines lignes. Je le taquine.

- Faire ça sur la tête de…Britney Spears tout de même ! Je savais pas qu’un punk écoutait ça…
- Il est à ma petite sœur.
- Oui je n’en doute pas une seconde.

Il me tire la langue puis tend la pochette à Sébastian. Celui-ci se penche en avant pour se faire la première mais Angele intervient.

- Attends, tu prends cette merde toi ?

Il ne répond rien et se contente de la regarder alors qu’il aspire la drogue. Il se laisse retomber en arrière et fait circuler à Duncan. Celui-ci passe son tour comme il l’a toujours fait, et c’est à moi d’en prendre.

- Toi aussi ?!
- Au moins une fois par jour mon ange et ceci depuis mes 13 ans.

Elle tire la pochette vers elle mais d’un geste de la main je lui fais comprendre qu’elle ne doit pas.

- Et pourquoi ?
- Parceque. Je veux pas que tu prennes cette saloperie.

Elle s’apprête à répondre mais je la coupe d’un baiser. Je caresse sa joue avant de lui glisser à l’oreille.

- Je t’aime mon ange

Elle me regarde et sourit.

- Je crois que moi aussi, cette fois... Et je veux que t'arrête de te détruire !

Je rigole.

- Je peux rien te promettre…mais j’essayerai.

James s’éclaircit bruyamment la gorge. Je me penche et d’un geste brusque envoie la pochette jusque vers Elizabeth.

- Je passe.
- Allez, comme au bon vieux temps…

Elle blêmit.

- Tu sais très bien que j’ai jamais touché à ça.

Pete l’interroge du regard. Elle répond, gênée.

- Je euh…t’expliquerai quand on sera à l’école.

Olala après je vais encore l’avoir sur le dos celui-là, déjà qu’il m’aime pas mais là … Il passe aussi son tour et James finit les lignes avec Sébastian. Les effets ne tardent pas mais à quoi bon ? Le cœur n’y est plus. J’ai toujours la saleté d’impression qu’elle va franchir la porte comme si de rien n’était…

- Allez, cours un peu !
- Va pas si vite !

J’accélère et parviens enfin à la rattraper. Je saisis son poignet et l’arrête.

- Tu es folle…

Elle me sourit. On se regarde un instant, reprenant notre souffle, immobiles sous la tempête qui se déchaîne. Je passe une main dans mes cheveux pour les ébouriffer un peu puis passe mon bras sur ses épaules alors qu’on se remet en marche, plus tranquillement. Soudain elle me pousse et surpris je perds l’équilibre et me retrouve dans une énorme flaque .Elle éclate de rire et me demande si je me suis fait mal, pour toute réponse je me relève et l’attrape par la taille pour la porter jusque sous une gouttière. Après cette petite douche je tourne sur moi-même à toute vitesse avec elle dans mes bras, je me mets alors à chanter.

- I'm singin' in the rain. Just singin' in the rain !

Elle reprend avec moi plusieurs fois ce refrain jusqu’à ce que, perdant encore une fois l’équilibre, on se retrouve par terre. On éclate de rire puis on décide qu’il est temps d’aller au chaud avant de tomber malades. Arrivés au local on est dans un sale état, trempés jusqu’aux os. Elle passe devant, ôte son t-shirt et l’essore. L’énorme quantité d’eau qui en coule nous fait rire. Je me pose dans le canapé et bazarde aussi le mien avant de commencer la confection d’un joint pendant qu’elle enfile en vitesse un de mes t-shirts après avoir viré son pantalon. Celui-ci est tellement grand pour elle qu’il lui arrive juste au dessus des fesses. Elle enlève la pince qui retenait ses cheveux avant de venir se poser en travers sur le fauteuil en face de moi.

- On a un temps magnifique j’adore ça !

Je lève les yeux vers elle et souris en la voyant avec rien que mon t-shirt et des chaussettes en laines.

- Quand il pleut comme ça fort ?
- Ouaip !

Je secoue la tête et recommence à rouler. Elle me taquine.

- Tu sais que lorsque tu te concentre ou que tu t’en fait un tu as toujours la langue dehors ?

A nouveau je la regarde, on rigole.

- Emmerdeuse.

- Elle me manque.

Ma voix semble un peu cassée. Tout le monde me regarde puis James brise le silence.

- Je crois qu’elle nous manquera à tous.

14 commentaires:

Anonyme a dit…

D'abord, sachez que vous êtes de belles salopes =D

Bon, ça c'est dit....

Sinon, voilà encore un chapitre chargé en émotion, c'est vrai qu'il se passe pas vraiment grand chose, mais mince... Enfin en même temps, je m'en doutais. Cela dit, moi je dis on est pas à l'abris d'un retour mystérieux d'Envey... (non ? Vraiment pas ? Allez.... :'( )

Sinon, je prend mon masque de salop (ou enlève celui de gentil, c'est tout à votre convenance...), mais je trouve que pour un chapitre court, quelques fautes s'y sont habilement incrusté... Un exemple ? "Elle remonte le drap sur sa poitrine avec de se blottir contre moi." Soit je suis vraiment fatigué, soit personne a relu^^ (au fait je suis fatigué...) Autres "phrases" qui m'ont fait me SCIER les dents... "Penses-y pas Panpan." (non. Désolé mais non.) et enfin "Quand il pleut comme ça fort ?" Inspiré par le slogan de ségolène royal peut-être ? (pas vu l'affiche ? là => http://idata.over-blog.com/0/32/13/28/sego_affiche_decembre_2006.jpg) Dans les deux cas, la faute de français est innaceptable :) Et si c'est moi qui la souligne... C'est qu'elle est vraiment énorme.

Que dire d'autre ? Comme Iris le sait, je hais par dessus tout commenter, j'ai l'impression de me retrouver sur un skyblog, la bande passante en moins (d'ailleurs ce facteur me faisait envisager un possible boycot futur de la fic... Je lis le prochain chapitre en .doc, ouaip ! Et vive msn...) Pourquoi suis-je ici alors me diriez-vous ? (comment ça je suis tout seul ? Mais chut...) Facile. Chantage. Oui c'est une honte. Non, je suis pas le seul.

Je suis faible.

muhahahahah PDTR LOL XD LMAO (laughing my ass off... souvenir d'une ex brittish...)... On pourrait croire que ça va mieux, mais non. J'ai juste pourri encore plus mon commentaire. En plus c'est même pas drôle. Si on peut éditer je l'effacerais. Pourquoi pas maintenant ? Ta gueule.



Bon, ben moi j'attend le prochain chapitre... Je commence à charger tout de suite, comme ça avec un peu de chance je tomberais sur la page quand il sera en ligne...



P.S : Teki, je peux t'aider pour écrire... Si si. Je t'expliquerais. (non c'est pas facile :'( )

Anonyme a dit…

Merde ! Je pensais pas qu'elle allait mourir ... ah ouhai ca part vraiment en live. Et cette histoire entre Jared et Liz va foutre le bordel je sens... Mais a vrai dire je n'aime pas trop Jared, on ne sais jamais s'il est gentil ou mechant. ET Angèle ... Je trouve qu'elle accuse trop bien le coup, c'est bizarre qu'elle repense pas à son drame perso .. c'est certainement pour soutenir les autres, va t-elle craquer quand le calme sera revenue ?
Vivement le prochain chapitre !!!

Anonyme a dit…

So here I am once more,
In the playground of the broken hearts
One more experience, one more entry in a diary, self-penned

Tout ca pour dire, va encore falloir que je mette un commentaire (mais en plus lyrique, comme dirait notre magnifique (pour son esprit, non ses gouts vestimentaires) prof de SI).
Donc pour faire un peu original, je vais parler aujourd'hui de l'angoisse de la boite-à-commenter blanche.
Comment en effet ne pas angoisser devant une telle monstruosité ? Comment ne sentir son coeur se serrer à la vue d'une telle manifestation de son incapacité à écrire une ligne, et les conséquences qui en résultent (sentiment d'absurdité cosmique, lynchage par iris à grands coups de "ok" dévastateurs, virus du sida, etc.) ? Comment faire face quand, à la copie de ce bout de texte, assorti de la question "capu ?", sam répond, avec son codage habituel "-?+." ?
Bref, que de malheurs, et le froid qui revient ma brave dame, ya pus de saisons qu'est ce que vous voulez, c'est à cause de leurs centrales nucléaires tout ca, moi jvous le dis.
Ce qui nous ramène à notre sujet principal, hein pasque c'est bien beau de s'égarer mais avec tout ca ca va encore finir trop tard et j'avais promis à iris de poster aujourd'hui, ce qui fait qu'il me reste 25 minutes pour finir. Donc trouver quoi dire, vite.
Oui donc, la fic. Bah elle est bien, dites donc ! Jsais bien que vous avez un besoin viscéral d'entendre des gens le dire dans un commentaire, mais si on la lit c'est qu'elle est bien :P

C'est méchant pour envey. Genre vraiment. Ma soeur est entrée dans ma chambre, bougeant ainsi son cul de son PC (fait assez rare pour être souligné), pour me dire, je cite "elle est pas morte pour de vrai quand même o_o". La pauvre petite, elle va en faire des cauchemars.

Bref, étant donné que mon intro n'était pas totalement débile et avait un sens, un vrai, un viril, un tatoué (lanot, si tu m'entends ...), si moi pauvre clanpin je n'arrive pas à écrire un commentaire, comment vous arrivez à écrire 20 pages à intervalles réguliers ? Ca me dépasse. Bravo les filles ^^

Bref, voilà.

PS : NEOkeitaro, tu as les excuses les plus plates du correcteur, qui était fatigué aussi, pour le "avec". Par contre jtrouve ca mignon le "penses y pas Panpan" et "Quand il pleut comme ca fort ?" ^^

Anonyme a dit…

Ho, Ho, Ho ! Joyeux Noel les filles ! Tonton Wiz a un cadeau pour vous : ...

*roulement de roue* *on s'en lasse pas*

... un commentaire ! *foule en délire* *feux d'artifice* *Parade de Walt Disney et la Warner Bros réunis*

Hum. Y'a pas à dire, l'effet de surprise suscité par [spoiler] la mort d'Envey [/spoiler] est excellent dans ce onzième chapitre, ça marche du tonnerre :D ! Au début on veut croire à un coup foireux du père, mais finalement on se résigne à admettre la "réalité", tout ça tout ça ... bref, c'est efficace !

Bon comme j'ai rien d'original à dire, je vais lire les autre commentaires pour trouver l'inspiration. Oui c'est fourbe mais c'est comme ça.

*tilt*

J'ai trouvé ! Tout le monde cherche à faire un post original et trouve toujours moyen de dire n'importe quoi. Alors moi, je vais m'en tenir à un commentaire ultra classique, et finalement comparé au reste, CA ce sera original ! Pas con le Wiz, pas con ! ...

Donc oui le coup de Envey c'est hyper balaise, et-euh .... Jared me plait toujours autant ! Et puis euh ... la relation Jared-Elizabeth me fait peur, je sens que ça va se tordifier savamment au cours des prochains chapitres. Oui oui, se tordifier, du verbe "se tordifier", qui est l'action de se tordifier. Oo ...

Sinon je remarque un truc bizarre : j'ai mis moins de 2h30 à lire le chapitre. Y'a rien à interpréter de particulier, c'était juste comme ça. Comme monsieur Patel ! Oui référence à la "comprenne qui pourra", chuis comme ça moi aussi, y'a pas que les auteurs de cette fic qui ont le droit de citer des trucs que tout le monde ne connait pas. Et voilà. Et voilà ! On nous force à commenter, on part en freestyle on sait plus ce qu'on dit et on fini par lancer des petites piques perfides ! Lamentable, consternant.

Il est 00h53. J'ai bu deux bols de soupe ce soir, c'était vert mais je suis incapable de dire de quels légumes c'était composé. Mon radiateur fait "glouglou". Mon exposé sur les VPN s'est remarquablement bien passé, tout du moins comparé aux autres exposés présentés le même jour, qui n'étaient certainement pas aussi clairs et concis ! *fier*

...

En fait c'est vachement dur de s'en tenir au commentaire classique, on est drôlement tenté de partir en couille. Je me suis laissé avoir comme un débutant du commentaire ...

Tant pis, je retenterai ma chance au chapitre 12 !

Anonyme a dit…

Enfin ! Cette fois ci, j'ai eu une semaine pour réfléchir à ce que j'allais dire pour commenter et le résultat des multiples modifications des potentiels de membranes de mes neurones par décharges de quantas de neurotransmetteurs au sein de mon encéphale m'ont conduit à des résultats plus ou moins inattendus. Et ouais.

Vous le sentez vous aussi? Ce suspense... au moins aussi intense qu'avant le dénouement d'un film de Maître Chuck Norris, vous savez ce passage là, quand Chuck, en chemise ouverte ruisselante de sueur - la classe, fait face au bad guy en haut d'un immeuble ou sur une terrasse surplombant un gouffre dans lequel même Chuck ne sauterait pas s'il avait connaissance du système métrique et des lois de la physique. Ce moment crucial... La tension monte... Notre héros est mis en joue par un lance-roquettes... Et là tout s'enchaîne ! Il file un coup de rangers dans la gueule au bad guy, lui dit qu'il a une sacrée paire de couilles mais qu'il s'est pris les pieds dedans une fois de trop et tire un lance-roquettes d'une innocente photocopieuse - au spectateur de comprendre que les allemands ayant débarqué aux états unis en 1943 ils ont oublié une arme lourd de modèle 1988...ou pas. Et de dire "C'est fini pour toi-wa-wa (1)" avant de tirer. Là l'écran noir tombe : The End, marqué dessus et on pleure. Oui on pleure. Parce que des films comme ça, il faut oser. (2)

Quelle digression, et comme il vaut mieux en garder pour le prochain chapitre, les résultats de mon active réflexion ne vous seront exposés que plus tard. (3)





(1) Note le son est repris en écho, effet spécial ftw.

(2) Je n'ai presque rien inventé. Une bonne partie est tirée de la séquence de fin de "Invasion USA" que je conseille vivement.

(3) Les gens qui pensent que j'm'en tire bien sont des mauvaises langues ! Jamais ! Jamais je n'aurais osé dire que j'avais quelque chose à écrire sans l'avoir pensé.... J-A-M-A-I-S... (4)

(4) Ou pas?

Anonyme a dit…

coucou c'est la soeur de smeuuh ...(celle qui bouge pas son cul de l'ordi)

alors je lâche un com ,lol, pour dire que chuis fan... et que je vous deteste pr avoir tué envey ^^

et que mnt que j'ai mis mon joli com j'attends le chapitre suivant ^^ et que voila (on avait dit un com pas un commentaire intelligent)

Anonyme a dit…

Bonsoir.

Très chères Iris et Teki (ou Teki et Iris, pas de jaloux), pour ce onzième chapitre, je vous serez gré de bien vouloir imaginer le plus gros "tss" ou "pff" imaginable .... Premièrement: c'est bien joli la technique du suspens avec Elizabeth et Jared (et oui, qu'on t'il fait qui a l'air d'être si répréhensible ??) mais nom de dieu de milles sabord *désolé* c'est-quoi-don-qu'ils-ont-fait-purée-de-paté-Henaff !?!?! ......ça, c'est fait. Ensuite, pour mon deuxième point je vous dirais : NOOOOOOOOOOOOOOOON MAIS SA VA PAS DE FAIRE CREVEZ UN PERSO COMME çA ??? "Tiens salut, ah oui au fait, ta soeur est morte. Et sinon, comment sa se passe tes études?" .

Sa vous amuse de torturer vos lecteurs n'est ce pas? HOP HOP HOP pas de "nooon pas du tout", j'ai des preuves :
Moi dit: Vous vous amusez a torturer les lecteurs c'est ça?

Iris dit:exactement !
......Bref, force est de constater que ces deux points ne nuisent pas a la qualité de la fic, bien au contraire. Donc continuez comme ça! (Non non, ne faites pas mourrir tout le monde non plus hein !)

Ps: désolé pour le retard de lecture de fic, j'essairais d'etre a l'heure pour le, j'espere, trés prochain chapitre 12 !

Ciao

PS 2: Bon ça yest c'est décié, je m'insurge contre fanfic.fr ! 4eme fois que je tente d'essayer de laisser hypothétiquement, peut etre un commentaire sur la fic, et 4 eme fois que sa loupe. Par pitié, si vous etes dans mon cas, faite le moi savoir, ce serez sympa de ne plus se sentire trop seul :)

Anonyme a dit…

Bonjour Mesdemoiselles,

Tam dam, le marathon O'Brien est fini pour moi, je viens de finir ma lecture du chapitre 11.

BRAVO, c'est le premier mot, habituel certes mais là il prend une tout autre teneur. Bravo pour une page émouvante mais sans pathétique ; pourtant nous aurions de quoi, nous venons de perdre un sacré personnage parmi la superbe galerie proposée ; mon personnage préféré je dois reconnaître. Hommage à Envey, une minute de silence.

...

Vraiment, un rebondissement exceptionnel ! Tout devient noir dans O'Brien ? Je ne l'espère pas mais nous traversons un vrai moment noir sur ces 3 derniers chapitres... Noir, mais toujours desservi par une écriture toujours aussi exceptionnelle, vraiment maginfique. Bravo à vous pour ces moments d'intenses émotions, si sobrement rendus avec toujours la pointe de rire qu'il faut... Ca c'est écrire ! Bravo mille fois encore !

Voilà, les honneurs sont une fois de plus à vous, mérités comme toujours ; vive Envey dans nos coeurs et sachez que nous attendons la suite avec une très très grande impatience.

Sur ce, Mesdemoiselles, Meilleurs Voeux pour 2007 ! Et vivement la suite !

Anonyme a dit…

Il etait tant que Envey... ca fait une de moins... c'est pas par mechanceté 'quoi que) mais je dois avouer que par moment je me perds dans les dialogues... je ne sais plus qui parle a qui...
Sinon le chap est sympa meme si un peu vide (niveau "action")
Bonne continuation et bonne chance pour votre Skyblog !!!

Anonyme a dit…

la suite la suite j'adore

Anonyme a dit…

merci nico de m'avoir fait decouvrir tes amies qui m'ont droguée et rendu dependante par cette histoire ...
Vivement la suite

Anonyme a dit…

... Je voulais pas qu'elle meure... Je boude ce chapitre malgré qu'il était toujours aussi bien écrit...

Du coup, pas de comm... désolé.

Anonyme a dit…

que d'émotions dans ce chapitre :'( c'est pas le genre de truc auquel je m'attendais mais bon c'est ainsi
encore une fois c'est très bien ecrit , félicitation les filles

Anonyme a dit…

aaahh bien qu'on parle toujours de stian, je trouve qu'il est un peu delaissé dans ce chapitre,
enfin non c'est plutot jared et elizabeth qui ont pris les roles principaux, c'est dommage par ce que j'aime pas trop le personnage de lily et jared n'est pas mon préféré mais ceci ne fait pas de ce chapitre un mauvais, on avance toujours dans l'histoire et c'est ça qu'est bon!
Je trouve toujours ça super bien et je pense que je vais l'avoir fini ce soir!

raaaah envey va me manquer...dommage, et c'est pas jared qui va la remplacer...
bon bah je vais passer au chapitre suivant!!